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Madagascar – Chabani Nourdine : «Il faut soutenir les PMI et PME afin de créer des emplois»

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Madagascar - Chabani Nourdine : «Il faut soutenir les PMI et PME afin de créer des emplois» | business-magazine.mu

Le nouveau ministre de l’Industrie et du développement du secteur privé comprend très bien les attentes de la communauté des affaires. Et pour cause, Chabani Nourdine était jusqu’à récemment le président de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie de Madagascar. Il dévoile ses priorités.

BUSINESSMAG. Quelles sont les priorités de votre département, qui est appelé à jouer un rôle essentiel dans le développement économique ?

Je suis reconnaissant envers le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, et le Premier ministre, Olivier Mahafaly, pour la confiance qu’ils ont placé en moi en me confiant ce ministère. Un poste que je vais assumer en tant que technicien. L’industrialisation et le développement du secteur privé sont deux matières que je connais et maîtrise très bien. Concernant les priorités, nous apportons la dernière touche à la loi sur le développement industriel. C’est bien connu que Madagascar regorge de matières premières qu’il faudra exploiter et transformer à bon escient. Nous entendons motiver au maximum les jeunes et les femmes engagées dans l’entrepreneuriat. Ils n’ont besoin que d’un petit coup de pouce et d’un appui concret pour s’épanouir et apporter ce dont le développement industriel a besoin.

BUSINESSMAG. Lors de votre prise de fonctions, vous avez insisté sur la nécessité de donner à l’industrie locale une vocation régionale. Qu’en est-il ?

Les 22 régions, c’est une évidence, ont chacune leurs spécificités et leurs potentialités. Les entreprises industrielles à ce niveau doivent bénéficier de soutiens afin de donner le meilleur d’elles-mêmes. Il est prévu de privilégier aussi le concept de coopératives pour que ces entreprises régionales puissent exploiter avec efficacité les matières premières à leur disposition non seulement pour les marchés locaux, mais surtout dans l’optique d’avoir une ambition pour les exportations. Les ressources naturelles abondent. Il est temps maintenant d’aider les PMI (petite et moyenne industrie) et PME afin de créer des emplois et d’augmenter leur rendement de production. À partir de cette croissance régionale, c’est la population à l’échelle nationale qui va récolter les fruits.

BUSINESSMAG. L’État sera-t-il partie prenante dans ce schéma que vous avez esquissé ?

Comme il est de coutume, l’État doit avant tout jouer le rôle de facilitateur. Le ministère de l’Industrie et du développement du secteur privé fera de son mieux pour apporter les améliorations nécessaires au cadre légal, et ce en étroite collaboration avec d’autres ministères et des bailleurs de fonds. Je peux citer le ministère de l’Énergie. Ou encore le ministère des Finances à propos des considérations relatives au système et régime fiscal. Dans tous les cas de figure, nous allons mieux synchroniser les actions de tous les intervenants de l’industrie et du secteur privé. Il est utile de rappeler que le dialogue public-privé va être renforcé davantage afin de dissiper d’éventuelles incompréhensions entre les deux parties.

BUSINESSMAG. Concrètement, comment va se dérouler ce dialogue ?

Un décret présidentiel existe déjà pour rendre effectif tout cela. Les ministères concernés et les organisations intermédiaires du secteur privé collaborent de façon à dégager une synergie. Le secrétariat technique de cette plate-forme de dialogue est assuré par l’Economic Development Board of Madagascar. Nous allons faire en sorte que tout se passe dans la transparence à travers des dispositifs de diffusion d’informations aux opérateurs économiques et au grand

BUSINESSMAG. Avant votre prise de fonction au ministère de l’Industrie, vous étiez président de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie de Madagascar. Quel bilan laissez-vous derrière vous ?

C’est un bilan positif. Je reste optimiste. Mon parcours reflète les résultats de mes actions. Je n’aurais pas été élu au niveau international si on n’avait pas confiance en ma stratégie. Beaucoup de choses ont été réalisées, et beaucoup reste à faire. Maintenant la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Anosy et l’Androy que j’ai présidée depuis 2008 est indépendante pour ce qui est de son siège. Nous disposons d’une localité propre à nous et collaborons avec plusieurs partenaires. La réussite de la première conférence économique à Fort-Dauphin, au mois de mars atteste la confiance des bailleurs de fonds.

BUSINESSMAG. Si on parle de Taolagnaro, la ville d’où vous êtes originaire, quelle est votre lecture de la situation économique de la région ?

Taolagnaro est un pôle de croissance pour l’ensemble de la région. Elle regorge de mille et une potentialités dans divers domaines : la pêche, l’élevage, l’agriculture, le tourisme et les activités minières. Ces domaines sont encore sous-exploités. Non seulement Taolagnaro dispose de ressources en abondance et variées, mais elle a aussi le parc d’Ehoala avec le port qui facilite l’évacuation des produits. Si bien que la région est enclavée en interne, elle est au moins ouverte vers l’extérieur. Je peux dire que tous les signaux sont au vert pour booster l’économie de la région, surtout avec sa promotion en tant que zone économique spéciale (ZES).

BUSINESSMAG. La constitution de cette ZES suscite beaucoup de débats. Quel est votre point de vue sur la question ?

C’est une bonne nouvelle pour les opérateurs économiques. Les retombées existent pour la population ! Les investisseurs étrangers vont venir. Alors il y aura de la demande, par exemple, en fruits et légumes. À cet égard, les revenus des paysans pourront augmenter. De surcroît, beaucoup de PME peuvent devenir sous-traitants de ces grandes entreprises. Si un seul investisseur apporte US$ 1 million, cela permettra de créer 2 000 emplois. Et, imaginez leur nombre avec un investissement de US$ 10 millions. Néanmoins, toujours est-il que la réussite de cette ZES dépend des réformes économiques de l’État, qui devra mettre des balises.