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Le secteur bancaire se redessine à La Réunion

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Le secteur bancaire se redessine à La Réunion | business-magazine.mu
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Le paysage bancaire réunionnais est marqué par une forte prégnance du groupe Banque Populaire et Caisse d’Épargne (BPCE), qui regroupe à lui seul neuf entités sur le territoire via ses divers réseaux. À leurs côtés, la Banque Postale, le Crédit Agricole de La Réunion, la Banque Française Commerciale Océan Indien (BFCOI) et le réseau de la Banque Nationale de Paris (BNP Paribas) contrebalancent cette présence conséquente.

Depuis un an, BPCE contribue à changer le paysage bancaire réunionnais, à travers la fusion de la Banque de La Réunion avec la Caisse d’Épargne. Dans le même élan, des groupes bancaires mondiaux, BPCE, organe central issu de la fusion entre la Banque Populaire et la Caisse d’Épargne intervenue en 2009, souhaitait rationaliser son organisation en rattachant ses filiales des Départements et Collectivités d’Outre-Mer (DCOM) : Banque de La Réunion (BR), Banque des Antilles françaises (BDAF) et Banque de Saint-Pierre-et-Miquelon (BDSPM), détenues via BPCE International et Outre-Mer, à la Caisse d’Épargne Provence Alpes Corse (CEPAC). Le projet visait la cession à la CEPAC des parts de BPCE IOM.

La BR, la BDAF et la BDSPM sont ainsi devenues filiales de la CEPAC jusqu’à la fusion juridique qui était prévue pour avril 2016. Plus précisément en ce qui concerne La Réunion, l’acquisition par la Caisse d’Épargne de la BR a été entérinée le 18 septembre 2015. Dans les semaines qui ont suivi, la CEPAC a lancé un projet d’intégration associant des colla-borateurs des quatre entités dans le cadre de groupes de travail pour préparer ce changement.

«La CEPAC est une banque de proximité qui se donne pour ambition d’accompagner pleinement le développement économique des territoires sur lesquels elle est implantée. Notre promesse : ‘être unique, agir pluriel’ est plus qu’une simple devise. Là où nous sommes, nous transformons les identités locales en leviers de croissance. En intégrant ces banques à la CEPAC, nous allons, avec les femmes et les hommes qui y travaillent, pouvoir quotidiennement mettre en œuvre cette promesse dans les territoires d’outre-mer», a indiqué Alain Lacroix, président du directoire de la CEPAC, en visioconférence lors du premier rendez-vous économique de la CEPAC, organisé à La Réunion le
19 mai.

«La CEPAC est une banque à part qui a osé mettre l’a� à son fronton. Forte de 2,7 milliards de fonds propres et de 600 millions de chiffre d’affaires, notre structure compte 3 600 collaborateurs pour des métiers qui s’inscrivent dans les territoires tout en dépassant les limites traditionnellement fixées aux simples services bancaires», poursuit-il. Active au sein des économies locales où elle s’est installée, la banque est à l’initiative de
réalisations comme l’aéroport de Toulon, ou est impliquée dans des opérations immobilières d’envergure comme la réhabilitation de la rue de la République, à Marseille. C’est cette dynamique que le groupe souhaite retrouver à La Réunion, en mobilisant les forces vives du territoire : entrepreneurs, professionnels du conseil, chefs d’entreprise…, invités en grande pompe à la Nordev de Saint-Denis pour l’occasion.

Quelques heures plus tôt, une conférence de presse tenue par Serge Derick, membre du Directoire de la CEPAC en charge du Pôle Outre-Mer, se fixait pour objet de préciser le statut de l’entité issue de la fusion de la BR et de la Caisse d’Épargne. On y apprenait que la fusion juridique était bel et bien entérinée depuis le 1er mai 2016. À ce titre, il convient de parler d’une seule et même entité, du point de vue juridique, donc, mais aussi social. Reste désormais à stipuler le volet co-opérationnel : «Il s’agit de déterminer comment manier cet outil pour l’ensemble des clients». Serge Derick est revenu sur l’intérêt de la fusion qui aura coûté, d’après les chiffres communiqués, autour d’un milliard d’euros.

Trouver un nouvel équilibre

Pour le groupe, il était avantageux de concilier les deux va-leurs véhiculées par la marque BR et par la Caisse d’Épargne : la BR, banque historique de l’île, qui a soutenu nombre de projets et accompagné notamment les grosses structures, et la Caisse d’Épargne, proche du monde de l’économie sociale et des particu-liers. Le but est tactique : accélérer la transformation du groupe, faire face à la concurrence, bref devenir un acteur et un financeur marquant à La Réunion. En additionnant les 450 personnes employées par la BR et les 150 de la Caisse d’Épargne, on obtient un total de 600 personnes travaillant pour le compte de la nouvelle structure. Et même si un réajustement sera effectué (création de nouveaux services et possibles fermetures d’agences), la direction se veut rassurante : il n’y aura pas de remise en cause des emplois.

L’enjeu affiché est celui d’un nouvel équilibre à trouver, de synergies à dégager. Pour ce qui est du comité exécutif, après le départ de l’ex-président-directeur général de la BR, Bernard Frémont, officialisé en avril dernier, aucun PDG n’a été désigné à la tête du nouveau regroupement. «La capacité de décision locale restera active malgré cette absence. Et comme la décision reste une affaire d’hommes, on comptera toutefois un dirigeant en charge de l’ensemble de l’activité sur l’île et autant de chefs de secteurs qu’on compte de
responsabilités.
»

Par ricochet, les nouveautés enregistrées dans les DOM affectent l’orientation du groupe CEPAC lui-même. En écho à la volonté de son président, Serge Derick souligne qu’il est temps de reconsidérer le groupe non plus comme l’entité rattachée historiquement aux territoires de la Provence, des Alpes et de la Corse, mais comme une unité rassemblant la diversité des territoires concernés. D’où la décision de ne plus détailler les termes derrière les initiales et de signer la nouvelle identité simplement par le mot CEPAC, qui reste en capitales certes mais débarrassé de sa valeur de sigle.

Qu’en est-il alors de l’identité de l’entité née de la fusion BR-Caisse d’Épargne ? Pour le moment, les deux logos sont entrelacés comme le précise la formule : «La BR rejoint la Caisse d’Épargne». Mais comme il ne s’agit pas comme dans le football d’un simple transfert de joueur, on se doute que le nom BR peut être susceptible de changer. Serge Derick est resté vague sur le sujet, préférant faire jouer le suspense : «La marque reste à dessiner : soit l’on garde les deux logos accolés puisque, après tout, chaque client s’y retrouve un peu dans les deux, soit l’on aboutit à une toute autre formulation». Une certitude : d’ici à la fin de cette année ou au début de 2017, les Réunionnais sauront enfin comment appeler leur nouvelle banque.

Panorama de l’activité bancaire

Après cet éclaircissement sur le nouveau paysage bancaire à La Réunion, intéressons-nous à présent plus en détail au panorama de l’activité bancaire. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les données fournies par l’IEDOM de La Réunion. L’Institut d’émission des Départements d’Outre-Mer assure une activité fiduciaire (l’émission de billets et de pièces), de banque centrale déléguée (la circulation et l’entretien des signes monétaires ayant cours légal). Il s’agit enfin d’un observatoire de la vie économique et financière de l’île sur laquelle il publie régulièrement des notes et bilans.

À La Réunion, on dénombre 3 391 habitants par guichet bancaire, tandis que le nombre d’habitants par distributeur automatique de billets est de 1 367 ;
une baisse dans les deux cas : respectivement de -2,4 % et -2,8 %.
En revanche, des hausses sont recensées pour le nombre de cartes bancaires par habitant : 0,91 (soit 5,5 %) et pour le nombre de comptes ordinaires par habitant : 0,89 (soit 2,4 %).

Pour une meilleure compréhension des statistiques, reprenons la distinction entre les trois principaux établissements de crédit : banques en sociétés de capitaux, les banques dites mutualistes et les autres établissements (sociétés de financement, établissements de crédit spécialisés et établissements à statut particulier).

En termes de crédits accordés, sur l’année 2014, on note que les banques n’ont consenti que 28 % de crédits contre 34 % pour les mutualistes et 38 % pour les autres types d’établissements. Pour les dépôts, on enregistre la répartition suivante : 50 % pour les banques, 49 % pour les mutualistes et 1 % pour les autres établissements.

L’IEDOM estime que l’activité bancaire a bien été orientée en 2015, avec des hausses de
5 % des crédits à l’économie à fin décembre, et de 4,1 % des placements des agents économiques. L’activité de financement bénéficie d’une croissance de 4,7 % des encours de crédits consentis aux entreprises, en augmentation tout au long de l’année. Ce sont les crédits d’exploitation qui progressent le plus sensiblement (+10,3 %). L’encours des crédits consentis aux collectivités locales s’inscrit également en nette hausse (+14,6 %), un effet dû en partie au chantier de la Nouvelle route du littoral et à la gestion active de la dette par certaines collectivités locales.

Par ailleurs, la croissance des concours consentis aux ménages s’accélère par rapport à fin juin 2015, mais reste sur un rythme modéré (+2,2 %). Les actifs financiers démontrent une préférence marquée des agents économiques pour une plus grande liquidité de leurs avoirs, dans un contexte de taux de rémunération particulièrement bas.

Les comptes de dépôt à vue continuent de progresser très rapidement (+11,7 % en 2015, après +12,0 % l’année précédente). Ils bénéficient notamment de la hausse des disponibilités détenues par les sociétés non financières (+16,4 % en glissement annuel à fin décembre 2015).

L’épargne à long terme progresse de 4,5 %, tirée par le regain d’intérêt enregistré pour les plans d’épargne logement et les placements en assurance-vie. En revanche, les placements liquides ou à court terme, jugés peu rémunérateurs, reculent de manière significative.

À fin décembre 2015, l’encours total des crédits aux entreprises réunionnaises déclaré au Service central des risques (SCR) de la Banque de France atteint 9,9 milliards d’euros, en hausse de 3 %
sur un an. Les crédits mobilisés, qui représentent 83,1 % du total, augmentent de 5,1 %. En rajoutant les encours déclarés sur les collectivités locales, les risques totaux déclarés au SCR s’élevaient à 13,6 milliards d’euros à fin 2015.