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Madagascar – Aide au développement : le FMI encore indécis

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Madagascar - Aide au développement : le FMI encore indécis | business-magazine.mu

Les récentes performances économiques de Madagascar sont encourageantes. Or, le FMI s’attend à ce que les autorités s’engagent dans de nouvelles réformes pour assainir les finances des organismes d’État.

Les difficultés financières des sociétés d’État constituent un obstacle pour le décaissement de la seconde tranche de la Facilité élargie de crédit (FEC) d’un montant total de 310 millions de dollars, a fait ressortir une mission d’évaluation du Fonds monétaire international (FMI). Celle-ci était conduite par Marshall Mills, chef de mission pour Madagascar, qui a séjourné à Antananarivo du 9 au 22 mars pour mener les consultations 2017 au titre de l’article IV et engager des discussions sur la première revue du programme de réformes économiques appuyé par la FEC. À l’issue des discussions en cours, le conseil d’administration du FMI pourrait examiner la première revue de la FEC ainsi que le rapport sur les consultations au titre de l’article IV en juin prochain.

La FEC est un mécanisme de prêt qui permet d’accompagner des programmes de manière soutenue à moyen et long termes, dans les cas de difficultés persistantes de la balance des paiements. L’accord conclu avec Madagascar d’un montant de 220 millions de DTS (environ 304,7 millions de dollars ou 180 % de la quote-part) a été approuvé par le conseil d’administration du FMI le 28 juillet 2016.

Au niveau du FMI, on estime que les performances économiques récentes de Madagascar sont encourageantes, avec une croissance de 4,2 % en 2016. En effet, les perspectives macroéconomiques à court terme sont généralement positives, portées par la croissance des investissements publics, le dynamisme soutenu des entreprises franches et la reprise dans le secteur minier. «Cette perspective est assombrie par la sécheresse sur les hauts plateaux et le cyclone qui a touché le nord-est. La croissance est projetée d’atteindre 4,3 % en 2017, et l’inflation devrait rester contenue à 7,7 %. Des évolutions extérieures positives antérieures au cyclone ont permis à la Banque centrale d’augmenter substantiellement les réserves, qui ont atteint 1,12 milliard de dollars à fin février 2017», fait ressortir Marshall Mills.

Bien que des défis subsistent, les autorités ont réalisé des progrès importants dans le cadre du programme soutenu par la FEC. Tous les critères de réalisation quantitatifs à fin décembre 2016 ont été respectés, soutenus par une politique monétaire prudente et une amélioration du recouvrement des recettes qui ont dépassé les objectifs. Le gouvernement a également mis en oeuvre les mesures prévues pour la plupart des repères structurels du programme, quoique avec des retards pour certains, note la mission du FMI.

JIRAMA : la situation se corse

Les difficultés des entreprises publiques, en particulier JIRAMA, la société publique d’eau et d’électricité, et Air Madagascar, continuent de peser sur le budget et l’économie. Concernant la JIRAMA, ses difficultés ont été aggravées par la sécheresse, nécessitant des transferts additionnels d’environ 0,5 % du PIB. Néanmoins, la nouvelle équipe dirigeante est en train d’élaborer un plan d’affaires visant à restructurer les activités de la JIRAMA, ce qui contribuera à réduire les coûts, améliorer les revenus et contenir les besoins de transfert. Du côté d’Air Madagascar, ses récentes prises de position sont dans la bonne voie. Ainsi, la compagnie aérienne négocie un partenariat stratégique qui devrait entraîner un transfert exceptionnel important du gouvernement afin d’éponger les pertes antérieures.

Les services du FMI et les autorités poursuivent les discussions sur la recapitalisation d’Air Madagascar, y compris l’obtention d’assurances de financement, ainsi que sur la restructuration de la JIRAMA.

«À moyen terme, les autorités visent à rompre avec le profil historique de faible croissance de Madagascar en augmentant les dépenses prioritaires et en accélérant les réformes structurelles. S’appuyant sur des promesses substantielles de dons et de prêts concessionnels obtenues lors de la conférence des bailleurs de décembre 2016, les autorités ont l’intention de stimuler les investissements et les dépenses sociales de façon soutenue de 2017 à 2019, tout en maintenant le risque de surendettement à un niveau modéré», ajoute Marshall Mills. Pour assurer la réussite de l’accroissement des investissements en minimisant les risques, les autorités vont renforcer leur capacité de gestion et de suivi. De nouveaux cadres législatifs et réglementaires sont également à l’étude pour les secteurs des mines, du pétrole et des zones économiques spéciales. Les services du FMI ont, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité d’inciter d’une manière efficace l’investissement privé sans compromettre les objectifs clés du gouvernement, à savoir l’accroissement des recettes et la limitation des risques budgétaires.

Les autorités progressent dans le renforcement du cadre juridique et institutionnel pour améliorer la gouvernance et lutter contre la corruption. Le gouvernement est déterminé à soumettre à la prochaine session parlementaire des projets de loi sur le recouvrement des avoirs illicites, la coopération internationale et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il est important que l’adoption de ces textes soit suivie de leur mise en œuvre, souligne la mission du FMI.

Concernant l’inflation, le FMI salue les efforts de la Banque centrale qui a réussi à maintenir un taux stable tout en poursuivant des réformes pour améliorer l’efficacité de la politique monétaire et la stabilité financière. Le renforcement de l’efficacité des instruments de politique monétaire, qui nécessite un marché interbancaire et un système de pension efficace, constitue une priorité, ajoute Marshall Mills. Des réformes sont mises en place pour approfondir l’intermédiation et l’inclusion financière, à l’instar de la nouvelle loi sur la monnaie électronique. Les révisions en préparation de la loi bancaire et de la loi sur la microfinance renforceront la stabilité financière, de même que l’audit en cours de deux institutions financières non bancaires appartenant à l’État. Des progrès certains qui pourraient inciter le FMI à décaisser la seconde tranche de la FEC.