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Madagascar – Baie rose : l’offre loin de satisfaire la demande

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Madagascar - Baie rose : l’offre loin de satisfaire la demande | business-magazine.mu

La baie rose est une épice qui est très demandée en Europe et au Japon. Madagascar est l’un des principaux producteurs. Or, elle n’exploite pas pleinement cette filière.  

C’est une filière à fort potentiel. La baie rose ou poivre rose fait partie des épices très demandées sur le marché international. La demande porte sur environ 250 000 tonnes par an selon les statistiques du Centre de commerce international (ITC). Madagascar exporte environ 30 tonnes par an, alors que la demande tourne autour de 66 tonnes. Autrement dit, l’offre est largement inférieure à la demande. Cette faible production s’explique aussi par le fait que la baie rose est éclipsée par les produits de rente ayant une réputation bien établie comme la vanille et le girofle.

«On ne compte qu’une dizaine d’opérateurs engagés dans l’exportation de baie rose. Nous faisons des efforts à développer cette filière afin de combler le gap à l’exportation», fait savoir Dany Rasolofoniaina, responsable d’appui à la commercialisation dans les régions Itasy et Bongolava, au centre-ouest du pays, du projet Prosperer, qui est soutenu par la Chambre de commerce, l’État et les partenaires techniques et financiers.

Il faut savoir que les principaux importateurs de baie rose malgache sont les Japonais et les Européens. Cette épice est couramment utilisée comme ingrédient dans la cuisine japonaise. Alors que les Européens l’utilisent comme parfum et pour la pâtisserie.

Sur le marché local, la population malgache n’est pas encore sensibilisée à l’utilisation de cette épice. Pourtant, il s’agit d’un produit exportable facile à conserver. On en compte trois catégories. «Le prix à l’exportation équivaut à 30 000 ariary le kilo pour la première catégorie, 25 000 ariary la deuxième catégorie et 6 000 ariary la troisième catégorie», explique Victoire Ravaosoloniriana, qui est engagé dans la production de baie rose dans la région de Bongolava. Cet opérateur exploite la filière depuis dix ans. Il compte 200 faux-poivriers (l’arbre qui donne des baies roses) dans sa plantation. L’année dernière, il a exporté 14 tonnes de baie rose.

«L’ennemi majeur de la filière, ce sont les insectes qui nuisent à la plantation. Nous ne pouvons pas utiliser des insecticides à cause de l’exigence d’une production bio des exportateurs», soutient-il.

Les producteurs de baie rose doivent ainsi avoir recours à des insecticides bio. Le traitement des plantes est permanent. C’est un travail à la chaîne impliquant un certain coût en termes de main-d’œuvre.

Un millier de planteurs à Bongolava

Dans la région de Bongolava, on recense plus de 1 000 planteurs de baie rose. Ces producteurs travaillent avec le projet Prosperer pour développer cette filière. L’idée est de faire de la baie rose un produit de terroir. Cela passe par la certification et la collaboration avec l’Office malgache de la propriété industrielle. Les appuis octroyés ont pour but de rendre les producteurs indépendants.

En 2009, la stratégie de Prosperer se situait en aval se focalisant sur la culture et la production de plantes. Depuis 2011, l’intervention se fait en amont en considérant le marché pour aider les agriculteurs.

L’accompagnement consiste financièrement à aider les opérateurs à trouver les marchés. D’un point de vue technique, Prosperer donne des appuis aux jeunes en offrant des plantes de baie rose et en les incitant à exploiter cette filière. «Notre objectif à court terme est de renouveler les pépinières. Nous voulons avoir plus d’un millier d’arbres dans quelques années», indique Rasolofoniaina.

En 2014, la filière baie rose a rapporté 250 millions d’ariary. 313 ménages vivent directement de la culture de baie rose et plus de 700 familles interviennent dans le processus de production allant de la plantation jusqu’au triage des produits.