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Madagascar- Eric Randrasana: « Les entreprises de textile visent des exportations de $1 Md sur le marché américain dans cinq ans »

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Madagascar- Eric Randrasana: « Les entreprises de textile visent des exportations de $1 Md sur le marché américain dans cinq ans » | business-magazine.mu

Spécialiste du dossier de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) auprès de la présidence de la République, Eric Randrasana nous dévoile les contraintes et bénéfices attendus du retour de Madagascar dans le giron de cette loi américaine.

BUSINESSMAG. Où en est la reprise des exportations des produits malgaches vers le marché américain sous la férule de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) ?

La publication du rétablissement de l’Apparel Visa pour Madagascar dans le Federal Register Board autorise l’entrée en exonération de droits et taxes des produits textiles en prove-nance de Madagascar à partir du 15 décembre 2014. Plusieurs entreprises franches textiles – qui n’ont jamais arrêté d’exporter vers les USA malgré la suspension de l’AGOA – seront les premières à bénéficier du visa doua-nier formalisant cette exonération. À ce jour, trois entreprises franches ont déjà obtenu leur agrément dans le cadre de l’AGOA. D’autres l’obtiendront dans les jours qui viennent. Les exportations sous ce régime commenceront donc dès ce mois de janvier 2015.

BUSINESSMAG. Comment les autorités malgaches procèdent-elles à l’exercice de sélection des entreprises éligibles aux avantages offerts par l’AGOA ?

Un arrêté interministériel fixe les modalités pratiques pour qu’une entreprise puisse obtenir un agrément lui permettant d’exporter dans le cadre de l’AGOA. Cet agrément est subordonné à la conformité des entreprises aux lois Malagasy, notamment par rapport à la législation du travail, aux lois sur l’environnement ainsi qu’aux obligations douanières légales.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il de la problématique de la fourniture d’électricité ? Ne risque-t-elle pas d’empêcher l’industrie textile de profiter pleinement du retour à l’AGOA ?

La fourniture d’énergie en quantité suffisante et de manière fiable pour l’ensemble du pays est certainement une condition sine qua non pour que nos incitations à l’investissement trouvent un écho favorable auprès des opérateurs nationaux et étrangers en vue d’une concrétisation dans le court terme. J’ai bien retenu toutefois qu’à Toamasina, par exemple, il n’y aura plus de délestage dans les jours à venir après que des générateurs y ont été acheminés. Je crois que cela prouve que les choses sont en train de se mettre en place et que les problèmes sont en passe d’être résolus.

BUSINESSMAG. Que répondez-vous à ceux qui pointent du doigt les conditions de travail dans les entreprises franches malgaches, allant jusqu’à parler d’« esclavage moderne » ?

Il y a certainement des entreprises qui correspondraient à cette image, mais elles représentent une véritable minorité. D’ailleurs, pour celles demandant l’agrément AGOA, je crois que le risque de voir celui-ci annulé ou refusé constitue un outil important afin de faire en sorte que les brebis galeuses rentrent dans les rangs. À partir du moment où nous prônons l’État de droit, les limites absolues doivent être celles fixées par la loi en vigueur, que ce soit en matière de rémunération ou de conditions de travail. Et à Madagascar, d’une manière générale, les revenus des travailleurs des entreprises franches textiles – je parle bien de revenus, pas de salaires – sont supérieurs aux minima fixés par la loi.

BUSINESSMAG. À combien chiffrez-vous les retombées du retour de Madagascar à l’AGOA, en termes d’exportations ?

Si nous nous projetons sur le mo-yen terme, selon les estimations des membres du GEFP (Groupement des entreprises franches et partenaires), le retour à l’AGOA leur permettra d’atteindre une valeur des exportations de textile vers les USA d’un milliard de dollars au bout de cinq ans et de créer 200 000 emplois supplémentaires dans le même délai.

BUSINESSMAG. Et s’il n’y avait pas d’AGOA V…

Lors de l’AGOA Forum à Washington en août 2014, auquel j’ai participé, un panel important de parlementaires majeurs américains, démocrates et républicains, a affirmé unanimement que la reconduction de l’AGOA n’est pas une question mais une certitude. Je ne pense pas que même si des modifications majeures sont apportées dans le cadre de l’AGOA V, celles-ci affecteront les pays les moins développés dont nous faisons partie.

J’aimerais rappeler par ailleurs que l’AGOA ne concerne pas que le textile, mais englobe quelque 7 000 références douanières pouvant en bénéficier. Le véritable enjeu pour nous – et l’ambition affichée – est de faire en sorte que nous profitions au maximum de ces autres opportunités pour créer des emplois, améliorer le niveau de vie du plus grand nombre et soutenir notre développement économique.