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Madagascar – Lantoniaina Rasoloelison: «Il faut mettre fin à la gabegie financière à la Jirama»

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Madagascar - Lantoniaina Rasoloelison: «Il faut mettre fin à la gabegie financière à la Jirama» | business-magazine.mu

Après son passage à la Jirama, Lantoniaina Rasoloelison vient d’être nommé ministre de l’Eau, de l’Énergie et des Hydrocarbures. À ce titre, il devra gérer plusieurs dossiers sensibles, dont l’assainissement des finances de la Jirama. Il s’est confié à Business Magazine océan Indien.

BUSINESSMAG. Vous vous retrouvez à la tête de plusieurs ministères qui ont fusionné en un seul. Comment accueillez-vous cette nomination ?

Cette fusion comporte un impératif : celui d’obtenir des résultats satisfaisants dans un laps de temps réduit. La prise de décision sera plus rapide. Cela passe par la réduction du coût dans l’exécution des travaux. Tous les départements ont été assemblés dans un seul ministère, avec un seul secrétaire général, un seul directeur administratif financier.

Les économies tirées de cette fusion pourraient être utilisées dans le financement de projets d’adduction d’eau, d’hygiène ou encore d’électrification rurale. Bientôt, nous allons tenir une réunion avec les partenaires du ministère, surtout le secteur privé, pour identifier leurs projets.

BUSINESSMAG. Est-ce la suite logique de votre passage à la tête de la Jirama ?

J’ai été nommé le 19 janvier avec pour mission principale la mise en place de la nouvelle structure de la Jirama et l’instauration de la bonne gouvernance. En plus d’être administrateur délégué, j’assure les missions de la direction générale de la société. Le cabinet chargé du recrutement était déjà à l’œuvre, et je suis chargé du pilotage du dossier. Le nouveau directeur général a été nommé par un décret pris en Conseil des ministres le 25 avril.

En ce qui concerne la bonne gouvernance, tout est parti sur la sensibilisation de l’ensemble du personnel de la Jirama. Nous avons fixé comme stratégie de réduire le coût d’énergie en lançant des appels d’offres sur la fourniture de carburant aux diverses centrales de la société, en mettant fin à l’hémorragie et à la gabegie financière. Il faut préciser qu’une grande partie des dépenses de la Jirama sont allouées aux achats de carburant.

BUSINESSMAG. Justement, la Jirama vient de lancer une série d’appels d’offres con-cernant la livraison de carburant et du fioul lourd pour ses centrales thermiques. Peut-on en savoir davantage sur ce dossier ?

Il n’y a rien à cacher sur ce point. La transparence est de rigueur dans la gestion de la Jirama. Le mois dernier, les fournisseurs devaient faire leurs premières livraisons. Le prix de référence appliqué est celui du prix actuel suivant les dernières révisions. Avec les rabais, le prix d’achat du litre du gas-oil est de 2 900 ariary, et celui du fuel sera de 1 400 ariary pour la livraison en province et 1 600 ariary pour Antananarivo.

BUSINESSMAG. Et qui sont ces fournisseurs ?

La société Jovenna assure la livraison du fioul pour les centrales à Antananarivo et celles de MandenaTolagnaro. Et pour les centrales en province, c’est Vivo Energy qui a décroché le contrat du marché. Tandis que la livraison du gas-oil sera assurée par Galana pour l’ensemble des centrales thermiques de la Jirama à Antananarivo et en province.

Le gouvernement a accordé une subvention de 250 milliards d’ariary à la Jirama. Comme vous le savez, la sécheresse a eu des impacts négatifs sur la fourniture de l’énergie, ce qui obligeait les dirigeants de la société de réclamer plus de subventions au gouvernement. Pour faire face à ce problème, une subvention additionnelle de 150 milliards d’ariary est accordée à la société. Au total, cela faisait 400 milliards d’ariary d’enveloppe d’aide pour la Jirama pour cette année.

Par ailleurs, nous avons pris des engagements en vue de l’amélioration de la situation financière de la compagnie en mettant fin aux différentes infractions commises en interne, telles que le vol de carburant ou toute autre forme de gabegie plombant la caisse de la société. À cela s’ajoute la transition énergétique vers l’utilisation de fioul.

La réduction de coût nous permettrait d’atteindre l’équilibre opérationnel d’ici à 2020. Des engagements ont été pris pour un meilleur recouvrement et la réduction des pertes techniques. Les chiffres actuels expliquent que la Jirama enregistre des pertes techniques de 32 % à 35%. On est loin du seuil mondial de 15 %. La vétusté des infrastructures est la principale cause de ces pertes. À cela s’ajoutent les pratiques frauduleuses de certains consommateurs avec les branchements illicites.

BUSINESSMAG. Plusieurs cas de fraude ont été mis au jour ces derniers temps. Qu’en est-il de la poursuite pénale ?

Les dossiers sont entre les mains du nouveau directeur général de la Jirama. On va jusqu’au bout dans ce combat pour l’assainissement sur le long terme.

BUSINESSMAG. Pourriez-vous donner des explications sur la hausse incessante des prix du carburant ?

Le carburant, dans ses composantes, constitue une marchandise comme une autre. Les prix peuvent varier suivant plusieurs paramètres. En premier lieu, on retrouve les fluctuations du cours du baril sur le marché international, à partir duquel tout se calcule. Il y a aussi la valeur de la monnaie nationale par rapport aux devises fortes sur le marché interbancaire de devise. Ces deux facteurs définissent les méthodes de calcul de ce qu’on appelle le prix de référence de carburant (PRC). Ceci devait être révisé mensuellement. On ne peut pas intervenir pour maintenir les prix du carburant. Cela aura des impacts incommensurables plus tard. Si la Jirama se trouve dans sa situation actuelle, c’est à cause de ce maintien de prix. En 2009, la société disposait de 164 milliards d’ariary de dépôt à terme. Mais depuis 2011, elle a enregistré des pertes.

BUSINESSMAG. Pourtant le gouvernement est intervenu sur les prix à la pompe le 4 février?

C’était une histoire ancienne et je ne peux pas la commenter.

BUSINESSMAG. Et quel sera l’impact de cette hausse des prix du carburant pour la Jirama?

L’impact est déjà palpable. Le récent appel d’offres lancé par la Jirama fait référence aux dernières variations des prix affichés aux stations-service.

BUSINESSMAG. Et qu’en est-il de l’exploitation des énergies renouvelables ?

Nous avançons petit à petit dans l’utilisation de ces sources d’énergie. Plusieurs projets sont en cours.

BUSINESSMAG. Où en est-on sur l’utilisation des compteurs intelligents ?

Le contrat du marché est déjà attribué à la société chinoise ZTE. Nous attendons maintenant la livraison des 8 500 compteurs intelligents.

BUSINESSMAG. Quelle sera la suite de la mise en place de la nouvelle structure de la Jirama et son changement de statut ?

Le directeur général est nommé en la personne d’Olivier Jaomiary. La poursuite du recrutement des personnels du rang de directeur et au-dessus selon un processus concurrentiel et d’approche par compétence relève maintenant des pouvoirs discrétionnaires du directeur général.

Concernant le statut de la Jirama, c’est une priorité du gouvernement. La prudence est de mise. Il n’est pas question de se précipiter puisqu’il s’agit d’une industrie stratégique.