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Madagascar: vers la démocratisation de l’accès aux produits financiers

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Madagascar: vers la démocratisation de l’accès aux produits financiers | business-magazine.mu

L’année 2014  est à marquer d’une pierre blanche pour le secteur financier malgache qui s’est engagé dans la voie de la finance inclusive. Jusqu’en 2017, l’accès des Malgaches aux produits et services financiers sera progressivement facilité.

Permettre un meilleur accès de la population aux services financiers, afin d’assurer la croissance économique, dont celle de ses revenus et sa sécurité financière. Telle est la finalité de la Stratégie nationale de la Finance inclusive (SNFI) s’étalant sur la période 2013-2017. Selon les précisions apportées par Blaise Rajoelina, Coordonnateur national de  la finance inclusive à Madagascar, structure chargée de la coordination de cette stratégie, la finance inclusive ne limite pas seulemen tl’accès aux services financiers de proximité aux institutions de microfinance, mais aussi à tout établissement financier qu’il soit mutualiste ou non mutualiste. Cette vision a été définie avec une préoccupation de répondre à l’ensemble des besoins financiers de la population par tout mécanisme en mesure de satisfaire les demandes.

Les quatre axes de la Stratégie nationale de finance inclusive sont: le soutien de la demande de produits et services financiers, le développement de l’offre de produits et services financiers, la coordination et le plaidoyer de la finance inclusive et le cadre légal, la supervision et l’environnement de la finance inclusive. Cet engagement effectif de Madagascar dans la finance inclusive se traduit par la mise en opérationnalité du Mobile Banking qui constitue un moyen de désenclavement des régions. Le système de fait intervenir les opérateurs de téléphonie mobile dont le rôle est d’exécuter les besoins du secteur financier en matière de communication. «En aucun cas, un opérateur de téléphonie mobile ne peut effectuer un service financier. Il est en charge du transfert des données rationnelles précises et bien déterminées. Pour être encore plus précis, ce dernier ne peut se convertir aux activités financières, mais reste un intermédiaire dans les opérations bancaires», clarifie le coordonnateur, Blaise Rajoelina.

Audit national

Aujourd’hui, l’ensemble des opérateurs de téléphonie mobile, à savoir Telma, Orange et Airtel, sont engagés dans le Mobile Banking. Outre le transfert d’argent, le paiement des factures d’eau et d’électricité et dans quelques points de service comme les restaurants et  les salons de coiffure, l’achat dans les grandes surfaces et même dans les épiceries sont possibles à travers ce système. Toutefois, le Mobile Banking n’est qu’en phase d’introduction. Le texte qui varégir le développement du système dans les opérations bancaires est en cours d’élaboration. Pour le moment, la signature électronique n’est pas encore considérée. Or, les contrats établis à partir de matériel électronique nécessitent la reconnaissance de la signature en matière financière. Le Mobile Banking pour le moment est limité à un moyen de paiement, un moyen de transfert et d’information sur les comptes. Les activités de ces opérateurs de téléphonie mobile sont obligatoirement adossées par une institution bancaire.

Pour revenir à la mise en œuvre de la stratégie de la finance inclusive, une enquête sera menée afin d’identifier les besoins de la population en termes de service financier. Pour cette année 2015, un audit national sera réalisé pour identifier les besoins financiers dansl’ensemble des 22 régions. Un atelier de restitution des résultats se tiendra par la suite dans l’intervalle de septembre à octobre 2016. Des consultants nationaux et internationaux y participeront. Il est à noter que dans le cadre de la finance inclusive, dont les points saillants sont la facilitéd’accès, l’usage et l’utilisation rationnelle et la qualité des services, l’accent sera mis davantage sur le développement des marchés par les prestataires de services financiers, dont principalement ceux de la microfinance.

Les dernières statistiques publiées par la Coordination nationale de la finance inclusive montrent que les ménages malgaches accèdent progressivement aux services financiers offerts par les institutions de la microfinance et par les autres catégories d’établissements financiers exerçant les activités de microfinance. Le taux de pénétration est ainsi passé de 17,5 % en décembre 2010 à 24,6 % en décembre 2013, puis à 25,7 % à la fin du premier semestre 2014. Depuis décembre 2013, la barre d’un million de membres et/ou de clients a été franchie pour atteindre les 1 098 075. Les encours de crédits ont passés de 314 791 millions d’ariary en décembre 2012 à 309 434 millions d’ariary en décembre 2013 puis à 445 428 millions d’ariary en juin 2014.

La diversification des services financiers, la densification des offres dans les régions dans lesquelles les institutions de microfinance mutualistes et non mutualistes interviennent déjà, l’extension dans des zones non encore couvertes auparavant ont été les actions menées pour atteindre ces résultats. En effet, le nombre de points de service est passé de 820 en décembre 2013 à 850 en juin 2014 pour les IMF et des autres catégories exerçant des activités de microfinance. Les IMF mutualistes occupent la première place dans ce domaine avec 571 caisses en juin 2014 contre 209 points de service pour les non mutualistes et 70 pour les autres catégories.

Cessation d’activités

Selon Fanjaharivola Rakotomaharo, secrétaire général de l’Association professionnelle des Institutions de microfinance (APIMF), ces résultats ont pu être obtenus malgré un contexte difficile caractérisé par un environnement pas très favorable pour le  secteur financier. Celui-ci a été en fait marqué par une insécurité grandissante tant en milieu rural et urbain dont sont victimes les membres et les bénéficiaires. Par ailleurs, d’autres difficultés ont été rencontrées. Il s’agit, entre autres, de l’accès limité au refinancement en vue de développer les crédits. Au niveau de la gestion de crédit, les IMF (institutions de microfinance) font face à la mauvaise foi des bénéficiaires et/ou au surendettement, aux difficultés de recouvrement empirées par une difficulté au niveau des recouvrements judiciaires. La maîtrise des charges reste un défi, notamment quand il s’agit d’offrir des services de microfinance au niveau des zones reculées et enclavées. Le secteur a été aussi marqué par la faillite d’une banque territoriale, la mise en administration provisoire d’une IMF de niveau 3 et la multiplication des revendications économiques et sociales. Il est à souligner que le nombred’IMF a connu une légère baisse en 2014. Il est passé de 31 à 27 suite à la transformation d’un de ses membres en une institution bancaire et la cessation d’activités et retrait de licence de trois institutions.

Malgré ce contexte peu favorable, la microfinance continue à renforcer sa contribution dans le développement économique et social du pays. Outre l’amélioration du taux de pénétration, d’autres points positifs ont marqué 2014. Il s’agit du lancement du processus de révision du cadre légal et règlementaire de l’activité de microfinance par la réalisation des études du cadre réglementaire et fiscal, des textes régissant la formalisation des contrats de crédit et les recouvrements judiciaires. Dans le cadre de cette réforme, des propositions de texte ont été déposéesa uprès du ministère de  la Justice, de la Direction générale des impôts et du ministère des Finances et du Budget à travers la Commission de supervision bancaire et financière.

Des formations ont été organisées dans le cadre du renforcement de capacité des personnels des IMF dans les régions où elles sont implantées. Au total, 242 participants ontbénéficié de seize séances de formation, touchant aux thématiques qui répondent aux besoins des IMF.