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Monique Orphé : «Le chômage est un cancer qui ronge notre territoire»

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Monique Orphé : «Le chômage est un cancer qui ronge notre territoire» | business-magazine.mu

Députée socialiste de la sixième circonscription de La Réunion, Monique Orphé reconnaît que la situation de nombreux jeunes en fin d’études ou en recherche d’emploi est préoccupante.

BUSINESSMAG. À travers la loi Macron et le déverrouillage du CDI (contrat de travail à durée indéterminée) notamment, quel signal le gouvernement envoie-t-il aux jeunes, en particulier les jeunes diplômés ?

Il faut que l’on agisse selon les situations.Chez les jeunes, le chômage s’attaque plus fortement à ceux qui ne sont pas diplômés. À La Réunion, parmi les jeunes chômeurs, 50 % n’ont pas de diplômes et 20 % possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur. Ce constat devrait inciter nos jeunes à penser que c’est en obtenant une excellente formation qu’ils ont plus de chance d’être insérés. Trop souvent, j’entends dire : «Pourquoi doit-on faire des études puisque nous allons être au chômage?» Cependant, la situation réunionnaise fait que l’on a dû s’adapter et ouvrir certains dispositifs tels que la Garantie Jeunes à des jeunes diplômés jusqu’au Bac+3. Notre ambition doit être de redonner espoir à toute cette jeunesse qui est l’avenir de notre pays et surtout un atout dans un développement futur. Nous devons relever ce défi difficile qu’est la baisse du chômage : réduire de moitié le chômage est un idéal que nous devons porter. C’est le défi qu’a décidé de relever ce gouvernement depuis 2012. S’attaquer au chômage des jeunes qui n’a cessé de croître depuis des années est à la fois une préoccupation française et européenne. Notre territoire bat tous les records européens et c’est une chance que des fonds soient dégagés dans cette optique.  La politique engagée depuis 2012 sur l’emploi des jeunes commence à porter ses fruits à La Réunion puisque la courbe du chômage s’inverse pour les moins de 25 ans (5 points en moins) et s’est stabilisée pour les 25-59 ans.  Quant à la loi Macron, aucune remise en cause n’a été faite pour les contrats à durée indéterminée. Au contraire, elle donne la possibilité aux jeunes et aux femmes d’accéder aux professions réglementées du droit (notaire, huissier).

BUSINESSMAG. Face au chômage qui asphyxie l’île, la préférence régionale constitue-t-elle une réponse efficace pour booster l’insertion professionnelle publique ?

Vous avez raison de dire que le chômage asphyxie notre île.C’est un cancer qui ronge notre territoire. Une approche globale doit être engagée sur ce sujet afin de trouver les solutions. Il faut agir au niveau du secteur mar-chand qui est créateur d’emplois, mais aussi dans le secteur de l’économie sociale. Lorsque nos jeunes sont formés, tout doit être mis en œuvre pour les aider à s’insérer. La préférence régionale dans l’emploi public et privé est une des pistes pour valoriser cette jeunesse et l’encourager à se former. Nous devons favoriser le recrutement local. D’ailleurs, cette politique est menée sur certains territoires français. Il faut éviter que toute notre matière grise quitte le pays alors qu’elle est source de développement. La mobilité est une bonne chose, mais le retour pour ceux et celles qui le désirent doit être facilité. D’où le combat que je mène pour que les fonctionnaires ultramarins en métropole puissent regagner leur île. Que ce soit les policiers ou les enseignants, il me semble légitime de répondre à leur demande de prendre des responsa-bilités dans leur pays d’origine.

BUSINESSMAG. L’administration Hollande a fait de l’emploi et l’éducation ses priorités. Quels sont les leviers que l’État peut actionner pour accompagner les jeunes diplômés sur le marché du travail ?

En prenant comme mesure les emplois d’avenir ouverts aux jeunes diplômés ou encore le contrat de génération, le gouvernement a voulu que les jeunes accèdent à une première expérience professionnelle. Le manque d’expérience constitue trop souvent un obstacle à leur embauche. De même, le gouvernement a raison d’investir massivement dans l’éducation qui est redevenue le premier poste budgétaire de l’État. Une bonne formation est synonyme d’insertion professionnelle. Le secteur marchand est celui qui va permettre la création d’emplois. Avec les mesures mises en œuvre pour aider les entreprises (CICE, pacte de responsabilité), celles-ci devraient retrouver des marges de manœuvre pour réinvestir et être plus performantes. Cette aide de l’État doit être conditionnée à un retour sur investissement en faveur de l’emploi des jeunes. De même, déve-lopper l’économie solidaire est un autre secteur qui a un avenir. Lorsque le président favorise l’entrepreneuriat, cela permet d’encourager les jeunes entrepreneurs à mettre en œuvre leurs projets innovants. Et bien sûr, les métiers du secteur public doivent être revalorisés et redevenir attractifs. Il est inadmissible que dans un pays où le chômage des jeunes persiste, les postes de l’enseignement ne trouvent pas preneur.  Les initiatives ne manquent pas pour faire redémarrer l’emploi.