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Pascal Viroleau (CEO, Iles Vanille Océan Indien) : «Les échanges inter-îles permettent de hausser la qualité des prestations»

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Pascal Viroleau (CEO

Le projet des Iles Vanille dédié au développement des produits touristiques dans les îles de l’océan Indien passe à la vitesse supérieure. L’augmentation du nombre de combinés inter-îles, l’intensification des activités de croisières dans l’océan Indien et la convention signée avec Costa Croisières contribuent à promouvoir les arrivées touristiques dans la zone. Le point avec son Chief Executive Officer.

BUSINESSMAG. Quelle est l’origine des Iles Vanille ?

En 2010, le projet des Iles Vanille a été une volonté des représentants des Offices de Tourisme de l’océan Indien de coopérer pour mutualiser des moyens dans l’objectif de répondre aux besoins du marché. Ce développement touristique commun a pris de l’ampleur au fur et à mesure des rencontres entre professionnels du tourisme.

BUSINESSMAG. Quel est l’objectif principal des Iles Vanille ?

Ce défi touristique vise à rassembler les destinations tout en valorisant les atouts de chacune des îles de la zone pour redynamiser l’ensemble du secteur touristique.

Il était nécessaire d’apporter des réponses aux attentes d’une clientèle qui ne voyage pas habituellement dans la zone. Je pense plus particulièrement à la clientèle chinoise demandeuse d’un combiné inter-îles. L’idée a germé dans l’esprit des dirigeants de l’ensemble des îles de proposer un produit qui permettrait de profiter d’expériences différentes dans chacune des îles durant un même déplacement, permettant ainsi de rentabiliser un billet d’avion long-courrier.

Au-delà de toutes les actions, le point le plus important du groupement Iles Vanille reste le dialogue instauré entre les îles.

Aujourd’hui, les îles discutent entre elles, il y a des échanges de savoir-faire, des rencontres… qui permettent de hausser la qualité des prestations et de parler d’une seule voix. Mutualiser les moyens et les atouts de chacun plutôt que se concurrencer ; tel est l’objectif des Iles Vanille.

BUSINESSMAG. Et si nous parlions des missions des Iles Vanille…

Nous avons trois grandes missions dont la finalité est d’augmenter le nombre de touristes à haute contribution dans l’océan Indien. Une mission de développement de produits, pour contribuer au développement des arrivées touristiques dans la zone mais également pour favoriser les standards de qualité et de service.

La création du label de qualité des Iles Vanille vise à donner confiance aux professionnels du tourisme comme aux consommateurs. Par exemple, un produit classé trois-étoiles sur une île sera équivalent d’un produit trois-étoiles sur une autre. Cet important travail d’harmonisation est en cours de développement. La mise en place d’un système de classification pour l’ensemble des hébergements touristiques a été initiée à l’île Maurice et devrait s’étendre aux autres îles.

Dans quelque temps, nous aurons, à l’échelle des îles de l’océan Indien, des systèmes comparables. Les tour-opérateurs et les touristes auront l’assurance de trouver des produits de qualité et des services cohérents.

Notre deuxième mission consiste à dénicher et à défricher des marchés en s’assurant de l’intérêt pour les îles de la zone. Cette mission d’assistance n’a pas vocation à faire concurrence à l’IRT ; bien au contraire. La formation digitale et la gestion des réseaux sociaux en sont des leviers.

Enfin, faire en sorte qu’un vacancier puisse visiter au moins deux îles lors d’un de ses déplacements. Cela impliquait la création de nouveaux produits en lien avec les tour-opérateurs et des opérations de communication commune. Ce que nous avons fait.

Grâce à cette démarche marketing, nous enregistrons en 2015 une progression de 12 % sur les combinés entre les îles.

BUSINESSMAG. Quelles sont les perspectives 2016-1017 ?

Les Iles Vanille souhaitent accroître d’ici à 2017 le nombre de croisiéristes dans l’océan Indien. Une convention signée en septembre 2015 entre les Iles Vanille et Costa Croisières, le leader mondial du secteur de la croisière, a pour objectif de doubler le nombre de rotations dans la zone pour la saison hivernale 2016/2017. Nous prévoyons ainsi d’accueillir environ 18 000 passagers, européens pour la plupart, sur des croisières dans l’océan Indien.

D’ailleurs, Costa Croisières propose d’ores et déjà une croisière inter-îles de 14 jours au départ de l’île Maurice avec escales aux Seychelles, à Madagascar et à La Réunion. Des messages publicitaires en font déjà écho sur les ondes : ils proposent de séjourner à bord du bateau Costa neoRomantica à partir du 15 octobre 2016 et jusqu’à début mars 2017.

Le travail se poursuit avec Costa Croisières et nous comptons proposer rapidement un produit équivalent à d’autres compagnies. Début 2016, avec la compagnie norvégienne Fred Olsen, par exemple, nous avons organisé un Eductours sur l’ensemble des îles afin de mettre en place une rotation de bateaux de croisière dans l’océan Indien.

À l’échelle de deux à trois ans, nous aurons une augmentation significative du nombre de croisiéristes dans la zone ; c’est notre cheval de bataille !

BUSINESSMAG. La Réunion est-elle en mesure d’offrir des prestations de qualité aux croisiéristes ?

Si notre mission est bien de se donner les moyens d’augmenter les arrivées des croisiéristes dans l’océan Indien, en revanche, ce qui se passe ensuite sur les îles relève des autorités de chacune d’elles. Notre action a encore du mal à franchir la porte du port. Une fois le bateau arrivé, nous passons la main.

À bord d’un paquebot, la clientèle est variée. Les clients VIP ont des services particuliers. Leurs réservations sont déjà enregistrées à bord et l’accueil est opérationnel. Les autres passagers attendent souvent le jour J pour réserver des prestations. Ainsi, nous ne sommes pas en mesure de connaître en amont le nombre de prestations vendues. En conséquence, il est difficile pour un réceptif d’anticiper.

La situation du Port Réunion nécessite, pour répondre à ces attentes, une logistique beaucoup plus importante en termes d’accueil, d’organisation et de transport.

BUSINESSMAG. Comment mettre en avant la beauté de La Réunion en une seule journée ?

Les prestations proposées sont plutôt axées sur les visites aux quatre coins de l’île et sur les activités de pleine nature. Reste à revoir le prix des prestations proposées et la disponibilité des transports.

BUSINESSMAG. Un mot sur l’arrivée du Sun Princess le jour de la Saint-Valentin ?

En février 2016, 1 900 passagers anglophones à bord du bateau de croisière Sun Princess ont débarqué, le temps d’une journée à La Réunion. L’office de Tourisme de l’Ouest ainsi que la Fédération Réunionnaise du Tourisme, en charge de l’organisation des visites, ont mis à la disposition des croisiéristes des guides bilingues, des services de navettes pour se rendre à Boucan Canot, des kiosques d’artisanat local, de dégustation de jus de fruits de saison…

Si nous augmentons le nombre de croisières dans l’océan Indien, il est indispensable que nous nous organisions pour accueillir au mieux les vacanciers. Les efforts vont s’amplifier sur 2016 et 2017. Les résultats sont positifs, les rotations des croisières se programment sur plusieurs années. Le développement de ce secteur d’activité est prometteur du point de vue économique.

BUSINESSMAG. Comme à l’image de l’île Maurice et des Seychelles, l’île de La Réunion prévoit-elle la création d’un terminal dédié à l’arrivée des passagers ou à une modification des infrastructures portuaires pour un meilleur accueil ?

Une étude à La Réunion est en cours notamment pour cerner les retombées économiques afin d’envisager les investissements nécessaires pour accueillir de manière optimale les passagers sur le sol réunionnais. Les Seychelles envisagent également de modifier leurs infrastructures portuaires. Le développement de ce secteur d’activité semble prometteur dans le domaine économique.

BUSINESSMAG. Quels sont les freins au développement des Iles Vanille ?

Les déplacements d’île en île, certains blocages de l’aérien en termes de capacité et de tarif constituent à mon sens les freins au développement. Mais ce n’est pas de notre ressort. Les combinés entre les îles restent des produits haut de gamme.

BUSINESSMAG. Le projet de mettre en place des compagnies low cost à l’échelle de l’océan Indien a-t-il avancé ?

Il est nécessaire de faciliter les connexions inter-îles, mais l’acteur majeur sur cette activité n’est pas le regroupement Iles Vanille. Le développement aérien est une mission qui a été confiée à la Commission de l’Océan Indien.

L’Alliance Vanille, créée en 2015 et regroupant l’ensemble des compagnies régionales de la zone, a pour objectif d’améliorer la desserte aérienne entre les pays de l’océan Indien et de travailler sur des problématiques telles que la création de compagnies régionales low cost pour faciliter les déplacements dans la zone.

En termes de création de compagnies, deux projets sont bien avancés : une filiale d’Air Mauritius qui desservirait la zone océan Indien et l’Afrique, et Air Austral qui a un projet de partenariat plus large sur ces destinations.

2016 devrait être une année de décision dans bien des domaines !

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