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Réunion – Développement durable : l’humain au cœur de l’environnement

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Réunion - Développement durable : l’humain au cœur de l’environnement | business-magazine.mu

Après la semaine européenne du développement durable qui s’est tenue du 30 mai au 5 juin, de nombreuses actions ont été menées dans différents secteurs concernés par le développement durable à La Réunion. Le recyclage des déchets, la valorisation de l’environnement et le développement de l’économie sociale et solidaire sont aujourd’hui des axes importants de notre société. Tour d’horizon d’un secteur qui a le vent en poupe.

L’île de La Réunion a toujours fait figure de bonne élève en termes de recyclage. Entre 2005 et 2013, l’île se place dans le top 5 des départements français ayant connu la plus forte évolution du taux de recyclage (augmentation de 30,28 points). Le développement durable y a donc une grande importance. En lien avec les accords de Paris sur le climat approuvés par 195 délégations en décembre 2015, ces secteurs sont mis en avant. Le développement durable se traduit donc aujourd’hui par le besoin de transition et de changement pour la planète de vivre dans un monde dont les trois piliers seraient l’efficacité économique, l’équité sociale et la qualité environnementale.

Quatre principes fondamentaux régissent cette pensée : le principe de responsabilité pour que celui qui abîme, dégrade ou pollue, répare ; le principe de participation de chacun afin d’assurer la réussite de projets durables ; le principe de précaution dans les décisions afin de ne pas causer de catastrophes quand on sait qu’il existe des risques pour la santé ou l’environnement ; et le principe de solidarité entre les pays, entre les peuples, entre les générations, et entre les membres d’une société.

Sur notre île, chaque habitant produit plus de 600 kg de déchets ménagers par an. En 2015, La Réunion s’est hissée en tête des départements d’Outre-Mer recyclant le plus, avec près de 23 kg d’emballages ménagers triés par habitant. De nombreuses collectivités et entreprises participent à la collecte et au tri des déchets sur l’île. Eco-systèmes, acteur majeur de la filière de recyclage à la Réunion, a collecté l’équivalent de 377 525 anciens équipements électriques et électroniques à La Réunion sur l’année 2016. L’équivalent de 7,9 kg par habitant a ainsi été recyclé même si ce chiffre reste en dessous de la moyenne nationale qui s’élève à 10 kg par habitant. En effet, selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), le taux de collecte dans les Départements et Régions d’Outre-Mer, plus faible qu’en métropole, est dû à plusieurs facteurs : pratique de la livraison à domicile avec reprise de l’ancien matériel peu habituelle, dispositifs de collecte chez les distributeurs et déchèteries peu développés, vols et vandalisme aux points de collecte existants.

5 à 11 % des appareils équipant les foyers inutilisés

Face à ces enjeux, l’ADEME préconise plusieurs pistes d’action telles que le développement de points de collecte chez les distributeurs même sans vente de nouveaux produits, l’implantation d’activités de réemploi et de recyclage via des réseaux ou encore le réemploi des équipements provenant des administrations. L’implantation d’unités de traitement à la Réunion, permettant d’éviter d’envoyer les DEEE en métropole, est donc un facteur de développement de la filière dans les DROM.

La collecte et le recyclage des anciens appareils électriques à l’échelle nationale sont de 10 kg/habitant. Ainsi, la région ne se situe pas encore à la moyenne nationale. Parmi les anciens appareils collectés et recyclés, figurent les gros électroménagers (appareils de froid, de lavage, de cuisson et de chauffage), les écrans (TV et d’ordinateurs) ainsi que les petits appareils électriques. Tous fonctionnent à pile, sur batterie ou sur secteur, et sont en moyenne recyclés à 80 %, dès lors qu’ils sont pris en charge par la filière de recyclage française agréée.

Pour atteindre en 2020 l’objectif de 14 kg d’appareils électriques collectés par habitant, Eco-systèmes s’intéresse de près au gisement «dormant». Eco-systèmes mène depuis trois ans différentes études pour évaluer «qui sont les stockeurs, combien d’appareils ils détiennent, et quels sont les équipements qui rejoindront demain les unités de recyclage». D’après une étude réalisée en 2015 par la filière de recyclage sur le parc d’appareils auprès de 1 500 foyers, on observe que les foyers sont équipés d’une centaine d’équipements en moyenne, dont 5 à 11 sont déclarés inutilisés.

Ces informations permettent à Eco-systèmes d’optimiser et d’adapter les solutions opérationnelles de collecte pour faire sortir des maisons le stock d’appareils gardés inutilement. Par ailleurs, la connaissance des gisements futurs confirme la nécessité de pérenniser en France et dans les territoires un outil industriel performant pour un recyclage de qualité. Ainsi, nombre de programmes sont mis en place tout au long de l’année afin de développer la filière et de sensibiliser la population.

Grâce à son programme Reduc’Light, la structure Objectif EcoEnergie a fourni gratuitement 48 255 foyers français d’ampoules LED. Leur consommation de 10 watts permet de réaliser 80 % d’économies d’énergie sur le poste éclairage et offre une meilleure luminosité. Dans les DOM-TOM (Réunion, Guyane, Martinique, Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe, Mayotte), 360 ménages ont reçu leur kit de 5 ampoules LED, soit 1 800 ampoules distribuées. Malgré des chiffres en hausse depuis le début des opérations, en mars 2016, le nombre de foyers éligibles est encore bien en dessous du nombre d’inscrits.

Cependant, l’insularité et la taille de notre territoire donnent à la gestion des déchets de forts enjeux, notamment en termes de réduction des déchets à la source, de structuration des filières et de sensibilisation des populations. Selon, l’AGORAH (Agence d’Urbanisme de La Réunion) qui pilote l’Observatoire Réunionnais des Déchets, la problématique la plus prépondérante à court terme concerne le traitement des déchets du territoire. En effet, hormis les deux sites d’enfouissement réunionnais actuels (installations de stockage des déchets non dangereux de Saint-Pierre et de Sainte-Suzanne) qui sont proches de la saturation, il convient de doter rapidement l’île d’installations complémentaires qui permettront d’accroître la valorisation des déchets. Notons que depuis sa création en 1987, le centre d’enfouissement de la rivière Saint-Etienne, sur la côte ouest, a stocké plus de 2 millions de tonnes de déchets.

Le principe de solidarité couplé à celui du développement durable a permis le développement du concept d’économie sociale et solidaire (ESS). Elle désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations ou fondations dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l’utilisation des bénéfices qu’elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont généralement en partie publiques.

Limiter les impacts environnementaux

L’ESS emploie 2,4 millions de salariés en France, soit 12,8% de l’emploi privé, selon le bilan 2016 de l’emploi dans l’économie sociale publié par Recherches et solidarités en juin 2017. Les effectifs les plus importants évoluent dans le milieu associatif (77 %). À La Réunion, c’est la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS) qui participe à la défense de la place de l’individu en redonnant du sens à l’activité économique par le développement de la solidarité, de la démocratie, de l’engagement citoyen et du bénévolat.

L’économie sociale dans le secteur de l’environnement permet de satisfaire des besoins essentiels humains de logement, d’alimentation, de santé et d’éducation en réduisant les inégalités entre les individus, en travaillant pour la préservation des ressources naturelles sur le long terme, en maintenant les grands équilibres écologiques et en limitant les impacts environnementaux. Ces grands axes sont le fondement de cette nouvelle économie qui a pour objectif d’assurer une gestion saine et durable sans préjudice pour l’environnement et pour l’homme. Comme CYCLÉA, Ti Tang Récup, SPL Énergies Réunion ou SUEZ Recyclage et Valorisation Réunion, les institutions et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à prendre en considération ces axes dans leur développement afin de répondre à ces problématiques et ces enjeux.