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Interview Rencontre

Sheila Ujoodha: «La représentation féminine au sein des conseils ne représente que 13 %»

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Sheila Uoodha (Chief Executive Officer, MIOD)

En 2021, le Mauritius Institute of Directors s’est positionné comme un partenaire stratégique dans l’accompagnement et le développement des directeurs, souligne sa CEO, Sheila Ujoodha.

L’année 2021 est derrière nous. Quel bilan faites-vous des initiatives au niveau du Mauritius Institute of Directors ?

2021 a été une année exceptionnelle. Marquée par l’impact de la pandémie de la Covid-19 qui a affecté bien des entreprises, nous avons, pour notre part, abordé cette vague de crise sanitaire avec beaucoup de résilience et de détermination, portant ainsi l’institut à sa vitesse de croisière. Nous avons développé de nouvelles conduites de marketing permettant d’améliorer la visibilité de nos services et ainsi positionner le MIOD comme un partenaire stratégique dans l’accompagnement et le développement des directeurs, et ceci, en assurant une stabilité financière pour l’Institut. Étant un moteur du changement dans la mise en œuvre des meilleures pratiques de gouvernance en entreprise, nous continuerons à œuvrer dans ce sens en collaborant avec toutes les parties prenantes des secteurs privé et public pour l’avancement du pays.

De nombreux événements ont été organisés, notamment à travers les Breakfast forums portant prioritairement sur la bonne gouvernance dans les entreprises financières et les entreprises en général. Comment avance Maurice sur le sujet ?

En ligne avec notre mission première, qui est d’encourager la réflexion à stimuler le dialogue et les échanges autour de la bonne gouvernance en entreprise, nous avons effectivement privilégié plusieurs tables rondes au cours de l’année, réunissant une bonne centaine de décideurs et chefs d’entreprise, avec la participation de conférenciers des secteurs privé et public, partageant des expériences pertinentes et des enseignements clés. Il était plus que jamais important de discuter et d’échanger sur cette thématique car jamais auparavant nous n’avons vécu une crise aussi imprévisible, durable et profonde que celle qui bouleverse le monde depuis plus de deux ans.

Nous devons sans cesse nous remettre en question pour évoluer et Maurice a démontré sa volonté dans la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance, portant sur la transparence dans les affaires, sur l’intégrité, le développement durable et la conformité aux réglementations entre autres, illustrée par le lancement du «scorecard » de la NCCG, pour permettre aux conseils de renforcer les principes de bonne gouvernance dans leurs entreprises.

«L’année 2021 nous a appris l’importance de la résilience stratégique et d’une intervention rapide face aux changements»

Nous projetons d’ailleurs, avec la NCCG, de collaborer à travers un atelier de travail qui favorisera une meilleure compréhension de ce tableau de bord dans le cadre de la gouvernance d’entreprise à Maurice.

Quid des perspectives sur lesquelles les entreprises devront travailler en 2022 ?

Le concept d’agilité reste prédominant. L’apparition du dernier variant, Omicron, a profusément accru le degré d’incertitude des perspectives économiques et ceci intervient à un moment où plusieurs pays sont aux prises avec une inflation bien supérieure à ce que cible leur politique monétaire. Cette crise est donc l’occasion de repenser aux structures existantes et qui devront être innovantes et avant-gardistes pour toujours mieux servir la clientèle.

Selon une étude de McKinsey, 55 % des interactions avec les clients sont désormais digitales, représentant ainsi une avancée de trois ans par rapport aux prévisions pré-crise. L’expérience client était déjà, avant la pandémie, un enjeu crucial pour de nombreuses entreprises. Mais la crise a joué un rôle de catalyseur en précipitant l’expérience client, qui a été massivement transférée sur des canaux digitaux, de même que la communication des entreprises. Les tendances qui se dessinent pour 2022 sont portées sur la résilience, d’où notre accompagnement à travers nos formations professionnelles axées sur la bonne gouvernance en entreprise, la gestion du risque, la conformité, l’énergie renouvelable et la technologie, entre autres, pour accompagner nos membres dans leur développement continu et à mieux faire face à la crise.

«Nous devons sans cesse nous remettre en question pour évoluer et Maurice a démontré sa volonté dans la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance»

Nous débutons l’année avec l’évènement «Cybersecurity wake-up call», une initiative conjointe avec notre partenaire Rogers Capital, dont le but est de conscientiser nos membres sur la cybersécurité. Celle-ci doit être prise au sérieux pour s’assurer que tous les contrôles nécessaires sont mis en place afin de prévenir les cyberattaques, une importance capitale pour les entreprises qui traitent des données sensibles.

La place de la femme au sein des conseils est l’une des priorités du MIoD. Comment faire pour améliorer l’équité hommes/femmes sur les conseils d’administration ?

Nous devons admettre que la diversité au sein des entreprises, c’est avant tout reconnaître les compétences des femmes et ce qu’elles apportent comme contribution au sein des conseils, notamment une meilleure efficacité du conseil dans la surveillance de la stratégie de l’entreprise et dans la gestion des risques ! La représentation féminine au sein des conseils, ne représente aujourd’hui que 13%. Bien qu’il y ait une légère amélioration (8,7 % en 2018), il est aujourd’hui important de faire bouger les choses.

Diverses actions ont été mises en œuvre pour augmenter la représentation féminine au sein des instances décisionnelles. L’une d’elles est la formation professionnelle, notamment la Women Leadership Academy, une initiative conjointe avec notre partenaire Dale Carnegie Mauritius, ayant pour objectif de former les femmes mauriciennes dans leur «leadership» et les accompagner à se positionner comme administratrices au sein des conseils administration, tous secteurs d’activité confondus. Nous avons d’ailleurs formé plus d’une soixantaine de femmes à ce jour à travers ce programme axé sur les prises de décisions stratégiques, l’innovation, la communication en entreprise, entre autres.

Tout comme 2020, l’année 2021 a été marquée par la Covid-19. L’arrivée du nouveau variant Omicron laisse aussi planer le doute pour 2022. L’incertitude est-elle encore présente au niveau des conseils d’administration ?

L’année 2021 nous a appris l’importance de la résilience stratégique et d’une intervention rapide face aux changements. Certaines entreprises ont eu la clairvoyance d’imaginer les incertitudes à venir et d’adopter une approche proactive globale pour assurer leur résilience, face aux conséquences de la pandémie.

Trois piliers interreliés qui devraient être pris en compte en priorité par les conseils :

La résilience financière – qui aidera les entreprises à mieux se préparer pour faire face aux événements ayant une incidence sur leurs liquidités.

La résilience opérationnelle – qui permettra à l’entreprise d’absorber les conséquences sur ses ressources humaines, ses données, sa technologie et l’innovation.

La résilience sur le plan de la réputation – prenant en compte des perceptions externes, et établissant des liens de confiance, de fiabilité et de valeur ajoutée.

La MIoD entrepris une phase de digitalisation. Pouvez-vous nous en parler ?

Nous avons amorcé le virage digital qui marque la volonté du MIoD de s’emparer des possibilités et opportunités technologiques pour l’ensemble de nos missions à venir. L’année 2021 marque d’ailleurs le remodelage des systèmes d’information, de la mise en ligne de notre nouveau site web et de l’acquisition d’un nouvel outil CRM pour répondre à l’objectif de renforcer notre relation avec nos adhérents. Nous sommes d’ailleurs en train de mettre une structure d’analyse quantitative en place pour avoir les données indispensables en temps réel pour être plus efficients.

Force est de constater que la pandémie a imposé des exigences surprenantes, d’où la mise en place d’un programme alternatif de webinaires portant sur des thèmes spécifiques pour maintenir le contact et accompagner nos membres dans leur formation professionnelle continue. Avec les restrictions sanitaires, nous avons opté pour une structure hybride afin de permettre à toutes les parties prenantes de suivre nos évènements en ligne afin de toujours servir la communauté des affaires pendant cette période de crise sanitaire et favoriserons les communications numériques avec les adhérents.

Sheila Uoodha (Chief Executive Officer, MIOD)«Certaines entreprises ont eu la clairvoyance d’imaginer les incertitudes à venir»

Le MIoD a lancé des ‘positions papers’ à travers l’Audit Committee Forum et le Directors Forum. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il faut savoir que l’Institut est accompagné par plusieurs décideurs, professionnels et chefs d’entreprise, issus des secteurs privé et public à travers nos forums, une plateforme incontournable de discussions, dans le but de toujours faire avancer les débats autour de la bonne gouvernance en entreprise à Maurice.

En collaboration avec KPMG Maurice et proposé par l’Audit Committee Forum, nous avons lancé au courant de l’année dernière un manuel d’élaboration axé sur le plan de continuité d’activité (PCA) afin d’établir à l’avance comment réagir si un imprévu survient. Ce guide présente les différentes étapes à suivre pour construire un plan de continuité des activités, vers l’action pour accompagner les conseils d’administration et les comités d’audit. Il aide pareillement à déterminer au préalable quelles seront les responsabilités de chacun et les procédures à suivre et qui nécessitent d’être testées régulièrement et actualisées en fonction. Dev Hurkoo, Managing Director de Rogers Capital Technology était le conférencier invité lors de cet évènement, partageant son expérience et encourageant les entreprises à relever les défis majeurs dans un monde de plus en plus VUCA (Volatile, Uncertain, Complex & Ambiguous).

En collaboration avec PwC Maurice, et proposé par le Directors Forum, nous avons lancé le sixième volet des ‘position papers’ autour des pratiques saines et efficaces de bonne gouvernance au sein des entreprises familiales. Le document souligne notamment les avantages des entreprises familiales, disposées à limiter les coûts en cas de pression sur les flux de trésorerie, pour la pérennité de l’entreprise, tout en ayant un sens des valeurs partagées. Le document s’appesantit également sur la transmission et les plans de succession qui assureront l’avenir de l’entreprise, les futures générations étant la clé de leur croissance et de leur pérennité. Il propose également de nombreuses solutions et les meilleures pratiques dans un contexte mauricien. Nous avons été accompagnés par Arif Currimjee, directeur du Groupe Currimjee et société fondatrice du MIoD, qui était également invité à partager son expérience familiale au sein du Groupe Currimjee.

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