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Interview Rencontre

Roshan Seetohul : «Une croissance de 10 % des passagers au premier semestre»

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Roshan Seetohul : «Une croissance de 10 % des passagers au premier semestre» | business-magazine.mu

L’aéroport SSR est désormais une référence dans l’océan Indien et en Afrique. Certes, nous sommes sur la bonne voie, mais pour faire partie du gotha mondial, il faudra viser l’excellence, insiste le Chairman d’Airports of Mauritius.

BUSINESSMAG. Récemment, vous avez laissé entendre qu’une place spéciale sera accordée à l’innovation et que les meilleures pratiques seront adoptées par Airports of Mauritius, aussi bien sur le plan de la gestion que dans l’élaboration de stratégies commerciales et de développement. Qu’en est-il ?

Je crois que nous avons démontré notre sérieux et notre engagement à travers nos actes. Depuis ma prise de fonction comme président d’Airports of Mauritius (AML), il y a eu le recrutement du CEO après un exercice de sélection ouvert et indépendant. Le conseil d’administration et la direction d’AML ont la même rigueur dans la gestion des affaires. Nous privilégions systématiquement les exercices d’appel d’offres pour la sélection de nos fournisseurs de services. Récemment, il y a eu l’exercice de sélection pour la gestion des espaces publicitaires et ou encore pour l’opération des nouveaux emplacements de restauration. Nous avons aussi instauré une nouvelle culture d’entreprise dynamique qui optimise l’utilisation des ressources, valorise les compétences humaines de nos collaborateurs et place le service aux passagers et à nos partenaires au centre de nos préoccupations.

Quant à l’innovation, elle fait partie intégrante de notre stratégie de développement. Elle se traduit souvent par des initiatives dites simples, mais qui contribuent à améliorer l’expérience du voyage du passager. Par exemple, nous avons rajouté le mandarin et l’hindi sur notre système signalétique. Je peux vous dire que cela a été très apprécié du public voyageur provenant de l’Asie. Nous avons revu le positionnement des bornes d’enregistrement électroniques, entre autres, afin de mieux fluidifier le flux de passagers. Avant la fin de cette année, nous serons aussi en mesure de proposer un Fast track VIP access. Les passagers souhaitant bénéficier de ce service payant pourront avoir un parcours et un service dédiés. Ce sera une nette amélioration, car à présent, les passagers ayant réservé les services du salon sont obligés de faire l’enregistrement dans le hall commun.

BUSINESSMAG. L’une de vos priorités est de consolider la place de leader de l’aéroport SSR dans la région, mais aussi de figurer parmi les meilleurs aéroports sur le plan mondial. Quels sont les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs ?

Je considère que la quête de l’excellence au niveau de nos prestations est un cheminement et pas un point précis sur un graphique. Nos efforts ont été récompensés en 2014 et 2015, quand notre aéroport a été désigné le meilleur dans la région Afrique et l’océan Indien. Le Conseil International des Aéroports (ACI) vient d’admettre l’Aéroport International SSR à l’ordre de l’ACI Director General’s Roll of Excellence. Ce groupe très sélect compte seulement une trentaine d’aéroports les plus performants en matière de qualité de service à travers le monde. Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut toujours garder le rythme au quotidien. La compétition est rude, particulièrement au niveau mondial, mais nous restons déterminés à être parmi les meilleurs dans notre secteur. D’ailleurs, AML et ATOL travaillent étroitement afin de réaliser cet objectif. Les résultats détaillés obtenus après chaque trimestre permettent de faire un diagnostic précis du vécu et des attentes de nos passagers.

Ce baromètre permet ensuite de cibler nos efforts dans les domaines où nos scores demandent à être améliorés. C’est ainsi que nous avons pu améliorer de façon significative le service au niveau du parking de l’aérogare. Nous avons revu la signalisation dans l’aire de stationnement et nous avons constaté que nos points par rapport à ce service ont grimpé. La qualité des services de restauration était jusqu’à récemment un point faible. Mais depuis avril, nous avons deux nouveaux restaurants, Café Lux et Tropical Break, qui sont opération dans la zone publique au niveau des départs. Un Subway devrait ouvrir ses portes prochainement au niveau des arrivées.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il du nombre de passagers accueillis à l’aéroport SSR ?

Nous avons atteint un record en clôturant 2015 avec presque 3,2 millions de passagers. Le premier semestre de 2016 est tout autant positif avec une croissance moyenne de 10 %. Si la tendance se maintient, nous sommes optimistes de pouvoir réaliser une très bonne performance pour cette année également. Il faut dire que la nouvelle stratégie définie et menée par le Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme, Xavier-Luc Duval, porte ses fruits. Tous les partenaires du secteur travaillent avec un but commun : promouvoir Maurice comme une destination offrant de multiples opportunités, tant pour les loisirs que pour les affaires.

BUSINESSMAG. Compte tenu du nombre croissant de passagers, AML songe-t-elle à l’agrandissement de l’aéroport ?

Notre aérogare a la capacité d’accueillir 4 millions de passagers annuellement. Nous avons donc quelques années devant nous avant d’atteindre les limites en termes de capacité d’exploitation. Avec le projet de rénovation d’une partie de l’ancien terminal, la capacité maximale annuelle passera à 4,5 millions. Nous pouvons accueillir la croissance du trafic avec sérénité pour plusieurs années. Toutefois, il nous faut préparer le futur et la construction d’un nouveau terminal passager demande des années de préparation. Nous suivons l’évolution du trafic et nous prendrons les mesures qui s’imposent au moment opportun. Le plan directeur de développement a déjà défini dans les grandes lignes les prochaines étapes d’agrandissement de l’aéroport.

BUSINESSMAG. Quelle est la vision à long terme d’AML s’agissant du développement de l’aéroport ?

Notre vision à long terme est de transformer notre aéroport en une infrastructure intelligente ou smart. Nous avons aujourd’hui les moyens technologiques pour y arriver. Très bientôt, nous proposerons une application pour smartphone dédiée aux services du terminal. L’outil numérique offre des possibilités extraordinaires permettant d’accompagner le passager dès son arrivée à l’aérogare, de réduire les inconvénients, de l’aider dans ses formalités et de lui donner plus de temps pour se détendre et se faire plaisir en faisant du shopping, par exemple. Nous restons à l’écoute de nos passagers et de nos partenaires afin d’apporter des améliorations constantes au circuit de passagers. Récemment, nous avons revu la gestion des files d’attente aux points de contrôle sûreté. Grâce à une amélioration de notre mode opératoire, nous sommes désormais en mesure d’être plus performants et de réduire le temps d’attente des passagers.

BUSINESSMAG. Où en est le projet de zone cargo et celui de la nouvelle tour de contrôle ?

La phase 2 de la construction du morcellement commercial de la zone cargo et port franc a été complétée. Nous parlons là d’une superficie de 49 hectares, idéalement située par rapport à sa proximité avec la zone opérationnelle côté piste. Jusqu’ici, ce projet aura nécessité un investissement de plus Rs 516 millions. Le premier locataire de la zone, IBL Cargo Village, a déjà démarré les travaux de construction de son terminal qui devrait être pleinement opérationnel au début de 2017.

S’agissant de la nouvelle tour de contrôle, nous avons atteint le stade de la réalisation des plans détaillés. Nous pensons que les travaux devraient démarrer au début de l’année prochaine pour être complétés en 2018. Ce projet nécessitera des investissements de plus de Rs 490 millions. Cette nouvelle tour de 70 mètres de haut sera certainement un élément incontournable du nouveau paysage de la région du Sud et figurera parmi les structures les plus hautes du pays.

BUSINESSMAG. Quelles sont les autres améliorations qui seront apportées à la zone aéroportuaire ?

Notre vision à long terme pour l’aéroport dépasse les contraintes géographiques. Je crois que nous sommes un petit pays qui a toujours eu de grandes ambitions. C’est ce qui a permis à Maurice de se développer en si peu de temps.

Au niveau de l’infrastructure aéroportuaire, les travaux pour la construction d’une aire de stationnement additionnelle pouvant accueillir de gros porteurs progressent. Il y a aussi le réaménagement du parking No 15, qui sera équipé d’une double passerelle et permettra de desservir de gros porteurs. À l’achèvement de ces travaux, notre aéroport pourra accueillir trois A380 simultanément. Autre développement: la remise en fonction des trois passerelles de l’ancien terminal. Les rénovations nécessaires sont presque complétées et dans les semaines à venir, nous aurons huit passerelles en service, contre cinq seulement actuellement. Cela permet d’optimiser davantage nos opérations et d’améliorer le confort des passagers.

Nous avons également mis sur pied un nouveau centre de formation, l’AML Aviation Training Centre, qui regroupe désormais toutes les formations qui sont dispensées à nos employés et à nos partenaires. Grâce à un partenariat avec la firme G2ACamas, nous pensons offrir beaucoup plus de formations techniques au personnel dans le secteur de l’aviation.

BUSINESSMAG. AML envisage-t-elle de multiplier des partenariats avec des firmes étrangères pour améliorer ses services ?

Comme vous le savez certainement, ATOL vient de renouveler son partenariat avec ADP Management qui apporte son expertise dans le domaine de la gestion aéroportuaire et aide à l’amélioration générale de nos prestations. Notre objectif est certainement de développer de nouvelles activités commerciales. Nous examinerons les opportunités de partenariat quand ils se présenteront. L’impératif de toute collaboration est de permettre d’accélérer la croissance et le développement pour AML et l’aéroport.

BUSINESSMAG. Maurice souhaite renforcer sa présence sur le marché touristique chinois. Comment AML participe-t-elle à cette vision ?

AML joue le rôle de facilitateur auprès des partenaires qui font la promotion de Maurice en Chine. Notre rôle principal est de pouvoir offrir une infrastructure et une qualité de services qui surpassent les attentes de ces passagers. Il faut dire que nous avons une bonne coopération avec l’ambassade de Chine, comme avec les autres représentations diplomatiques. L’inclusion du mandarin sur notre signalétique fait partie de ces initiatives visant à répondre à leurs attentes.

BUSINESSMAG. Au lieu d’être des concurrents, les aéroports de l’océan Indien ne devraient-ils pas plutôt collaborer ?

Il y a certes des opportunités de coopération et d’échanges au niveau de l’expertise et de la connaissance. Il s’agit de trouver les bons créneaux. L’AML Aviation Training Centre s’inscrit dans cette logique où nous souhaitons, à long terme, offrir la possibilité à nos confrères des pays de l’océan Indien et de l’Afrique de suivre des formations de perfectionnement certifiées par les instances internationales. Nous avons également reçu des sollicitations de quelques pays africains qui souhaiteraient bénéficier de l’expertise mauricienne. Tous ces projets sont en discussion. Nous souhaitons qu’ils se concrétisent rapidement. Cela donnera une visibilité accrue à Maurice et permettra l’émergence de nouveaux créneaux d’activités pour AML.

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