Gilles Huberson : les destins de la France et de Maurice sont étroitement liés depuis 300 ans

Sur le plan économique, la France figure parmi les premiers investisseurs à Maurice, avec des investissements directs étrangers qui représentent près du tiers des montants investis. De grands groupes français comme Orange, Canal+, Total, Colas, BPCE, Accor ou Casino, des entreprises de taille intermédiaire et des petites et moyennes entreprises, ainsi que de nombreux entrepreneurs individuels, apportent leur contribution à l’économie mauricienne en investissant et en créant des emplois (13 000 salariés sont employés par les investisseurs français à Maurice en 2016), dont une part importante provient de La Réunion. La France investit dans quasiment tous les secteurs d’activité, même si les Tic (télécoms, services informatiques, édition de logiciels), la relation clients à distance, la grande distribution, le tourisme, l’immobilier, l’énergie et les petites activités manufacturières restent les secteurs de prédilection des entreprises françaises.

Les liens commerciaux entre les deux pays sont particulièrement solides, comme en témoigne le montant des échanges : la France reste le quatrième client de Maurice (284 M € en 2016) et se place au troisième rang des fournisseurs (350 M € en 2016). Les volumes échangés entre nos deux pays ont été remarquablement stables au cours de la dernière décennie, avec une sensible progression depuis 2014. De surcroît, la France est parmi les premiers bailleurs de fonds bilatéraux, grâce à l’Agence française de développement qui joue un rôle clé dans la mise en place d’un partenariat économique durable entre la France et Maurice, dans les secteurs public ou privé, les infrastructures, l’environnement, l’eau ou l’énergie, les investissements productifs ou le développement durable. Depuis 2007, l’agence a engagé près de 600 millions d’euros de concours financiers, soutenant ainsi la politique d’investissement du pays et sa croissance économique. La Chambre de commerce et d’industrie France Maurice, qui vient de fêter son dixième anniversaire, est un témoin privilégié du dynamisme de notre relation commerciale.

Au-delà des seuls échanges économiques, la France et Maurice restent indéfectiblement liés par leurs cultures, leurs peuples et leur histoire. Entre 50 et 60 000 Mauriciens vivraient en France – soit l’une des toutes premières diasporas mauricienne dans le monde. L’attractivité de la France pour les jeunes Mauriciens ne se dément pas, avec l’augmentation constante des étudiants qui partent chaque année poursuivre leurs études supérieures en France : 17 000 étudiants à ce jour et plus de 300 étudiants supplémentaires chaque année. Un nouveau dispositif, le «passeport talent», permettra par ailleurs de faciliter l’installation en France des investisseurs, créateurs d’entreprises et porteurs de projets innovants (start-up, etc.), mais aussi de jeunes pousses prometteuses dans les domaines scientifiques, artistiques ou sportifs.

Les Français forment en outre, et de loin, la plus grande communauté étrangère à Maurice (estimée à 15 000 personnes) et le plus grand contingent de touristes à Maurice, avec 418 200 voyageurs en 2016 (soit 33 % des arrivées), dont 146 200 en provenance de La Réunion. La France est également présente par la pratique généralisée de sa langue et le rayonnement de sa culture, grâce notamment au travail de l’Institut français de Maurice. Cinq établissements scolaires français, aux résultats exceptionnels, sont aussi installés sur l’île, formant 5 000 élèves chaque  année.

La Réunion, est «la France la plus proche de l’île Maurice» et son «île sœur». Ce voisinage, entretenu par notre appartenance commune à la Commission de l’Océan Indien, est une donnée essentielle de notre partenariat. Maurice et La Réunion présentent des profils très complémentaires, que la France s’attache à renforcer à travers une coopération extrêmement dense et diversifiée : énergie, déchets, santé, formation professionnelle, urbanisme, culture, tourisme (projet «Iles Vanille») – et développement durable, avec les 5^èmes Rencontres du Développement Durable, qui se tiendront d’ailleurs à La Réunion, les 13 et 14 avril 2017, et qui associent acteurs institutionnels et secteur privé des deux îles, et avec nombre de «projets de coopération opérationnels», y compris dans le domaine de la sécurité.

Les perspectives de développement d’une coopération triangulaire France/Maurice/Afrique, avec Maurice comme «hub» sont en outre particulièrement intéressantes. D’une part, pour l’investissement vers l’Afrique, avec pour objectif de créer une offre commune d’expertises, de services et de produits exportables vers les pays d’Afrique. Dans le domaine de l’agro-industrie, le groupe mauricien Alteo est associé au groupe sucrier français Tereos dans des investissements conjoints menés en Tanzanie et au Kenya.

D’autre part, pour la formation supérieure et la recherche, où des initiatives se mettent également en place : à Médine, le projet «International Campus for Sustainable and InnovativeAfrica», avec la participation d’un consortium de grandes universités et écoles françaises, devrait aboutir à la rentrée prochaine à l’ouverture de nouveaux bachelors et masters, afin de former les élites de la région indocéanique et d’Afrique australe. En outre, les opérateurs économiques français sont tout à fait disposés à accompagner Maurice dans la mise en œuvre des différents projets de «Smart Cities». Ainsi, le cabinet d’ingénierie français Setec a tout récemment été retenu pour réaliser les études techniques et environnementales de la «Smart City» de Cap Tamarin promue par le groupe mauricien Trimetys et des opérateurs français ont fait part de leur intérêt pour Mon Trésor (Omnicane).

Oui, depuis 300 ans, les destins de la France et de Maurice sont étroitement liés. Mais nos liens ne sont pas uniquement l’héritage du passé. Bien au contraire, ils constituent l’expression d’une coopération quotidienne, et sont appelés à se renforcer encore à l’avenir.