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Le rêve et la réalité

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Le rêve et la réalité | business-magazine.mu

Il y a une longue tradition philosophique qui questionne la réalité de notre réalité. La question est de savoir si ce que nous voyons, entendons et sentons est la réalité ou est-ce une infime portion d’une réalité plus vaste que nos sens sont incapables de saisir. Pourquoi ce que nous voyons bleu est bleu ? A cause de notre rétine. Car le bleu n’existe pas sans notre rétine pour le définir. Nos sens créent une réalité. Ne sommes-nous pas en train de vivre un cauchemar dont nous nous réveillerons un jour. Que de fois nos rêves nocturnes nous ont donné l’impression qu’ils étaient la réalité, que de fois n’avons-nous pas souhaité qu’une expérience pénible ne soit finalement qu’un cauchemar dont nous allions nous réveiller.

Dans la vie en société, nous voyons, là encore, une réalité quotidienne de tous les Mauriciens et une réalité différente vécue par ceux que nous avons élu pour nous diriger. Nos élus sont parfois des personnes sincères qui veulent vraiment faire progresser la société mais qui se rendent compte rapidement qu’ils n’ont pas de véritable pouvoir. Pas l’apparence du pouvoir que donne un titre o-u une belle voiture !

Non. Je parle du vrai pouvoir de faire progresser le pays. Si les responsables politiques avaient vraiment du pouvoir, les hôpitaux fonctionneraient bien, il n’y aurait pas de recalés au CPE, il n’y aurait pas de trafic de drogue et de corruption. Comme ils n’ont pas de pouvoir, leur préoccupation essentielle est d’être réélu et pour cela, il leur faut plaire à l’électeur.

Pour lui plaire, on lui promet plein de bonnes choses qu’on ne pourra peut-être pas concrétiser. Quand on est dans l’opposition, on noircit tout ce que fait le pouvoir et quand on est au pouvoir, on célèbre des réussites. Donc, on ment et chacun sait qu’à force de mentir, on finit par croire ses propres mensonges. On perd donc toute ligne directrice et on agit uniquement pour un intérêt personnel immédiat. Comme les situations changent en permanence, on change de discours souvent, on se fait des amis qu’on rejette le lendemain pour les reprendre plus tard.

Donc, finie l’éthique, finie la morale, finies les convictions. Le monde politique, petit à petit, se coupe de la réalité et vit dans honte proclamer l’unité nationale et par derrière, la détruire. La population est donc déçue et ne croit plus un traitre mot de ce que disent les politiciens qui, de leur côté, vivant dans un monde irréel et factice, sont satisfaits d’eux-mêmes à condition qu’on les réélisent la prochaine fois.

Le monde réel, c’est celui de l’ouvrier qui, avec sa paye, arrive difficilement à nourrir sa famille mais qui malgré tout, enseigne à ses enfants les règles de la morale, le dévouement, l’attention aux autres, l’honnêteté, etc. C’est le chef d’entreprise qui se bat contre la concurrence, contre la crise, pour l’innovation et pour préserver l’emploi.

Ce sont ces ONG qui font le travail que l’Etat aurait dû faire. Combien de milliers de personnes souvent inconnues qui vivent leur vie personnelle, familiale, de travail avec de très hauts principes et qui, ce faisant, sans s’en rendre compte, permettent à la société de survivre malgré l’inefficience des structures qui devraient les aider mais qui, en réalité leur rend la vie plus difficile.

Quand on lit la presse, on est frappé de voir la place que prennent les faits divers, les états d’âme de tel ou tel politicien vieillissant, les conflits sociaux d’un autre âge. Comment le citoyen mauricien parvient-il à préserver sa vie et celle de son entourage pour en faire une réussite et un lieu de vérité et de bonheur partagé ? Nous sommes face à deux mondes qui sont coupés l’un de l’autre.

Celui de la vraie vie et celui de l’illusion où les mots n’ont aucune importance, où les célébrités sont factices et où on ne trouve aucune vision. Alors me direz-vous, il faut que quelqu’un émerge du monde réel pour prendre la place de ceux qui s’incrustent dans les sphères du pouvoir irréel. Le monde politique est tellement mal vu par la population que personne n’a envie d’y aller. En outre, ceux qui sont en place s’organisent pour être très difficiles à remplacer.

Et pourtant, dans un petit pays comme Maurice, il suffirait qu’un chef d’état - à qui la constitution a donné beaucoup de pouvoir - décide de changer les choses et de laisser à la postérité le souvenir d’un leader qui a sorti le pays de ses vieilles maladies et de ses chimères. Ce devrait être d’autant plus facile à faire quand l’opposition parlementaire est quasiment inexistante... 

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