Type to search

Parole d'experts Rencontre

Le savoir, un facteur déterminant

Share
Le savoir

La dynamique économique évolue de plus en plus vite et nous constatons qu’une nouvelle composante s’impose graduellement comme le moteur déterminant de la croissance économique. C’est ce que nous appelons l’immatériel, ou encore l’économie de l’immatériel ou du savoir. Le noyau de cette nouvelle approche est lié à l’appropriation des connaissances et des savoirs et à la production continuelle de la recherche et de l’innovation.

Jusqu’au début des années quatre-vingt, le succès économique reposait essentiellement sur la richesse en matières premières et le volume de capital matériel dont disposait chaque nation. Mais aujourd’hui, la richesse n’est pas que matérielle, elle est aussi immatérielle. Désormais, la capacité à innover, à créer des concepts et à produire des idées est tout aussi importante que les facteurs de production traditionnelle, à savoir le travail et le capital. Ce sont ces éléments, abstraits, qui sont devenus l’avantage compétitif essentiel. Au capital matériel, s’est ajouté le capital des talents, de la connaissance et du savoir dans les critères essentiels du dynamisme économique (la remise en question des acquis).

Au vu de la complexification de l’économie moderne, l’avantage compétitif commence à prévaloir sur l’avantage comparatif. En effet, un avantage comparatif, qui n’est pas pérenne, a un caractère absolu et ne dépend pas des institutions ou des politiques, tandis qu’un avantage compétitif est celui qui se construit et qui se maintient, s’il est entretenu. La présence d’une matière première dans le sol ou le sous-sol national peut créer de la richesse s’il y a une demande. Toutefois, il est clair que le capital-savoir (l’information, la recherche et l’innovation, le savoir-faire et la connaissance) permettrait d’engendrer plus de richesses, car c’est ce qui permet de transformer cette matière première en produits à haute valeur ajoutée.

Étant donné que l’économie de l’immatériel est une notion nouvelle dans la sphère économique, la problématique résidait dans la définition des bases de ce concept. La Commission européenne, en 2009, y a apporté des précisions en définissant les trois piliers autour desquels s’articule l’économie du savoir, soit la recherche-développement et l’innovation, l’éducation et les technologies de l’information et de la communication.

Dans le dernier rapport du Forum économique Mondial sur l’Indice de Compétitivité Global, calculé en fonction de douze piliers, nous remarquons que Maurice a réalisé une performance marquante et a grimpé de six places et se classe 39e sur 144 pays. De plus, nous consolidons notre position de leader dans la région de l’Afrique subsaharienne.  Des progrès notables ont été enregistrés s’agissant de la solidité des institutions, avec des droits de propriété clairs et une forte indépendance judiciaire, de la stabilité des entreprises privées, avec un contrôle efficace et des normes de comptabilité et de la protection des investisseurs solides et d’une infrastructure assez bien développée par rapport aux normes régionales. Cela correspond à un pays à revenu intermédiaire, dans une phase de transition.

Toutefois, selon ce rapport, nous sommes classés à une position médiocre s’agissant du pilier innovation. Maurice est 76e sur 144 pays. Ce pilier inclut le niveau de recherches scientifiques de nos institutions, les dépenses pour la recherche et  le développement (R&D) de nos entreprises, ou encore le ratio scientifique ou ingénieur par habitant.

Pour retrouver un taux de croissance élevé et durable et ainsi accéder au statut de pays à revenu élevé à moyen terme, nous devrons mobiliser beaucoup plus de ressources pour développer notre capital-savoir. L’accumulation de capital-savoir est un facteur essentiel de croissance économique car la diffusion des connaissances permet des rendements croissants et génère des externalités positives. Cela passera nécessairement par une politique dynamique et incitative de la recherche et de l’innovation.

Prenons l’exemple de Singapour. Pour soutenir la croissance économique, le gouvernement de ce pays a mis en place la Productivity and Innovation Credit Act. Cette mesure budgétaire autorise les entreprises qui investissent dans la recherche et le développement à bénéficier de déductions fiscales allant jusqu’à 250 pour cent des dépenses qu’elles ont engagées dans les six activités suivantes : la recherche et le développement, l’enregistrement de la propriété intellectuelle, l’acquisition de la propriété intellectuelle, les activités de conception, l’automatisation grâce à de nouvelles technologies et la formation des employés.

Nous devrions réfléchir à la mise en place d’une mesure équivalente à Maurice pour booster l’investissement immatériel.

Ne nous trompons pas : l’économie de l’immatériel sera la plus forte source de croissance des pays dans ce 21e siècle. C’est par là que se créeront richesses et emplois. À nous d’y adhérer car nous en avons la capacité.