Les océans, notre futur

L'humanité est arrivée à un tournant de son histoire : les terres ont été exploitées, les villes ont grandi, réduisant du même coup les surfaces agricoles et les surfaces sous forêt qui jouent un rôle crucial dans l’équilibre de notre planète. Nous avons remis dans l’atmosphère des milliards de tonnes de dioxyde de carbone qui étaient emprisonnées sous forme de charbon ou de pétrole sous la terre depuis des millions d’années, ce taux dépassant désormais 400 ppm. Un taux jamais mesuré depuis au moins plus de 700 000 ans. Ce qui a pour conséquence d’augmenter l’effet de serre et de causer le changement climatique que nous subissons aujourd’hui de plein fouet.

Les catastrophes climatiques se succèdent avec des sécheresses prolongées, une pluviométrie record, un relèvement du niveau de la mer, causant une érosion exacerbée de nos plages de sable blanc, et tant d’autres signes qui sont là pour nous rappeler que nous faisons face aux conséquences de nos actes en utilisant des énergies fossiles pour alimenter en énergie la croissance mondiale.

Pourtant, l’humain n’a jamais été aussi proche, avec le développement technologique et les avancées scientifiques, d’une solution, ou plutôt d’une révolution qui bouleversera la donne de façon irrémédiable, tout comme la révolution industrielle a changé le cours de l’humanité. Et c’est en période de crise que les humains se remettent en question et cette révolution sera bleue, tout en redistribuant les enjeux stratégiques et géopolitiques. Ce seront, en effet, les États qui possèdent une large zone économique exclusive maritime qui bénéficieront majoritairement des avantages de ces changements.

Notre République fait désormais partie de ce groupe avec ses 2,3 millions de kilomètres carrés d’océan sous sa juridiction. Nombre d’États étrangers se pressent désormais à nos portes. Visite d’un sous-marin chinois, aide scientifique indienne, patrouilles françaises, présence militaire américaine… Tous ces éléments sont là pour nous démontrer l’importance stratégique de nos vastes océans.

Le potentiel de l’économie océanique est aussi vaste que les océans eux-mêmes, comme je l’ai mentionné lorsque j’ai présidé le groupe Économie Océanique, afin d’écrire le programme du gouvernement actuel dans ce domaine avant les dernières élections générales. Cependant, le futur devra être différent du passé, afin de construire un nouveau pilier économique durable et inclusif, innovateur et visionnaire. Les bases de ce nouveau pilier devront prendre en considération à la fois les erreurs du passé qui ne devront pas être répétées tout en propulsant notre République vers l’avant avec un développement des secteurs de la créativité et de l’innovation tout en respectant les critères de durabilité et d’inclusion de la population.

De telles situations ont vu propulser sur le plan international des pays qui n’apparaissaient même pas sur la carte mondiale. Je pense personnellement que c’est le secteur que nous recherchons afin de créer un nouveau miracle économique, mais un miracle différent, durable, respectueux de l’environnement et de nos ressources marines, où tous les Mauriciens trouveront leur place et leur valorisation. Et où les générations futures pourront parler du passé en mentionnant que leur présent, notre futur, a été créé par des visionnaires qui ont fait les choses différemment.

Le vrai défi est non pas d’exploiter et de détruire nos océans pour en retirer un profit à court terme, mais d’en retirer des ressources de façon durable et respectueuse, en intégrant les générations futures. Ce sera là le défi des océans et celui de la nouvelle équipe dirigeante si elle veut marquer la différence en créant un nouveau miracle économique. Le potentiel est là, c’est à nous de jouer maintenant, mais en changeant les règles.