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Marketing et communication: état des lieux

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Marketing et communication: état des lieux | business-magazine.mu

Le secteur du marketing et de la communication a profondément changé ces dernières années. Il n’y a encore pas si longtemps, une marque pouvait aisément faire passer ses messages avec une campagne s’articulant autour des grands médias et au travers de communiqués de presse. Aujourd’hui, il s’agit de s’appuyer sur de nouveaux vecteurs de communication et de créer de véritables liens entre les audiences et les marques. Il ne s’agit plus seulement de créer des campagnes 360 ; il est davantage question de créer des campagnes 365. En d’autres mots, de créer du contenu de marque chaque jour de l’année.

Les attentes des audiences envers les marques ont changé. Et c’est tant mieux ! Elles attendent que les marques produisent plus que de simples produits, en dépassant leurs périmètres d’origine. Elles attendent que les marques créent quelque chose d’utile pour eux et plus encore pour la société ; qu’elles créent du contenu pertinent, des expériences interactives et du divertissement. Elles souhaitent être réellement écoutées et que leurs points de vue soient pris en considération.

Les marques mauriciennes sont de plus en plus conscientes de la valeur ajoutée créée par le branding et la communication. Les investissements publicitaires sont certes en croissance, mais le marché n’est pas extensible à souhait.

Dans ce contexte, la véritable croissance du secteur passera forcément par l’international. Pour les travaux spécifiques à la publicité, il sera essentiel de sceller des partenariats forts avec des agences locales déjà présentes en Afrique, en s’appuyant sur leurs connaissances des audiences. Cependant, un développement à distance est possible pour ce qui est de l’accompagnement stratégique des marques, de la création d’identités visuelles et du développement de sites web.

Notre savoir-faire et notre créativité sont régulièrement récompensés au niveau africain. Par ailleurs, notre bilinguisme, notre fuseau horaire avantageux et nos tarifs horaires sont d’autres avantages évidents. Nous avons donc toutes nos chances de pouvoir exporter nos services.

Deux conditions semblent cependant incontournables. D’abord, la nécessité d’attaquer ces marchés de façon commune et non isolée. Ensuite, il faut avoir le plein support du gouvernement dans cette démarche.

Exporter des produits requiert des outils précis. Réussir à exporter du service à valeur ajoutée appelle d’autres prérequis. La création d’une instance au sein du gouvernement qui encadrerait, soutiendrait et développerait spécifiquement l’export de l’ensemble des fournisseurs de services mauriciens serait donc la bienvenue. Cela pourrait même favoriser une réponse mauricienne commune à certains gros appels d’offres qui nécessiteraient l’expertise de plusieurs secteurs complémentaires.

Sur le plan local, la libéralisation des ondes au niveau de la télévision est toujours fermement attendue. La télévision reste un média puissant et il est essentiel qu’il y ait de la compétition qui engendrerait beaucoup de bienfaits.

Nous avons la conviction que la communication est porteuse de solutions aux problèmes de société auxquels Maurice fait face actuellement. La sécurité routière, la violence au cœur des familles et la préservation de l’environnement sont autant de sujets à fort impact pour notre pays, nécessitant de réelles stratégies de communication. À ce jour, ils ne sont clairement pas traités en communication comme il le faudrait. Quelques affiches ou des campagnes isolées ne suffisent pas pour changer les mœurs.

Dans ce sens, le système actuel de procurement concernant les campagnes d’intérêt public n’est pas adapté. Aujourd’hui, une agence obtient l’appel d’offres pour une campagne qui dure deux semaines, puis une autre agence l’année suivante… C’est impertinent et improductif. Rien ne peut changer avec des actions aussi isolées et forcément incohérentes. Les stratégies de communication qui changent les comportements se distillent sur au moins deux ans, avec des prises de parole cohérentes sur l’ensemble des médias. La proposition est la suivante : d’abord, identifier les enjeux de société, puis déterminer des budgets de communication pertinents, à la hauteur des enjeux pour chacun d’entre eux, et enfin lancer des appels d’offres auprès des agences pour des contrats d’au moins deux ans. En d’autres mots, il faut traiter ces sujets de société à forts enjeux de communication avec autant de professionnalisme et de sérieux qu’ils le méritent. Les agences deviendraient alors de véritables partenaires du gouvernement, partageant les mêmes objectifs, plutôt que d’être de simples fournisseurs. À titre d’exemple, la France, qui a eu des résultats en baisse sur les accidents de la route, travaille avec une seule et même agence pendant plusieurs années. Maurice a encore de belles campagnes devant elle !