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Dominique Filleul : le sport d’équipe comme modèle de gestion

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Dominique Filleul : le sport d’équipe comme modèle de gestion | business-magazine.mu

Le directeur général de l’enseigne City Sport à Maurice met son expérience d’ancien sportif de haut niveau au service des sélections locales de handball qui participeront aux prochains Jeux des îles, à La Réunion, en août. Rencontre.

Directeur général de City Sport Maurice depuis 2012, Dominique Filleul est demeuré très proche de l’univers du sport de haut niveau qu’il a pratiqué pendant des années en tant que handballeur professionnel dans son pays d’origine, la France. Installé à Maurice depuis un peu plus de quatre ans, marié et père de deux enfants, Dominique Filleul est aussi actuellement directeur technique national des sélections masculine et féminine de handball qui participeront aux neuvièmes Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), du 1er au 9 août, à l’île de La Réunion. L’occasion de revenir sur son parcours et ses valeurs.

C’est tout d’abord à Dreux, commune du nord de la France, que Dominique Filleul commence à pratiquer le handball au niveau professionnel. Il se retrouve ensuite en première division à Nice, puis à Saint-Raphaël, dans le Sud-Est, ce dernier club, nous indique-t-il, étant considéré comme le meilleur en France. En 1995, il intègre l’effectif de Radio Nostalgie, confiant qu’il a «toujours voulu faire du sport de haut niveau et travailler en même temps».

Dès lors, Dominique Filleul doit s’organiser afin de poursuivre ses entraînements, à raison de deux séances par jour et assumer ses responsabilités à Radio Nostalgie, soit celles afférentes au développement et à l’espace publicitaire sur le secteur Monaco-Menton. Jonglant avec le sport et le travail, l’homme grimpe peu à peu les échelons à la radio qui l’emploie et trouve même le temps de suivre des formations, en management notamment.

Suite au rachat de Radio Nostalgie par NRJ en 1998, notre interlocuteur prend volontairement la porte de sortie, la nouvelle structure ne correspondant pas à ses convictions. En effet, justifie-t-il, «j’aime les sociétés où l’on garde contact avec les gens. J’ai quitté la radio au moment de la fusion parce qu’être un numéro dans une société ne m’intéressait pas forcément : le groupe devenu trop important, leur politique ne me convenait plus». Dominique Filleul est alors embauché comme directeur de centre de profit au sein du groupe Spear Communication avant de changer radicalement d’orientation professionnelle en 2005, avec l’ouverture d’un centre de remise en forme en collaboration avec son épouse et le préparateur physique Tiburce Darou, connu pour avoir travaillé avec de grands tennismen comme Yannick Noah et John Mc Enroe.

Lorsqu’en 2009, le groupe Mercure International of Monaco (MIM) approche Dominique Filleul pour le poste de directeur commercial de City Sport Maurice, il se laisse néanmoins séduire et accepte l’offre qui lui est faite. Parmi ses motivations : la réputation de MIM, en premier lieu. De fait, la société d’import-export créée par Adnan Houdrouge en 1986 est présente dans 18 pays d’Afrique, essentiellement subsaharienne, à travers sa chaîne de magasins City Sport. De plus, lorsqu’elle s’implante dans un pays, à partir de son enseigne phare, MIM développe son influence en fonction du marché en se positionnant également sur le segment mode. «Quand Adnan Houdrouge décide de développer une marque, il prend la franchise sur toute l’Afrique comme pour les marques GoSport, Soleil Sucré, Aldo, Guess ou encore Levi’s, qui tombent sous l’égide de City Sport à Maurice», explique Dominique Filleul avant d’ajouter qu’«en tant que ‘master franchise’, MIM nous donne des relations privilégiées avec les fournisseurs originaux pour garantir une rigueur internationale et une gestion précise au niveau qualitatif».

Si Dominique Filleul accepte le poste qu’on lui propose, c’est aussi parce que le modèle de gestion d’Adnan Houdrouge, homme d’affaires libano-sénégalais, lui plaît. En effet, bien que la multinationale que celui-ci dirige compte plus de 8 000 salariés, fait remarquer notre interlocuteur, Adnan Houdrouge «les connaît tous et s’oblige – avec plaisir, je pense – à visiter tous les pays où il est implanté très régulièrement ainsi qu’à manger avec tous ses directeurs de magasin. C’est quelqu’un qui est très proche de ses collaborateurs».

La troisième raison qui pousse Dominique Filleul à répondre par l’affirmative à la proposition de MIM est le pays où on lui demande de poser ses bagages, en octobre 2010. Devenu au fil des années Mauricien de coeur, il se livre facilement au sujet de la relation privilégiée qu’ils entretiennent, son épouse et lui, avec l’île : «Maurice et nous, c’est une histoire d’attraction. Pendant longtemps, à chaque fois qu’on a voulu partir ailleurs en vacances, on revenait ici systématiquement. Mon épouse a l’habitude de dire :‘Quand je suis arrivée à Maurice, j’avais l’impression d’y avoir toujours habité ; qu’en France j’étais de passage mais que mon vrai pays, c’était l’île Maurice’». Ce qui les surprend dès leur première visite : «l’atmosphère rendue par les gens, les différentes cultures et la cohabitation qui se passe relativement bien par rapport à d’autres pays, sans oublier la beauté de l’île».

Depuis qu’ils sont établis à Maurice, les Filleul, savourant leur bonheur, se sont engagés à «rendre au pays tout ce qu’il leur donne». Cet engagement s’opère à deux niveaux. Sur le plan professionnel, quand il prend ses fonctions de directeur commercial en 2010, Dominique Filleul se retrouve à la tête de quatre magasins et se penche sur les moyens à mettre en œuvre dans le cadre d’une stratégie d’expansion. Son expérience d’ancien sportif de haut niveau ne tardera pas à l’aiguiller vers l’idée du parrainage et dès la première année suivant son arrivée, City Sport apportera son soutien aux fédérations mauriciennes de basket-ball, de handball, de volley-ball et de kickboxing. Les magasins City Sport projetteront de ce fait l’image forte d’une enseigne sur laquelle les sportifs de l’île peuvent compter. Passé directeur général de City Sport Maurice en juin 2012, Dominique Filleul assure désormais la gestion d’une douzaine de magasins, preuve de la réussite de la stratégie commerciale initiée sous sa direction.

Sur le plan personnel, Dominique Filleul partage ses compétences de handballeur avec les jeunes du pays à titre bénévole depuis qu’on lui a fait la proposition de devenir directeur technique de la fédération mauri-cienne de handball. À ce titre, dit-il, il apprécie le fait «d’être en contact avec de nombreux Mauriciens, toutes classes et cultures confondues». Ce qu’il considère comme «la meilleure intégration possible». En sus, il s’estime chanceux de rencontrer «des gens extraordinaires, des jeunes qui se donnent à fond pour leur pays, qui n’ont pas forcément beaucoup de moyens mais se sacrifient afin de venir aux entraînements régulièrement».

Et tandis que la préparation des sélections masculine et féminine suit son cours en vue des prochains JIOI, à l’île sœur, Dominique Filleul se montre confiant face au défi à relever : «aller gagner la médaille d’or». Même si cet objectif n’est pas atteint, le directeur technique national espère tout au moins que les joueurs mauriciens arriveront en finale, le principal, souligne-t-il – et cela s’applique, selon lui, à la sphère professionnelle également –, étant d’aller jusqu’au bout de ce que l’on entreprend. Et de conclure : «Laissez-nous travailler, laissez-nous arriver à l’échéance et on pourra faire le bilan ensuite.»