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Jean-Michel Blanquer : maître d’œuvre de l’internationalisation de l’ESSEC

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Jean-Michel Blanquer : maître d’œuvre de l’internationalisation de l’ESSEC | business-magazine.mu

De passage à Maurice dans le cadre du lancement du Global BBA, en septembre prochain, le directeur général de l’ESSEC Business School revient sur les étapes d’un parcours édifiant dédié à la recherche, à l’éducation et à l’administration.

L'homme impressionne par son parcours acadé-mique et les res-ponsabilités qu’il a été amené à remplir en France comme à l’étranger. Âgé de 52 ans, Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), était en déplacement à Maurice en février dans le cadre du lancement du Global BBA (Bachelor of Business Administration). Ce programme d’études de quatre ans accueillera ses premiers étudiants à l’International Campus for Sustainable and Innovative Africa (ICSIA) du Medine Education Village, à Pierrefonds, en septembre.

Son rapport à l’éducation, Jean-Michel Blanquer le vit tout d’abord intensément en tant qu’étudiant. Après une maîtrise en philosophie à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, en 1986, il obtient un diplôme d’études approfondies (DEA) en science politique à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, en 1989. Un an plus tôt, en 1988, il décroche, par ailleurs, un DEA de droit public à l’Université Paris II, avant d’accéder, en 1993, au statut de docteur en droit – avec mention très honorable et félicitations du jury – et de devenir agrégé de droit public en 1996. Jean-Michel Blanquer a également reçu la bourse Lavoisier du ministère des Affaires étrangères, ce qui lui a permis d’aller étudier à Harvard, aux États-Unis, en 1991.

Une mission à l’étranger, de 1989 à 1991, offre à l’universitaire l’occasion de mieux connaître l’Amérique latine, où il est chercheur coopérant à l’Institut français d’études andines de Bogota, en Colombie. Il demeurera proche de cette partie du monde puisque quelques années plus tard, en 1998, il sera nommé directeur de l’Institut des hautes études d’Amérique latine, à l’Université Paris III. Dans ce même établissement, Jean-Michel Blanquer enseignera jusqu’en 2004 le droit constitutionnel, la théorie du droit et le droit communautaire. Il partagera parallèlement ses
connaissances avec les étudiants de l’IEP de Paris.

De retour en France après son séjour en Colombie et son passage à Harvard en tant que Special Student, Jean-Michel Blanquer devient attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université Paris II entre 1992 et 1994. Il sera ensuite maître de conférences en droit public à l’Université de Tours et en 1996, professeur de droit public à l’IEP de Lille.

En 2004, il repart en mission en Amérique du Sud à la demande du ministère de l’Éducation française. Il y sera recteur de l’Académie de Guyane, basé à Cayenne, jusqu’en septembre 2006. De nouveau sollicité à Paris, il accédera alors au poste de directeur de cabinet adjoint au ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. Poste qu’il occupera jusqu’à mars 2007, lorsqu’il deviendra successivement recteur de l’Académie de Créteil puis, de 2009 à 2012, directeur général de l’enseignement scolaire.

La nomination de Jean-Michel Blanquer à la tête de l’ESSEC Business School, en mai 2013, marque une nouvelle étape dans une carrière consacrée à la recherche, à l’enseignement et à l’administration. À cette même époque, la prestigieuse école de commerce fondée en 1907 et dont la devise est «L’esprit pionnier», met en place une stratégie de développement à l’international qui verra l’ouverture de trois campus outre ceux de Cergy-Pontoise et Paris La Défense, en France. C’est ainsi que celui de Singapour, baptisé ESSEC Asie-Pacifique, est inauguré en mai 2015, suivi de celui du Maroc, ESSEC Afrique-Atlantique, l’an dernier. Quant au campus mauricien, ESSEC Afrique-Océan Indien, à Pierrefonds, il ouvrira ses portes dans quelques mois. Le directeur général insiste sur le fait que les pays où l’ESSEC a choisi de s’implanter «sont des hubs internationaux de notre époque où la vie économique et académique prennent une place prépondérante».

La collaboration entre l’ESSEC et les acteurs du monde des affaires à Maurice remonte à 2012, rappelle notre interlocuteur. Et d’ajouter que jusqu’ici, la formation continue a été privilégiée. À travers celle-ci et les contacts établis sur place, poursuit Jean-Michel Blanquer, l’équipe de l’ESSEC a réalisé que les compétences et les valeurs véhiculées par la grande école de commerce étaient fortement prisées par les entreprises locales. Aussi, lorsque le groupe Medine a approché l’ESSEC en vue d’une éventuelle implantation sur le campus de Pierrefonds, l’école française y a vu une occasion de concrétiser une intention dont les contours commençaient déjà à se dessiner. «Il y a tous les ingrédients pour que Maurice devienne un hub dans la région indianocéanique et africaine», souligne le directeur général. À ce propos, il cite, entre autres, les facilités liées à l’accès aérien et la stabilité du pays. En répondant positivement à l’invitation de Medine, l’ESSEC confirme donc sa volonté d’offrir des formations de haut niveau non seulement aux étudiants mauriciens mais aussi à ceux d’Afrique et des autres îles de l’océan Indien.

Désormais partie prenante du projet du groupe Medine de «se positionner comme un centre d’excellence en matière d’éducation supérieure à Maurice», l’ESSEC Business School proposera au mois de septembre le Global BBA. Décrit comme étant «sélectif, riche et exigeant», ce programme est apprécié pour «son parcours académique, son immersion professionnelle intégrée de 10 à 16 mois et une immersion à l’international d’au minimum six mois», apprenons-nous sur le site de l’école de commerce. Un autre avantage étant que le Global BBA bénéficie du réseau que constituent les campus de l’ESSEC et les 136 universités avec lesquelles elle a conclu des accords de partenariat. Pour en revenir aux étudiants du campus de Pierrefonds, ils effectueront leurs deux premières années d’études à Maurice et les deux suivantes en France, confie Jean-Michel Blanquer.

Le directeur général indique que l’évolution future de l’ESSEC au niveau local sera «dosée» en concertation avec le groupe Medine. Cela dépendra aussi, dit-il, des attentes des jeunes et de «la demande des entreprises mauriciennes». Pour l’instant, celle-ci s’avère forte. Selon Jean-Michel Blanquer, beaucoup d’entreprises expriment un besoin en formations de haut niveau pour les membres de leur équipe managériale. Or, l’ESSEC est à même de répondre à ce besoin, étant l’une des meilleures écoles de commerce à l’échelle internationale. Notre interlocuteur mentionne ici le classement Master in Management 2016 du Financial Times où l’ESSEC s’est classée au troisième rang mondial pour la troisième année consécutive.

Les représentants de l’ESSEC, en collaboration avec Medine, sont d’ailleurs allés à la rencontre des entreprises de l’île – «et nous continuerons à le faire», insiste le directeur général car l’un des principaux objectifs de la grande école est de développer des formations adaptées aux besoins du marché. Elle serait prête, pour ce faire, à aborder des domaines tels que «l’entrepreneuriat, la finance, les métiers de la banque, le digital, voire les villes intelligentes». D’un autre côté, Jean-Michel Blanquer émet le vœu que les entreprises du pays s’impliquent elles aussi, par exemple, en finançant des bourses pour les étudiants.

Le directeur général de l’ESSEC Business School trouve pertinent que Maurice veuille s’imposer comme un «knowledge hub». Il est aussi d’avis que «dans le contexte de la mondialisation, si un pays veut exister, il est impératif qu’il ait une stratégie en matière d’enseignement supérieur et de recherche». Qui plus est, le lien entre les entreprises et les universités est primordial, pense Jean-Michel Blanquer, afin d’apporter aux différents secteurs de l’économie l’innovation dont ils ont besoin. Ce lien entre enjeux académiques et pratiques, conclut-il, une école de commerce telle que l’ESSEC peut aider à le développer.