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La mer dans l’âme – François Rogers

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La mer dans l’âme - François Rogers | business-magazine.mu

«Vous croyez que dans une heure, vous allez me connaître ? Moi, je m’étudie depuis 58 ans et je ne me connais toujours pas ! Quelle chance, quelle chance…» Déjà, le ton est donné. François Rogers, président de l’organisation non gouvernementale Reef Conservation, est une personnalité à multiples facettes.

Se décrivant comme patriote et un Mauricien dans l’âme, François Rogers a évolué 35 ans dans le tourisme de loisirs, période au cours de laquelle il a développé son attachement au tourisme de nature. «J’ai commencé en 1980, quand Maurice était à ses balbutiements avec le tourisme, puis ça a démarré très vite», se rappelle François Rogers. Ainsi, au sein de Mautourco, il exercera plusieurs fonctions, notamment responsable de la location de voitures, directeur des opérations commerciales, New Business Development, développement du tourisme de nature ou encore dans la location de croisières/catamarans, qui l’a amené à travailler en étroite collaboration avec les hôteliers.

Ce parcours l’amènera à se rapprocher de Maurice de par son histoire et touchera le passionné d’histoire et de philosophie qu’il est. «Quand j’ai constaté le développement du tourisme au cœur de mon métier, qui a été passionnant, parce qu’il a fallu vraiment faire découvrir aussi la culture aux étrangers, je me suis beaucoup rapproché de la nature. J’ai toujours été un enfant de la mer et toujours vécu à Pereybère. Donc, petit à petit, il fallait avoir une prise de conscience assez forte au niveau de notre environnement», soutient François Rogers.

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Aujourd’hui, son choix est fait. Après la reprise de l’ONG Reef Conservation en 2009, avec une petite équipe dédiée à la préservation de l’environnement marin et du littoral, leur spécialisation est un peu la vocation personnelle de François Rogers. La priorité de l’ONG, énumère-t-il, est la sensibilisation et l’éducation, ce qui est absolument primordial avec la vitesse à laquelle les choses évoluent. «Allons dire qu’il faut faire les gens prendre conscience à tout âge», observe-t-il. Ainsi, Reef Conservation se dévoue à plusieurs initiatives comme EcoSchools, qui est présente dans 61 pays à travers le monde, ou encore le Bis Lamer, un outil pédagogique extrêmement fort.

Autodidacte, François Rogers n’hésite pas à sortir des sentiers battus, et c’est cela qui lui a permis de vraiment apprécier Maurice, de connaître ses petits recoins et de «malheureusement de la voir se dégrader». Il se décidera ainsi à se consacrer entièrement à Reef Conservation et travaille toujours pour le groupe Rogers en tant que consultant en développement durable pour le tourisme de nature.

FrançoisGRAND SOLITAIRE

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La gestion d’un business et d’une ONG sont deux choses différentes, relève François Rogers, ce qui fait qu’il fait face à son lot de défis. Individuellement, on ne va pas très loin, alors que s’adapter automatiquement à des situations est un défi perpétuel. Cependant, c’est aussi accompagné de ce qu’il qualifie de «la plus belle récompense». Les jeunes, observe-t-il, sont en train d’avoir une prise de conscience sur la protection de l’environnement côtier et marin. Idem au niveau des hôteliers et des tour-opérateurs, des compagnies privées et de la presse. «Ça a pris son pli», ajoute l’homme pour qui la mer représente l’infinie.

«La mer est source de tout. Elle a permis aux peuples de voyager, elle a été témoin des premiers pas de la globalisation, nourrit des milliers de personnes tous les jours, est un lieu de loisirs extraordinaire et, finalement, est bien ancrée dans la culture mauricienne. ‘Anu al laplaz’ fait partie des moments familiaux. D’où l’importance d’éduquer les gens sur comment la respecter», ajoute-t-il.

En dehors du cadre professionnel, François Rogers se décrit comme quelque d’assez solitaire, un gros lecteur, et en même temps qui aime partager avec ses amis. La solitude occupe cependant une place spéciale dans sa vie, appréciant les moments tranquilles passés à réfléchir et méditer sur des philosophies. Attention, pas la méditation toutefois car «ça me donne sommeil !»

Marié à Shirley et père de trois enfants, Zelia, David et Anna, François Rogers, âgé de 58 ans, est aussi un grand-père heureux. «On a toujours fait, mon épouse et moi, en sorte que notre maison soit toujours ouverte à notre famille et aux amis de nos enfants car on aime bien ce contact de génération», confiet-il. François Rogers concilie ainsi Reef Conversation, sa vie familiale, sa passion pour la lecture et un peu de photographie sous une seule devise : honnêteté et intégrité dans tout ce qu’il entreprend. «Je n’aime pas du tout qu’on trahisse ma confiance parce que quand je me donne, je me donne à fond», précise-t-il.

Et si tout était à refaire? Pas vraiment. François Rogers n’a pas de rêves d’enfant mais plutôt des rêves tous les jours. C’est important ; il le fait ressortir. «Je n’ai pas de regrets. Je suis content de ce que j’ai accompli et j’ai beaucoup d’autres choses à faire car il ne faut pas rester statique», soutient-il. Comme il le résume si bien : François Rogers, c’est quelqu’un à la personnalité casual smart !

En aparté


Un livre favori

François Rogers lit normalement trois livres en même temps. Il a notamment été marqué par Sensitive, ouvrage de Shenaz Patel. Pour la philosophie, il cite Frédéric Lenoir comme son auteur favori. «Les livres, c’est comme Internet: il faut savoir les choisir, en prendre et en laisser», indique-t-il.

Musique

Le jazz, pour le côté improvisation mais aussi un peu de tout.

Une philosophie bien à lui

«Il faut vraiment analyser le contexte avant de prendre une décision. C’est très bien d’être impulsif, mais il faut quand même avoir de la réflexion et surtout ne pas avoir honte ou peur de se tromper. C’est pour cela que les idées doivent être partagées – dans toute chose, il faut être créatif».

Une destination de voyage

Tout pays est bon à découvrir, mais François Rogers ne quittera jamais Maurice pour de bon. «Zenfan Pereybère, zenfan moris !»