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Les résultats parlent d’eux-mêmes – Naila Hanoomanjee (CEO, Landscope Mauritius)

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Les résultats parlent d’eux-mêmes - Naila Hanoomanjee (CEO

Landscope est née de la fusion de cinq entités, dont certaines chroniquement déficitaires, et plusieurs subsidiaires. Quelle est sa situation financière ?

À la fin de l’année financière 2017-2018, c’est-à-dire au 30 juin 2018, les résultats consolidés du groupe affichaient Rs 184,6 millions de profits. Parmi ses subsidiaires, nous retrouvons Cyber Properties Investment Ltd, BPML Freeport Services Ltd, Informatics Park Ltd et Mauri-Facilities Ltd. Quant à la compagnie, elle a généré Rs 44,6 millions de profits après impôts, ce qui est plus du double (56 %) des résultats de la période précédente. Certes, la branche Business Parks of Mauritius Ltd (BPML) faisait des profits de Rs 12 millions avant la fusion. Mais la State Property Company Ltd perdait, elle, plus de Rs 21 millions et la State Property Development Ltd, pire, accusait un déficit de Rs 95,8 millions à fin décembre 2016. Les deux autres entités qui ont fusionné pour constituer Landscope sont Tourist Villages Company Ltd et Les Pailles International Conference Centre Ltd.

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À quoi attribuez-vous cette remontée des profits ?

En deux ans, les coûts opérationnels ont chuté de 24 %. Il faut savoir que nous revenons d’une situation où, chaque mois, nos dépenses dépassaient nos revenus de Rs 7 millions. Les compagnies ne s’en sortaient qu’en puisant dans leurs réserves.

Donc, nous avons fait une analyse des postes de dépenses et des revenus. Le SME cluster, par exemple, était de ceux qui affichaient des pertes considérables. Pour développer des SME Parks, nous avons été contraints à emprunter à un taux de 5,5 % - 5,8 %, ce qui est assez élevé. Et les PME ne nous payaient jamais. La situation n’était pas viable avec, d’une part, des dettes à rembourser au gouvernement par rapport aux prêts immobiliers et, d’autre part, une absence totale de revenus de la part des PME et les réserves qui ne se renflouaient plus.

Nous avons donc porté ce constat à la connaissance du gouvernement. L’État avait créé la Banque de Développement de Maurice justement pour assurer un soutien financier et technique aux PME. L’État a ainsi statué qu’elles ne devraient pas relever de la responsabilité de Landscope et nous a dégagé de la responsabilité des actifs et passifs de ce segment, ce qui nous a soulagés et aidé à rétablir le contrôle sur notre cash-flow. Suivant la même logique, nous avons aussi rendu le Mahébourg Waterfront car aucune activité ne s’y développait.

D’autre part, je me suis battue bec et ongles pour récupérer le Riche Terre Business Park. À l’origine, il était développé par le ministère des Terres et du Logement. Mais, étant donné que la fonction de Landscope est de gérer les parcs immobiliers appartenant à l’État, nous avons pu le placer sous notre houlette. Avec le Riche Terre Business Park, nous avons Rs 35 millions de revenus additionnels annuellement. C’est ainsi que nous avons pu diminuer nos coûts, faire rentrer des revenus profitables et reprendre le contrôle sur notre situation financière.

Pour mener à bien la fusion des cinq entreprises, un consultant a fait un état des lieux et a émis des recommandations en juillet de l’année dernière. Nous avons déjà appliqué 80 % de ces recommandations. Le recrutement de professionnels aguerris aux postes de Head of Human Resources et de Finance Manager a permis de structurer la compagnie en profondeur et de clarifier l’organigramme. La prochaine étape est le recrutement d’un Salary Commissioner.

Votre salaire est souvent débattu dans l’arène publique…

Nous étions trois CEO au départ. L’un des CEO touchait, à lui seul, Rs 350 000. À la suite de la démission des deux autres CEO, je me suis retrouvée face à d’immenses défis à relever. Quand on fusionne cinq entreprises, les grincements de dents et épreuves sont inévitables… C’est ma solide expérience professionnelle qui m’a permis de relever tous les défis. Avant de regagner Maurice, j’ai travaillé en Grande-Bretagne dans le milieu de l’immobilier et de la Real Estate Finance. J’ai été Senior Associate Partner en tant que Chartered Quantity Surveyor sur des projets aussi prestigieux que l’emblématique Gherkin de Londres. Et j’ai été Associate Director de la société McBains Cooper.

C’est le hasard qui a voulu que je remarque une annonce parue dans la presse, recherchant un CEO pour une Property Developer Company. J’ai répondu en pensant qu’il s’agissait d’une société privée. Pour la petite histoire, j’ai payé mon billet d’avion pour venir au premier tour des entretiens et le deuxième s’est fait par Skype. Et c’était une vraie décision familiale pour rejoindre Maurice, ce qui n’est pas facile. Un an après ma prise de poste, la fusion des entités a été annoncée et le cours des choses a fait que je me retrouve avec les responsabilités de trois postions de CEO à Landscope.

Ces remous médiatiques ont nécessairement un impact délétère sur le moral des employés ?

Ce que j’ai initié, c’est la staff conference annuelle, au mois de juin, à l’occasion de la publication des rapports et des bilans financiers et les présentations des projets en cours. Il n’y a pas que moi qui viens présenter le résultat annuel, mais c’est l’ensemble du Senior Management, dont le Head of HR, le Head of Finance et le Head of Development Team, entre autres. À ce moment, l’information est partagée et les employés savent quelle est la direction prise par la compagnie. Ils peuvent poser des questions, ce qui permet d’écarter les craintes par rapport à toute rumeur de pertes.

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Il semblerait que le Rose Belle Business Park soit un échec ?

Ce parc immobilier n’a pas été loué. 50 % des lots ont été vendus pour financer le bâtiment construit. Ce que font les acheteurs après la vente ne concerne plus Landscope. Cette zone est attirante pour les entreprises qui souhaitent faire de l’exportation via le fret aérien. Le gouvernement nous a conseillé de garder cinq lots pour un pharmaceutical park. Deux lots ont été loués, l’un pour une cancer clinic et un pharmaceutical plant et le deuxième lot accueillera une société qui produira des verres pour les lunettes. Nova Healthcare a déjà fait sa demande de permis de construction auprès du conseil de district de Grand-Port.

Qu’en est-il des terrains à Riche Terre ?

Le gouvernement vient de nous louer les terrains de Riche Terre Business Park. Landscope les sous-loue à des promoteurs. L’EDB a fait son expression of interest et 80 % des lots ont été sous-loués. Il reste 5 à 6 lots. Nous complétons les infrastructures pour l’eau et l’électricité. Ceux qui ont signé leur lease ont déjà soumis leur demande de permis de construire. À l’origine, 500 arpents avaient été confiés à Jin Fei, mais ils n’ont pas été exploités. Le gouvernement leur a laissé 175 arpents pour construire la Smart City de Jin Fei. Et les 325 arpents restants ont été sous-divisés. Ils seront loués pour les activités de warehousing and logistics. Le loyer bénéficie d’un subside du gouvernement pour les dix premiers ans de location, ce qui est très intéressant.

Il y a une certaine perception que les projets pilotés par Landscope profitent surtout gros promoteurs. Qu’en est-il ?

Si nous prenons le projet Côte d’Or, nous offrons des lots d’un à cinq arpents. Ces superficies n’intéressent pas les gros promoteurs car ils convoitent des lots de cinq à dix arpents. Par ailleurs, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Economic Development Board. Nos loyers sont nettement plus intéressants que le secteur privé. Et l’EDB fait office de passerelle entre nous et les investisseurs qui souhaitent s’installer à Maurice. À vrai dire, nous étions tellement engagés dans la restructuration de Landscope que nous n’avons pas pu consacrer du temps à développer l’aspect communication. Depuis la parution des résultats, nous avons mis les bouchées doubles pour renforcer la communication à l’égard du public.

À Ébène, outre les difficultés de parking et de circulation, il y a un réel problème concernant les marchands ambulants. Comment y remédier ?

Déjà, il faut mentionner que l’aménagement d’un poste de police au cœur d’Ébène a grandement amélioré la vie au sein de la cybercité. Les marchands ambulants vendaient de la nourriture au petit bonheur, à même le coffre de leurs véhicules, sans aucune hygiène. En attendant une solution permanente, nous leur avons attribué un espace où ils peuvent opérer.

Quelles sont les priorités de Landscope pour l’année 2019 ?

Le projet du Cruise Terminal aux Salines démarrera dans environ trois mois. C’est une priorité car, en parallèle, nous allons fournir les infrastructures pour tout le développement autour. Par ailleurs, l’autre projet majeur est Côte d’Or Smart City. Sur ce projet, il faut savoir que nous partons vraiment de rien car il n’y a aucune infrastructure préexistante. Nous commencerons par une petite base pour les premières infrastructures, que nous étendrons au fur et à mesure dans le temps.

Et nous avons aussi le projet d’Ébène Regeneration, qui avait été proposé par Gérard Sanspeur, en tant que Senior Advisor, et qui avait été annoncé dans le Budget. Un consultant a d’ailleurs déposé son rapport et nous en suivons les recommandations à la lettre pour tout ce qui relève du domaine exclusif de Landscope.

Toutefois, certains aspects relèvent de la collaboration avec les autres ministères ou corps paraétatiques, et cela coince avec leurs projets de développement. Par exemple, une solution de décongestionnement d’Ebène qui a été proposée est de tourner à droite au niveau du NG Tower. Or, la Road Development Authority a aussi un projet prioritaire de l’ordre de Rs 500 millions pour la construction d’une route à cet endroit.

De même, le constat a été fait qu’il y a trop de bus qui circulent dans Ébène. Selon l’étude, il y a un bus par minute qui y circule hors des heures de pointe. Avons-nous besoin d’une telle fréquence en ‘offpeak’ ? Nous avons approché la NTA, qui gère la rotation des bus mais nous n’avons pas encore eu de solution pour la réduction des arrivées pendant l’off-peak time.

À l’ouverture de l’Ebène Car Park, RHT Bus Services va assurer un système de navettes. L’une des solutions auxquelles on pense, c’est de faire desservir tout Ébène par les navettes en transformant les arrêts d’autobus en points de collecte, et que les bus n’y entrent plus. Ce sera une navette gratuite qui permettra de décongestionner la circulation intérieure.

D’ailleurs, concernant le projet Ebène Car Park, les constructions sont en cours et devraient être livrées en novembre 2019. Il fournira 900 places de parking supplémentaires. Landscop

Landscope en chiffres

Landscope gère actuellement 33 immeubles, 21 sites, 1 255 places de parking, environ 11 820 m2 de centres commerciaux et aires de jeux, plus de 77 000 m2 d’espaces de bureaux et plus de 81 500 m2 d’espace industriel. Landscope détient également terres totalisant une superficie de 1 100 hectares.
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