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Portrait Rencontre

Nadia Daby Seesaram (Présidente du CIDB) – Une nature passionnée

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Nadia Daby Seesaram (Présidente du CIDB) - Une nature passionnée | business-magazine.mu

Nadia Daby Seesaram est l’introvertie qui réfléchit posément avant d’agir, la sensitive qui croit ce qu’elle voit, la penseuse qui cherche la logique en tout et s’exprime de façon directe et, enfin, la professionnelle qui adore suivre son plan d’action ; le repos venant après. Mais tenter de percer à jour Nadia Daby Seesaram revient à refermer ses doigts sur l’eau. Non qu’elle cultive le secret à tout prix, mais elle se livre en creux. Ceux qui la connaissent savent qu’elle est de nature réservée aussi bien sur sa vie personnelle que sur ses réussites professionnelles… une humilité qu’elle tient de ses parents.

Revenant d’un chantier, Nadia Daby Seesaram affiche une fraîcheur qu’on lui envierait presque. Elle affiche surtout une confiance à gravir le Kilimandjaro. D’ailleurs, elle l’a déjà fait et se remémore avec fierté la vue grandiose qui s’étalait à ses pieds. Elle arbore également un caractère aussi volubile et affable que son personnage s’avère discret. Difficile de ne pas la laisser mener la conversation, surtout quand elle parle de sa passion pour le trail. Elle fait partie de la ligue de trail de Maurice. Cela lui demande de l’endurance d’où un entraînement intensif tous le samedi matin.

«Je me suis fixé cette rigueur, et c’est la même rigueur que je me suis fixé pour mon travail. Mais rien ne doit devenir une contrainte», confiet-elle. Ainsi, chaque heure d’entraînement ou de compétition passée en course à pied en forêt, en montagne ou sur la plage est un moyen de communier avec la nature et, plus important encore, un moyen de se ressourcer. Cependant, ayant aussi un esprit de compétition, et bien qu’elle fasse des podiums, elle ne cesse de se répéter qu’il lui faudrait courir plus dans un souci d’amélioration continue.

Nous sommes à deux mois de la fin 1969. Le 30 octobre précisément. Ce jour-là, Emílio Garrastazu Médici accède à la présidence du Brésil. Hanoï, de son côté, proteste contre des bombardements américains et au Moyen-Orient, Yasser Arafat réclame la liberté d’action totale pour les fedayins. Cette même année, Nadia Daby Seesaram voit le jour à Maurice

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Son enfance et son adolescence se déroulent au gré des cycles scolaires et surtout des vacances scolaires de l’école, puis du collège et enfin du Lycée La Bourdonnais. C’était alors le seul établissement français d’enseignement à Maurice. Adorant la nature, elle a su dès le début qu’elle ne voulait pas être enfermée dans un bureau. «Toutefois, je ne suis pas sûre d’avoir rêvé à un métier en particulier. Ce dont je suis sûre, en revanche, c’est que j’étais plus attirée vers un métier actif, tourné vers les grands espaces», nous ditelle avec ce rire qui illumine instantanément la pièce. En témoignent d’ailleurs trois photos d’elle que ses parents ont récemment retrouvées et qui doivent dater des années 70-80. On la retrouve sur un dumper, sur un rouleau compresseur et, enfin, dans un camion nacelle. Etait-ce déjà la mise en condition pour rejoindre le secteur de la construction ?

Par la suite, après son baccalauréat, où elle obtient une bourse dans la filière sciences de la terre en 1987, elle met le cap sur la France pour poursuivre ses études. Admise en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles, elle est diplômée en 1994 de l’École supérieure en Génie de l’Environnement et de la Construction en passant par une Maîtrise de Sciences et Techniques de la Mer en 1992. C’est là le début d’une carrière bien remplie. En effet, en 1995, elle a intégré le Bureau de Recherche en Géologie Minière (BRGM, Orléans, France). Elle est responsable de l’instrumentation hydrogéologie et géotechnique pour sa filiale Iris Instruments qui a aussi pour actionnaire le japonais Oyo, le Japon étant à la pointe de la technologie en matière de géotechnique et surtout de géophysique dans un pays que l’on sait régulièrement secoué par des tremblements de terre et catastrophes potentielles qui en découlent. Elle rejoint en 1998 Scintrex Europe, spécialisée en instrumentation géophysique, filiale européenne de Scintrex Canada. Elle gravite entre la France, où elle est basée, l’Europe et l’Afrique francophone et, bien évidemment, le siège à Toronto.

«Deux ans plus tard, j’ai accepté un poste pour le développement de nouveaux marchés chez le suédois Mala Geoscience, toujours en instrumentation géophysique, et j’ai alterné entre mon bureau en France et le siège en Suède. Mais, en 2002, j’ai pris la décision de me reconcentrer sur l’environnement et de revenir au pays, car Maurice souffre d’un mal qu’il faut endiguer : le développement irréfléchi. Mon objectif était de faire rimer environnement et construction dans un souci de développement durable», relate-t-elle.

C’est à partir de cette réflexion qu’elle crée la société Enviro-Consult en 2002. «Aujourd’hui, je suis fière de ses 17 ans d’existence, de dur labeur passé, présent et futur. La voie que j’ai choisie n’est certes pas de tout repos, mais je ne changerai de vie professionnelle pour rien au monde. C’est une profession noble que celle d’ingénieur environnement car nous ne faisons pas que concevoir ou superviser la construction des projets ; nous sommes aussi concernés par la protection de notre ressource la plus précieuse, la Nature. Et je suis rassurée de voir qu’il y a un réel intérêt, surtout de la part des jeunes, pour préserver cette richesse qui constitue un bien commun que nous léguerons aux générations futures», lance-t-elle. Aujourd’hui, en tant que fondatrice et directrice du cabinet Enviro-Consult, elle a à cœur le développement réfléchi des projets de ses clients. Le développement est certes nécessaire à la croissance de notre économie, reconnaît-elle, mais il faut un développement raisonné. D’où son implication dans les aspects environnementaux des projets afin d’en minimiser l’impact et d’apporter une valeur ajoutée. Par ailleurs, son cabinet apporte son expertise en ma-tière d’investigation géophysique qui permet, notamment dans le contexte mauricien, de déceler des cavités et tunnels de lave afin de s’assurer de la constructibilité des terrains. Elle préside actuellement le conseil d’administration du Construction Industry Development Board (CIDB), le régulateur de l’industrie de la construction. Il s’agit de préparer et de développer les politiques de l’industrie en accord avec le cadre légal qui régit le CIDB et les attentes et besoins d’une industrie de la construction en pleine croissance.

Nadia