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Raymond Guillouzo : la maîtrise de l’entrepreneuriat en partage

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Raymond Guillouzo : la maîtrise de l’entrepreneuriat en partage | business-magazine.mu

Avant de s’installer à Maurice en 2011 et d’y fonder sa compagnie, RG Consulting, Raymond Guillouzo occupait les fonctions de maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de Rennes 2, en France. Rencontre avec un passionné de création d’entreprise.

Professeur émérite, consultant-expert international, formateur en comptabilité financière, entrepreneuriat et stratégie d’entreprise, ex-directeur de l’Institut de la Francophonie pour l’Entrepreneuriat (IFE), le curriculum vitae de Raymond Guillouzo témoigne de riches accomplissements.

L’homme de 64 ans a la douceur d’un pastel. Ses yeux, ses mouvements, sa manière de nous aborder laissent transparaître une certaine bonhomie. Dans le domaine du management, Raymond Guillouzo passe pour un équilibriste de haute volée et dans sa vie de tous les jours, on le connaît comme un conquistador avide de savoir. «Je suis toujours en train d’apprendre. C’est un processus qui ne se termine jamais», nous dira-t-il.

Fils de paysans, Raymond Guillouzo est né en Bretagne, dans l’ouest de la France. Se considérant comme un vrai Breton, il ne nie pas la réputation qu’a ce peuple d’être têtu. «Je pense que c’est vérifié ; je suis fidèle à l’adage.» Il a passé l’essentiel de son enfance dans sa région d’origine et a d’ailleurs pour langue maternelle le breton, qui diffère complètement du français.

Avant de poser ses valises à Maurice, Raymond Guillouzo, que l’on surnomme affectueusement le «Mauriton» – amalgame de Mauricien et Breton –, était maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de Rennes 2. Ce passionné cumule les diplômes. Il a tout d’abord fait un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) et un Certificat d’aptitude à l’administration des entreprises (CAAE) à l’Institut de gestion de Rennes, en 1976. Après cela, il sera engagé en tant qu’adjoint au directeur du personnel d’une filiale du groupe Safran. Il a alors 24 ans et restera à ce poste pendant une année.

Raymond Guillouzo bifurque ensuite vers l’enseignement et débute une carrière de professeur d’économie et gestion au lycée. «C’était plutôt paradoxal parce que quand j’étais étudiant, je me disais que je n’embrasserais jamais une carrière d’enseignant. Ce n’était pas une ligne tracée ; la vocation est venue un peu par hasard et j’ai enseigné en lycée pendant treize ans.» En 1981, il obtient son Certificat d’aptitude professionnelle à l’enseignement technique (CAPET) d’économie et gestion. Puis, en 1991, il décroche un Diplôme d’études approfondies (DEA) de sciences de gestion à l’Institut de gestion de Rennes. Raymond Guillouzo sera par la suite détaché à l’Université de Rennes 2 en tant que professeur d’économie et gestion. 

Sa soif de connaissances poussera Raymond Guillouzo encore plus loin. Tout en étant professeur à l’université, il prépare son doctorat en sciences de gestion, à l’Université de Rennes 1. Sa thèse intitulée Les stratégies de coopération dans l’industrie informatique – une lecture en termes de portefeuille d’accords reçoit les félicitations du jury à l’unanimité. Ce qui le propulse au rang de maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de Rennes 2. Une décennie plus tard, il obtient son habilitation à diriger des recherches.

Un autre moment fort de la carrière de Raymond Guillouzo a été quand il a créé et dirigé un Master 2 en Commerce international avec les pays d’Europe de l’Est et de l’ex-URSS. Il découvre alors un monde qui lui était tout à fait inconnu et voit arriver dans son cours des étudiants de la Moldavie qui n’étaient jamais sortis de leur pays mais maîtrisaient quand même quatre langues. «Certains ont même terminé  major de leur promotion et ont créé leur entreprise depuis.»

En 2011, Raymond Guillouzo arrive à Maurice où il se voit proposer la direction de l’IFE. La soixantaine fringante, l’esprit alerte, il veut tester ses limites et accepte ce nouveau challenge. Il passe trois ans à la tête de l’institut et pouvait ensuite rentrer en France, où son poste l’attendait à l’université de Rennes. Raymond Guillouzo décide cependant de rester à Maurice, de se mettre à son compte et de travailler avec les gens d’ici. Choix qu’il ne regrette pas. C’est ainsi qu’il met sur pied RG Consulting, son entreprise.

«Actuellement, j’ai trois fonctions : je donne des cours en master, j’offre des services de ‘consulting’ aux entreprises et je réponds à des appels d’offres pour la réalisation d’études. Je travaille en ce moment sur une étude sur l’Entrepreneuriat dans l’océan Indien pour la Commission de l’océan Indien», fait ressortir Raymond Guillouzo avant d’ajouter : «Mais surtout, je prends le temps de vivre à Maurice.»

Il est à souligner, par ailleurs, qu’en rédigeant sa thèse de doctorat, Raymond Guillouzo a pris goût à l’écriture, ce qui l’amènera à publier deux ouvrages, Comptabilité de gestion (2015) et Comptabilité Générale (2016), tous deux dans la collection Les Fondamentaux. Le dernier ouvrage qu’il a coordonné – Entrepreneuriat, Développement durable et Territoires – a reçu en mars 2016 le prix Turgot, décerné par le Forum Francophone des Affaires (FFA) et remis par Emmanuel Macron, ministre français de l’Économie. «Ce prix m’est très cher car il est la reconnaissance d’un travail d’équipe et est également une reconnaissance pour la région. L’ouvrage comporte un chapitre sur Ravi Jetshan de Ravior, un autre sur Rodrigues et un autre encore qui fait en partie référence à Madagascar», expose-t-il.

Rodrigues, avoue Raymond Guillouzo, est une île qu’il aime beaucoup. «La musique rodriguaise est très proche de celle de la Bretagne. Je n’avais jamais dansé sur une musique rodriguaise avant mais je n’ai eu aucun mal à m’y mettre. Culturellement, je me suis senti très proche de Rodrigues. D’ailleurs, à la demande de Serge Clair, j’avais entrepris un rapport pour un plan stratégique de développement de l’entrepreneuriat à Rodrigues en 2013.»

À l’heure actuelle, Raymond Guillouzo se concentre sur la rédaction d’un nouvel ouvrage, Entrepreneuriat – Comment créer son entreprise, à paraître en 2017. Sa passion pour l’entrepreneuriat, affirme-t-il, s’est accrue en arrivant ici. Suivant de près ce secteur sur le plan local, il est d’avis que le tissu des petites et moyennes entreprises mauriciennes mériterait d’être davantage développé. Raymond Guillouzo a, en outre, un vif intérêt pour les projets conçus par les Mauriciens et estime que l’accent devrait être mis sur des secteurs à fort potentiel tels que l’agroalimentaire ou la pêche. 

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