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Portrait Rencontre

Shalini Jugessur (Centre Lead, Accenture Technology) – La force tranquille

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Shalini Jugessur (Centre Lead

Du haut de son bureau à Ébène, nous contemplons au-delà de la grande baie vitrée les véhicules, aussi petits que des jouets, défiler dans la rue. Loin d’être lassant, ce mouvement a quelque chose d’apaisant. Tout comme le regard que pose sur nous Shalini Jugessur. La nouvelle capitaine du vaisseau d’Accenture Technology arbore une coupe de cheveux parfaite, une tenue impeccable et un teint lumineux… Bref une fraîcheur qu’on lui envierait presque en ce lundi.

«Je suis une grande timide mais je me soigne», se lance-t-elle d’emblée mais sans précipitation. «Je me retrouve en difficulté quand je dois me mettre à parler devant une audience. Je pense que si nous étions au bar du Hennessy autour d’un verre, vous m’auriez trouvé plus sympathique et plus détendue», nuance-t-elle dans un éclat de rire.

À travers cette confidence dressée au seuil de l’échange, la jeune femme baisse d’un cran la garde et affiche un sourire entendu. Parler d’elle n’est pas chose facile, mais elle retrace de bonne grâce le chemin parcouru depuis son enfance à Curepipe. Écho d’une enfance heureuse au sein d’une fratrie de quatre. Étant l’aînée, elle s’est toujours sentie investie de responsabilité. Caractéristique qu’on retrouve ancrée chez elle. Elle a effectivement un fort sens de la responsabilité et va toujours au fond de tout ce qu’elle entreprend.

Elle a grandi dans un environnement où elle a eu tout ce qu’il lui fallait pour réussir académiquement et dans la vie. Ses parents étaient exigeants par rapport à tout ce qui touchait à l’éducation, aux résultats et à l’effort. Toute petite fille, elle rêvait d’être tour à tour hôtesse de l’air, institutrice et gendarme. «Je suis fan de Louis de Funès», précise-telle. Mais en grandissant, elle découvre Patricia Cornwell et dévore avec délectation ses œuvres, se voyant même médecin légiste, comme Kay Scarpetta, le personnage de Cornwell.

Après sa scolarité secondaire au collège Queen Elizabeth, elle a été titulaire d’une bourse d’études française. C’est dans une École Supérieure d’Électricité – CentraleSupélec – qu’elle obtient son diplôme d’ingénieur en Information Systems and Computer Science. «J’adore les sciences, la physique, les mathématiques ; je me suis naturellement orientée vers les matières scientifiques à l’école. L’ingénierie m’a par la suite attirée car je voulais tout le temps comprendre comment marchent les choses. En France, à la sortie d’une école d’ingénierie, cela donne l’opportunité d’intégrer beaucoup de secteurs. Et moi je suis tombée dans les systèmes d’information»,relate-t-elle.

Diplômée en 2001, elle postule un peu partout, et c’est au sein de Total qu’elle fera ses preuves. «Total était parmi les entreprises où je n’avais pas postulé. C’est son cabinet de recrutement qui m’a contactée car il y avait différentes opportunités qui se présentaient dans l’entreprise. À partir de là, j’ai tracé ma route et je me suis très rapidement orientée vers la gestion des projets et non vers l’ingénierie pure», dira-t-elle.

Au sein de Total, elle a occupé quatre postes successifs. Travaillant beaucoup à l’international, elle est amenée à voyager dans plusieurs pays d’Europe, sur le continent africain, aux États-Unis. Cela lui apporte alors une grande ouverture et lui a permis de travailler avec différentes personnes d’horizons divers. «Travailler dans de tels environnements permet de grandir. Cela se passait très bien et après huit ans, je les ai laissés, un peu à contrecœur», soutient-elle.

PLUS GROS, PLUS COMPLEXE, PLUS NOVATEUR

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Après quatorze dans l’Hexagone, l’envie de rentrer au pays et de se rapprocher de sa famille et de celui qui allait devenir son époux la titillait. Elle s’est alors mise à la recherche d’opportunités à Maurice. Son choix était dirigé vers des entreprises qui avaient un peu la même envergure que Total. Ses recherches l’ont conduite à Accenture. Cette multinationale était quelque peu similaire à l’environnement qu’elle avait connu chez Total. Toujours en France, elle accepte l’offre d’Accenture. «Je voulais que cela se fasse vite. Nous étions en 2009 et mon dernier jour chez Total en France était un vendredi. J’ai pris l’avion le lendemain, je suis rentrée à Maurice le dimanche et lundi, j’étais dans les bureaux d’Accenture pour relever ce nouveau défi. Je n’ai pas voulu de temps mort ; peut-être parce que je ne voulais pas me donner le temps de réfléchir ou encore d’avoir des regrets», souligne-t-elle.

Au début, elle se retrouve responsable des équipes d’infrastructure. Elle passe huit mois à ce premier poste. Puis, on lui confie rapidement le poste de Chef de projets pour les clients d’Accenture. Cela consistait à gérer les systèmes d’information pour le compte de grosses entreprises internationales. Sa tâche consistait aussi à les aider dans tous les aspects technologiques de leurs métiers. Après une année, l’entreprise lui confia un plus gros contrat. C’est ainsi que se faisait la progression de carrière. Le poste restait le même, mais le contrat devenait plus gros, plus complexe, plus novateur.

L’expérience acquise en France est un atout sur lequel elle s’appuiera et qui l’aidera à évoluer. Par la suite, elle accède au poste de responsable de portfolios, qui consistait à prendre sous sa charge un groupe de clients et de gérer un ensemble de contrats. Entre son premier poste de chef de projets jusqu’à celui de responsable de portefeuilles, sept ans se sont écoulés. Après cela, pendant deux ans, elle a occupé le poste de responsable d’industrie. Sa persévérance finira par payer car elle occupe depuis deux mois le poste de Responsable du Centre de Technologie. Elle a sous sa charge 1 200 personnes. «Quand je suis arrivée, en 2009, le centre de technologie comprenait 400 personnes ; c’est un pôle business qui a triplé», dit-elle.

Aujourd’hui, sa vision pour Accenture Techno-logy est positive. «C’est un secteur d’envergure qui va continuer à croître. Ma vision, c’est aussi d’innover continuellement. Aujourd’hui, nous avons des demandes supérieures à ce que nous sommes capables de faire», indique-t-elle. L’une de ses priorités est de fournir aux clients d’Accenture Technology un service de premier plan, en s’appuyant sur l’analyse, l’innovation, l’automatisation et les technologies émergentes.

La demande pour l’informatique et les métiers de la technologie est exponentielle.

Un de ses objectifs, à travers Accenture Technology, c’est d’orienter les personnes vers les métiers de la technologie à travers Accenture Academy et les initiatives Hour of Code et Cracking the Code qui visent le développement des compétences technologiques des enfants et des jeunes. Et en tant que sponsor principal du programme Inclusion & Diversity d’Accenture à Maurice, Shalini Jugessur s’est engagée à atteindre la parité au sein d’Accenture Technology à Maurice d’ici à 2022. Cela en favorisant un environnement de travail inclusif.

EN APARTÉ

Un pays marquant :

«J’adore la France, qui a été mon pays d’adoption. Mais chacun de mes voyages m’a apporté quelque chose. J’aime Bali, la Thaïlande. J’adore aussi l’Italie car à chaque coin de rue, il y a quelque chose à voir et on y mange bien.»

Sa cuisine préférée :

«Je n’aime pas une cuisine en particulier. Je suis ouverte à tout et j’aime quand c’est bon.»

Un talent qu’elle aurait aimé avoir :

«J’aurais voulu savoir jouer du violon ; je trouve cela magnifique. Mais, je n’ai jamais eu l’opportunité d’apprendre.»

Une date importante de sa vie :

«Ce sont les deux dates de naissance de mes enfants ; le 8 décembre 2010 et le 16 décembre 2011.»

Son genre littéraire :

«Mes goûts ont évolué. J’adore les polars mais je me retrouve à lire un peu de tout ; cela dépend aussi de mon humeur.»

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