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Portrait Rencontre

Sunil Ramgobin: le métier de banquier tenu en haute estime

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Sunil Ramgobin: le métier de banquier tenu en haute estime | business-magazine.mu

Récemment nommé à la tête du département «International Banking» de Barclays Maurice, Sunil Ramgobin revient sur son parcours au sein du secteur bancaire. Riche en rencontres et en expériences, il lui a permis d’appréhender toute la noblesse de sa profession.

Verbe lent et geste mesuré, Sunil Ramgobin ne partage pas l’agitation inhérente au monde de la finance. Approchant la cinquantaine, il a à son actif plus de vingt ans d’expérience en matière d’investissement, de gestion de biens, de finance islamique, de redressement d’entreprise et de services bancaires destinés à des firmes et autres clients internationaux.

Ce père de deux filles âgées de dix-huit et huit ans est lui-même l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Ses parents, originaires de Mahébourg, ont emménagé à Vacoas quand il était encore tout jeune. Puis, dans les années quatre-vingt, ils décident de mettre le cap sur le Botswana pour aller y travailler, laissant Sunil et ses deux frères à Maurice. «Mes parents ont passé beaucoup de temps au Botswana. Mes frères et moi sommes restés au pays et nous avons vécu presque seuls, avec l’aide de la famille», raconte l’homme, sans l’ombre d’un reproche dans la voix, toutefois.   

En se remémorant cette période de sa vie, Sunil Ramgobin avoue que «c’était dur», mais il goûtait aussi alors aux prémices de la liberté en même temps qu’il apprenait à être indépendant et responsable en s’occupant de ses jeunes frères. Après avoir fréquenté l’école AryanVedic de Vacoas et le JSS de Rose-Hill, il choisit l’Hexagone pour poursuivre ses études. Celui qui, enfant, rêvait de devenir pilote de ligne, se voit intégrer l’Université Lille 2 Droit et Santé. Au même moment, l’établissement mettait en place son École supérieure des affaires et en 1992, Sunil Ramgobin se retrouve parmi les premiers de la promotion de cette école en obtenant une maîtrise en droit des affaires avec spécialisation en gestion financière à long et court termes.

Une année plus tard, en 1993, à l’occasion d’une réunion familiale sur le sol natal, Sunil Ramgobin  décide de revenir vivre à Maurice où il retrouve ses parents. Peu de temps après, il décroche un emploi dans le secteur offshore, à BNP Paribas. Il y sera initié à l’univers bancaire par Giandeo Pittea qui lui apprend non seulement les techniques requises mais lui inculque aussi le sens de l’organisation, de la discipline et du respect. La discipline est d’ailleurs pour Sunil Ramgobin un facteur clé dans ce secteur et il se souvient encore aujourd’hui d’un incident qui aurait pu lui coûter très cher : «À BNP Paribas, je m’occupais également de la salle des marchés. Un jour, en couvrant une opération, je l’ai fait dans le sens inverse. Je me suis immédiatement aperçu de mon erreur et j’ai rectifié le tir. Cela m’a servi de leçon

BNP Paribas offre au professionnel l’occasion de s’imposer par la qualité de son travail et sa capacité à apprivoiser les sujets financiers les plus pointus. Il obtient ainsi la reconnaissance de ses pairs et se fait remarquer par Barclays Bank PLC qui fait appel à lui pour diriger et développer son département International Banking. Sunil Ramgobin accepte ce poste en janvier 2001. Ses fonctions l’amèneront à travailler avec le directeur général de la Barclays à l’époque, Jacques de Navacelle, sur l’acquisition de BNP Paribas.

À ce même poste, il côtoie Marcus Andrade de Barclays Afrique du Sud qui, suivant son entrée à la Standard Bank en 2006, demande à Sunil Ramgobin de l’y rejoindre. La banque avait un bureau à Maurice et voulait y monter une «fully fledged banking operation». Il participe pleinement à la réalisation de ce projet et de juin 2006 à octobre 2007, assume les fonctions de Regional Director-Corporate & Investment Banking à la Standard Bank.

Marcus Andrade quittera par la suite la Standard Bank pour se consacrer à la mise sur pied de l’Al Rajhi Banking & Investment Corporation, première banque islamique au monde basée en Arabie saoudite. Il recherchera là encore la collaboration de Sunil Ramgobin qui acceptera avec enthousiasme ce nouveau challenge. De fait, lui qui avait évolué jusque-là dans des banques commerciales traditionnelles, y voit l’occasion de découvrir autre chose. Il s’envole donc pour l’Arabie saoudite et est nommé Head of Trade and Structured Trade Finance au sein de cette banque.           

Sa carrière, aime à dire Sunil Ramgobin, est ponctuée d’«heureuses coïncidences». L’une d’elles est sa rencontre avec le chairman de la State Bank of Mauritius (SBM) à bord d’un avion faisant route vers Maurice, il y a quelques années. Les deux hommes qui ne se connaissaient que de vue trouvent alors le temps de converser. «De fil en aiguille, il a essayé de me convaincre d’intégrer la State Bank. Nous étions en juin 2008 et j’ai effectivement franchi le pas en octobre de cette année-là», relate-t-il. En tant que Head of Corporate, International & Investment Banking de la SBM, il aura sous sa responsabilité toutes les activités de la banque à l’international, notamment en Inde et à Madagascar. Il lui incombera aussi de gérer la division Investment Banking de la SBM ainsi que des subsidiaires non bancaires de l’institution. Sunil Ramgobin demeure à la State Bank jusqu’en avril 2011. Et pour cause, un défi de plus l’attend à la Banque des Mascareignes dont il devient vice-président des pôles Corporate, International Banking et Treasury.

À son arrivée à la Banque des Mascareignes, se remémore Sunil Ramgobin, celle-ci
peinait à décoller, faisant face à des difficultés liées à des facteurs opérationnels et au branding. Il reviendra donc au professionnel de ramener sur les rails les unités Corporate Banking et International Banking de la banque en vue d’en accroître les revenus relatifs aux échanges commerciaux. Dans ce cas, Sunil Ramgobin mettra à profit des connaissances et un savoir-faire acquis quand il travaillait dans un cabinet spécialisé en redressement judiciaire – le cabinet Mercier – en France après ses études. Une expérience qui lui a permis de se familiariser avec la méthodologie de la restructuration.

En janvier 2015, Sunil Ramgobin renoue avec la Barclays, devenue depuis Barclays Maurice, toujours à la tête du département International Banking. «C’est un plaisir pour moi de revenir dans un groupe que je connais», confie-t-il avant d’expliquer que «le segment de l’International Banking joue un rôle pivot pour le groupe en Afrique aujourd’hui. Notre idée n’est pas de vendre Barclays Maurice mais Barclays Afrique. Nous servons d’ici notre clientèle locale qui veut investir en Afrique, mais nous partons ensuite au-delà de nos frontières pour superviser ses activités sur le continent.»