Sylvia Pagès, l’entrepreneuriat dans la peau

Sylvia Pagès incarne l’image de la femme moderne. Elle est d’ailleurs la figure emblématique d’Entreprendre au Féminin dans l’océanIndien. Loin des feux des projecteurs, elle renoue avec son côté simple et naturel.

Paire de jeans et sandales... C’est en tenue décontractée que Sylvia Pagès nous reçoit chez elle à Ivato. Sa voix douce ne trahit point sa nature simple. Mais elle est loin d’être fragile, car derrière cette façade candide s’érige une battante.

Fille de Claude Pagès, ancien maire de Mahajanga, la jeune femme a longtemps baigné dans le monde de l’entrepreneuriat, chasse gardée des hommes. Cette affinité lui a insufflé l’a� de monter sa propre société, Exofruimad ou Eoah, qui est engagée dans la production de jus de fruits. Être chef d’entreprise s’inscrit dans la logique des choses. Elle affirme de manière spontanée : «J’ai été élevée dans une famille d’entrepreneurs. C’estdonc tout naturellement que j’ai été amenée à ma propre entreprise». Pour elle, être une femme constitue un atout et non un handicap comme certains le pensent. D’ailleurs, elle n’a jamais eu de problème lié au genre et encore moins à l’égalité entre homme et femme. Pour elle, la réussite se construit. Le secret réside dans la persévérance, comme cela s’apprend dans toute leçon de management.«Être une femme c’est être capable, travailler dur pour arriver à une certaine place.Dans le monde de l’entrepreneuriat, il faut une forte capacité doublée de persévérance pour réussir», fait-elle remarquer.

La réussite professionnelle de Sylvia Pagès n’empiète en rien sur sa vie privée, malgré son agenda chargé. Mère de deux petites filles, elle essaie de trouver le juste équilibre entre famille et travail comme toutes les femmes modernes. « Elle ne tient jamais ses promesses », lance sa cadette qui a toujours à l’esprit l’une des promesses non tenues par sa mère. « J’étais à Maurice ce jour-là, mais mon mari et moi avions convenu de se remplacer en l’absence de l’autre. Certes, je jongle entre ma vie professionnelle, familiale et associative en même temps, mais ma vie de famille passe toujours avant tout », renchérit-elle. Étant chef de sa propre entreprise, elle peut théoriquement programmer elle-même sa propre journée. Néanmoins, elle avoue avoir un emploi du temps surchargé. « Vingt-quatre heures me semblent trop courtes pour une journée », lance-t-elle, mine de rien.

Shopping, cuisine, chocolats, friandises, mode... Curieusement, Sylvia Pagès ne partage aucune de ces folles passions féminines. Elle fait également partie de celles qui se soucient peu de leur physique. Elle affirme même que : « Je ne suis pas sport du tout ». Pourtant, à 39 ans, elle rivalise avec les jeunes filles aux courbes bien dessinées. Le shopping, elle en fait rarement. Même si elleest loin d’être la mieux stylée, elle ne commet pas de faute de goût. Des plats les mieux notés, elle n’enretient pas davantage. « J’avoue que je ne suis pas très passionnée et encore moins sentimentale. Je m’adapte à toutes les situations.Des spécificités, je n’en ai pas vraiment. Du moins je le pense.Seulement, le contact avec la nature me procure un bien insatiable », dira-t-elle.

Loin d’un caractère de je-m’en-foutisme, Sylvia Pagès est tout simplement une femme de terrain. « Plutôt dormir que d’assister à des soirées mondaines ! » tranche-t-elle.

C’est avec cette façon simple, teintée de liberté que Sylvia Pagès a élevé ses deux filles. Les protocoles, ellen’en use pas. « On ne se donne pas un cadre de vie stricto sensu. Je reste souple dans l’éducation de mes filles.Quand bien même, on a érigé des balises pour éviter les dérives », poursuit-elle.

Sylvia Pagès a réussi à mettre un brin d’ordre dans sa vie, avec beaucoup de conviction. Ce qui l’a propulsée à la tête d’Entreprendre au Féminin dans l’océan Indien. « Briguer une place de leader dans une association est tout sauf une notoriété. C’est un poste très important car les femmes ont un rôle à jouer pour amorcer le développement. Et le plus important, c’est quand une femme fait quelque chose, elle le fait pour sa famille », observe-t-elle. Simple dans sa façon de vivre, directe dans sa façon de parler, Sylvia Pagès a bâti sa réussite avec une bonne dose de conviction tout en restant en phase avec la nature.