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Bertrand Casteres – «Notre levier de croissance sera enAfrique»

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Bertrand Casteres - «Notre levier de croissance sera enAfrique» | business-magazine.mu

Le groupe Mauritius Union affiche des profits de Rs 321,6 millions pour 2017 contre Rs 119,5 M en 2016, soit une augmentation de plus de 169 %. Bertrand Casteres, son CEO, évoque les grandes lignes de cette bonne performance.

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BUSINESS MAGAZINE. Le groupe Mauritius Union affiche de très bonnes performances pour 2017. Performances que vous attribuez au plan stratégique 2015-2017. Rappelez-nous les grandes lignes de ce plan ?

En 2014, quand j’ai été nommé CEO, la première chose que nous avons faite, c’était de s’embarquer dans un plan. Ainsi, au lieu d’avoir une vision à très court terme, nous sommes partis sur une vision à long terme en lançant un plan stratégique de trois ans.

Ce plan était basé sur quatre axes notamment : la recherche d’efficience, être centré sur nos produits clés qui sont principalement le moteur, l’innovation et la digitalisation ainsi que les partenariats. Et sur chacune de ces actions, nous affichons de très bonnes performances et avons gagné énormément de points en efficience. À titre d’exemple, en ce qui concerne le claim médical, qui se gérait en à peu près 25 jours ouvrés – nous gérons plus de 8 000 claims mensuellement – aujourd’hui ils sont traités en moyenne en moins de dix jours. Et en ce qu’il s’agit des partenariats, nous en avons lancé un certain nombre en interne ; cela se voit moins pour le client mais sont des réussites.


BUSINESS MAGAZINE. La chute de l’ex-BAI n’a-t-elle pas contribué à cette performance ?

Non pas de façon tangible mais plutôt de façon marginale. Effectivement, nous avons peutêtre eu certains clients au niveau de l’assurance médicale. Mais nous avions un business qui était différent ce qu’ils proposaient.


BUSINESS MAGAZINE. Un de vos axes dans le plan stratégique 2015-2017 concernait la digitalisation. Où en est votre transition vers le numérique ?

Sur le marché local, nous avons été le premier à faire cette transition vers le numérique et on se doit de maintenir notre leadership sur ce segment..

Nous avons aligné notre site Internet sur les standards internationaux ; celui-ci offre plus de visibilité sur nos produits tels que le Click & Go pour le moteur, le Click for Life pour l’assurance-vie, l’I-Go pour l’assurance voyage ou encore le Click for Home pour l’assurance maison. L’objectif, c’est d’être le plus proche possible avec nos clients en étant simple et joignable 24/24 et sept jours sur sept. Le site permet de souscrire à une police d’assurance, de payer pour l’assurance voyage et moteur en ligne et d’avoir une cotation pour l’assurance-vie et l’assurance habitation.

À travers notre application nouvellement lancée, nous voulons nous différencier de nos compétiteurs et être encore plus proches de nos clients. À la différence de nos compétiteurs, notre application permet de référer des clients. À tout moment, un assuré de la MUA peut nous référer à sa famille, ses amis, ses collègues. Et si jamais ces personnes qui nous ont été référées souscrivent à une police d’assurance, ils bénéficient d’un mois gratuit et celui qui l’a référé reçoit un voucher de Rs 500. L’application permet également d’envoyer son claim. 


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BUSINESS MAGAZINE. En 2014, vous avez fait l’acquisition de Phoenix Transafrica Holdings Ltd. Les débuts ont été difficiles mais aujourd’hui, quel est son apport dans le chiffre d’affaires global du groupe ?

Effectivement, en 2014, nous avons pris la décision de nous étendre et d’aller voir le continent africain. Nous avions réalisé en 2014 un investissement conséquent et aujourd’hui nos activités africaines contribuent entre 20 et 25 % à notre chiffre d’affaires global. Et cela est appelé à évoluer.

Au niveau de la profitabilité, nous nous sommes nettement mieux assainis. En 2017, nous affichons une profitabilité de près de Rs 60 millions pour l’Afrique. Certes, nous n’avons pas encore atteint notre vitesse de croisière, mais je pense que la croissance viendra de l’Afrique. Dans notre nouveau plan stratégique 2020, nous voulons que l’Afrique représente la moitié du profit du groupe.

Par ailleurs, le customer portal et l’application mobile seront lancés dans les mois qui viennent dans les pays africains où nous sommes implantés. Cela a commencé avec l’assurance voyage I-Go lancée en Ouganda et au Kenya.


BUSINESS MAGAZINE. Peuton en déduire que l’Afrique recèle de grandes perspectives ?

Hormis Maurice, la MUA est implantée en Ouganda, en Tanzanie, au Rwanda, au Kenya et aux Seychelles. Il y a certes beaucoup d’opportunités sur le continent africain, mais il faut être prudent. D’ailleurs, la gestion des risques fait partie de notre coeur de métier.

Maintenant, il faut savoir qu’est-ce qu’on peut faire pour avoir des économies d’échelle et des leviers de croissance dans les pays où nous sommes implantés. Dans chacun de ces pays, nous nous focalisons sur l’assurance générale et ces quatre pays – Ouganda, Tanzanie, Rwanda et Kenya – envoient une forte croissance. Encore une fois, la meilleure des preuves, ce sont les résultats 2017. 

Aujourd’hui, au niveau de la profitabilité, la Tanzanie nous ramène le plus et en croissance relative, le Rwanda est un plus petit marché mais affiche une très forte croissance de plus de 20 % depuis plusieurs années. Une chose est sûre : nous n’allons pas doubler notre taille à Maurice ; par contre notre levier de croissance sera en Afrique.


BUSINESS MAGAZINE. Vous mentionnez plus haut un nouveau plan stratégique 2020. A-t-il déjà été lancé ? 

Le nouveau plan stratégique MUA Ambition 2020 a été approuvé par le conseil d’administration en novembre dernier. Il est en phase d’implémentation et repose essentiellement sur quatre axes.

Notre objectif, c’est de doubler notre profitabilité en trois ans. Ainsi, les quatre axes de ce plan comprennent : une culture du groupe commune englobant Maurice et l’Afrique ; la croissance de chacun de ces pays ; le business transformation et l’optimisation du risk management et du capital management.

Et encore une fois, c’est ce qu’on voit dans nos résultats 2017. Notre solidité financière s’est renforcée avec un ratio de solvabilité à 223 %, soit plus de deux fois le minimum réglementaire requis par la FSC. Aujourd’hui, nous sommes la seule compagnie d’assurances à Maurice à afficher ce ratio de solvabilité. Qu’en est-il des autres assureurs, nous ne le savons pas, malheureusement. Je les encourage fortement à afficher leur indicateur de solvabilité.


BUSINESS MAGAZINE. À un certain moment, vous étiez leader dans le segment de l’assurance automobile. Estce toujours le cas ?

Nous avons plus de 150 000 policyholders et pour l’assurance automobile, nous comptons 60 000 policyholders dont la majorité s’assure en tous risques, ce qui nous place en position de leader sur le segment de l’assurance automobile avec 26 % de part de marché. Nous parlons évidemment de primes brutes. Et en termes de primes nettes, nous sommes leader sur le marché mauricien. En médical, nous sommes en deuxième position, en liability, nous sommes le numéro un. En fonction des produits, nous sommes soit le numéro un, soit le deuxième.

Et comme vous le disiez si bien, Maurice est un marché extrêmement compétitif ; il y a plus de douze compagnies d’assurances en opération. Nous voulons maintenir notre part de marché et continuer à offrir un service de qualité à nos clients.


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BUSINESS MAGAZINE. Le dérèglement climatique est une préoccupation majeure pour tous. Quel impact cela a-t-il sur le secteur des assurances ?

Il y a forcément un impact et en tant qu’assureur, cela fait partie de notre métier. Nous avons recours à des simulations actuarielles et nous modélisons l’ensemble de ces sinistres ainsi que l’impact sur notre portefeuille. Nous prenons ainsi des couvertures de catastrophe auprès de nos réassureurs. Nous avons tout récemment renforcé notre couverture auprès des principaux réassureurs mondiaux pour faire face à ce type de risque. Et aujourd’hui, je considère que notre risque est vraiment très limité.

En ce qu’il s’agit de notre clientèle, nous lui offrons des produits spécifiques. Tous nos produits maison et moteur ont des couvertures cycloniques et catastrophe. Pour les produits moteur, c’est par défaut dans la prime. C’était un grand sujet au moment de la flash flood de 2013 car beaucoup d’assureurs proposaient un comprehensive cover mais la définition de comprehensive n’était pas la même. Mais nous, nous sommes fully comprehensive ; de facto cela tient compte de cette couverture catastrophe, tremblement de terre, tsunami, cyclone et flash flood.


BUSINESS MAGAZINE. Les Mauriciens sont-ils conscients qu’ils doivent souscrire à une protection contre les catastrophes naturelles ?

Cela fait partie de notre travail d’essayer de conscientiser notre client sur l’importance de se protéger. Nous sommes encore un pays où les gens vont vers une assurance seulement quand c’est obligatoire. On le regrette car l’assurance est très abordable : aujourd’hui pour Rs 200, vous pouvez couvrir plus de Rs 200 000 de contenu. En plus d’être abordable, elle peut s’adapter à chaque budget.


BUSINESS MAGAZINE. D’un autre côté, les accidents de la route se multiplient. Est-ce que cela entraîne une augmentation des premiums ? 

Oui, bien évidemment. Cela a un impact total sur l’ensemble du marché. Il y a une augmentation des sinistres et une augmentation des coûts. Ce sont les assurés qui malheureusement en paient le prix. L’année dernière, pour compenser cette hausse des coûts, nous avons travaillé sur une optimisation de notre efficience. Grâce à cela, nous avons limité l’impact auprès de nos policyholders parce que nous avons fait des économies en interne pour améliorer nos process en les rendant plus fluides.

En matière de sécurité routière, c’est un sujet majeur chez nous, en tant que leader en assurance moteur, nous sommes, je pense, un interlocuteur privilégié du gouvernement. Nous avons travaillé main dans la main avec les autorités sur un certain nombre de programmes. 


BUSINESS MAGAZINE. Beaucoup a été dit sur la structure légale à Maurice pour favoriser l’émergence de nouveaux produits. Quelles sont vos attentes à ce niveau ?

Nous n’avons aucune contrainte aujourd’hui pour lancer de nouveaux produits. Nous avons un environnement juridique assez léger pour pouvoir faire preuve d’innovation.

D’ailleurs, notre stratégie s’est orientée sur l’accompagnement de nos assurés en matière d’assurance-vie beaucoup plus que vers l’épargne. Nous proposons l’épargne ainsi que des couvertures se rattachant à un prêt. Nous nous sommes centralisés sur une stratégie de niche et proposons de l’innovation produit. À titre d’exemple, nous avons lancé, l’année dernière, un plan d’assurance cancer féminin couvrant six types de cancers féminins. Nous avons également lancé fin 2017 l’income protection plan.

On se doit de continuellement lancer de nouveaux produits. Nous avons un produit dans le pipeline que je ne peux malheureusement pas révéler.


BUSINESS MAGAZINE. Est-ce que Maurice s’imprègne des meilleures pratiques européennes dans le domaine des assurances ? Qu’en est-il de Solvency II?

Solvency II est une semi-réalité à Maurice. Solvency II teste la capacité des assureurs à être solvables même en cas de scénario catastrophique. Ce régime a pour objectif d’adapter le niveau des capitaux propres aux risques de toute nature auxquels les assureurs sont exposés.

La question à se poser, c’est si nous avons suffisamment de capital pour faire face à nos besoins en cas de survenance d’un évènement catastrophique. Nous avons des règles ici, mais est-ce qu’elles sont suivies et implémentées ? Aujourd’hui, j’en suis moins sûr. Pourquoi ? Parce que le ratio de solvabilité devrait être publié. Le policyholder se doit d’avoir la garantie que sa compagnie d’assurances est solvable. Le cadre légal n’oblige pas les compagnies d’assurances à publier leur ratio de solvabilité, et cela je le regrette. En Europe, toutes les compagnies d’assurances le font.

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