Type to search

Éric Guimbeau (Chief Executive Officer du Groupe Saint Aubin) – «La remise à flot du groupe a commencé il y a cinq ans»

Share
Éric Guimbeau (Chief Executive Officer du Groupe Saint Aubin) - «La remise à flot du groupe a commencé il y a cinq ans» | business-magazine.mu

Comment expliquez-vous qu’un ordre de séquestre ait pu être émis sans que Saint Aubin Limitée n’en soit au courant, comme mentionné dans le communiqué émis la semaine dernière ?

La banque a procédé à la nomination de deux Receiver Managers en vertu de l’article 186 (1) (a) de l’Insolvency Act. Nous sommes avisés que la cour ne pouvait émettre un ordre sans avoir écouté la compagnie sous ladite section de la loi. Cet ordre a été un choc pour le groupe et tous ses employés, surtout au moment où le groupe présente un bilan positif, a pu payer ses secured creditors et voit son avenir sereinement.

Saint Aubin Limitée n’est pas sous séquestre, y lit-on aussi. Qu’en est-il de terres qui le sont pourtant ?

Saint Aubin Limitée a élaboré un projet afin de fabriquer des sucres spéciaux et d’améliorer sa capacité de production de rhum une dizaine d’années de cela. Cependant, il y a eu des coûts additionnels et des solutions financières non adaptées qui ont mené Saint Aubin Limitée dans une situation financière critique. Cet investissement et des solutions inappropriées aux dépassements bancaires ont eu un impact financier négatif sur Groupe Saint Aubin (GSA).

Afin de pouvoir tourner la page et voir l’avenir sereinement, la banque nous a demandé d’échanger la dette contre deux terrains dont la valeur couvrira la dette et les intérêts. Ces deux terrains ont été ultérieurement mis en receivership. Le terrain principal, situé à Pailles, a été vendu en 2017 par le Receiver Manager sans que nous ne soyons tenus au courant au moment de la vente, et seulement une partie du prix de vente a été remise à la MCB.

Il y a un flou qui subsiste quant au prix exact de la vente et des conditions attachées à celle-ci, nous laissant ainsi avoir des craintes réelles que la vente ait été faite bien au-dessous de sa valeur marchande. Nous payons toujours des intérêts sur la différence et ces intérêts sont capitalisés mensuellement, gonflant de nouveau la dette. Le même souci se pose au sujet de l’autre terrain se trouvant à La Digue ; l’affaire est actuellement en cour.

Cet ordre suspendu, quelle sera l’étape suivante pour Saint Aubin Limitée ?

Il s’agit de pouvoir nous expliquer en cour, voir comment on en est arrivé là et comprendre les devoirs et responsabilités de nos institutions financières afin de trouver une solution.

Quelle est votre lecture de la situation financière dans laquelle elle se trouve actuellement ? Est- ce un problème de gestion qui est à la base de cette situation financière difficile ?

Cette difficulté est liée à un projet passé qui a effectivement connu certaines difficultés. Au fil du temps, nous avons constaté des failles dans notre système financier. Il y a des abus et des contournements de nos lois au détriment des clients.

Nous devons revoir notre système financier et le démocratiser pour éviter des cas de reckless lending, d’abus au niveau des intérêts et protéger les entreprises. La Borrowers Act ne doit pas être restreinte à une certaine somme empruntée, mais élargie afin de progresser vers la démocratisation de notre économie.

Nous déplorons le manque de garde-fous dans notre système financier et pensons avoir subi un acharnement impitoyable inexplicable.

Quelle stratégie pour une remise à flot ?

La remise à flot a débuté il y a cinq ans déjà avec un suivi minutieux et une consolidation des opérations existantes et rentables. Nous avons aussi entrepris une mise en vente judicieuse de certains terrains et commencé des projets de développement. Nous sommes passés par des moments très pénibles, mais depuis les cinq dernières années, nous nous sommes attelés à turn around les opérations du groupe. Nous avons restructuré en profondeur, nous honorons nos engagements et les salaires de tous nos employés à la fin de chaque mois. Nous avons préservé l’emploi et les bénéfices de nos employés et repayé nos secured creditors.

Par ailleurs, l’entreprise progresse avec une augmentation de ses activités. Nous sommes sincères dans notre intention de régler tous nos emprunts mais devons au préalable être sûrs du montant exact de ceux-ci.

Le groupe dispose d’avoirs de près de Rs 5 milliards, notre EBIDTA est positif et notre gearing est aux alentours de 25 %. Nous employons directement et indirectement quelque 1 500 personnes et notre turnover est de Rs 400 millions. Le thé, l’événementiel, la Route du Thé, du Rhum et de la Vanille, nos restaurants sont profitables et ne plombent aucunement nos finances. Le secteur rhum progresse sur les plans local et international et nous venons, au niveau local, de lancer notre propre distribution de nos rhums et nous en sommes très enthousiastes. Nous allons consolider et moderniser les pôles rentables avant d’investir dans de nouveaux secteurs.