RWANDA UN CONCURRENT POTENTIEL ?

Avec une croissance du Pib estimée à 7,8 % pour 2018 – 7,5 % en 2019 et 7,8 % en 2020 –, le gouvernement rwandais élabore de nouvelles stratégies de développement à moyen terme en vue de parvenir au statut de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2035. On s’attend à ce que sa participation au G-20 Compact with Africa mobilisera l’investissement privé qui aidera le pays à atteindre ses objectifs. Le Rwanda est l’un des rares pays au monde à avoir connu une croissance économique rapide et soutenue, accompagnée d’une sensible réduction de la pauvreté et de l’inégalité ; le taux de pauvreté est passé de 59 % à 45 % au cours de la dernière décennie. Il est désormais le deuxième pays du continent – après Maurice – en termes de facilitation des affaires selon le classement Doing Business 2018 de la Banque mondiale.

Pour les observateurs et les bailleurs de fonds, le pays est en train de connaître un vrai miracle économique. Il faut savoir qu’au cours de la dernière décennie, le Rwanda est parvenu, avec l’appui de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), à mettre en place d’importantes réformes économiques et structurelles tout en maintenant une croissance continue. Cet élève appliqué pourrait-il constituer un compétiteur sérieux pour Maurice à l’avenir ? Au stade actuel, l’économie mauricienne a certes une bonne longueur d’avance sur celle du Rwanda, mais il ne faut pas pour autant céder à la complaisance car le progrès s’y fait plus rapidement, notamment, en ce qu’il s’agit des nouvelles technologies. 

«Maurice a définitivement des choses à apprendre du Rwanda. Quand je suis arrivée là-bas, la colline où se trouve la Zone Economique Spéciale était en friche. En trois ans, les bâtiments avaient commencé à pousser. Il y a chez eux une vraie volonté de réussir et des personnes engagées envers cette réussite. Il existe le désir d’accepter le changement et une ouverture pour essayer de nouvelles expériences qui peuvent marcher ou qui ne marcheront pas», explique Manisha Dookhony, Managing Partner de Rwenzori Consulting. «Dans l’adoption des nouvelles technologies – pas que les Tic –, le Rwanda est en avance sur Maurice. Prenons l’exemple du système de compteur électrique ; celui du Rwanda est déjà en ligne et l’électricité peut être prépayée. Donc, nul besoin pour des personnes de passer de maison en maison pour relever les compteurs. L’adoption des énergies renouvelables y est aussi plus rapide qu’à Maurice ; presque 50 % de l’énergie provient du renouvelable.»

Ainsi, les résultats issus de la politique du président Paul Kagame sont tangibles: le revenu moyen annuel par habitant est remonté à 700 dollars, après être tombé à 150 dollars en 1994. La population rurale, qui constitue 75 % de la population, a, elle, vu ses gains augmenter d’un tiers sur la même période. Ainsi, l’ouverture du marché aux actionnaires étrangers et la facilitation des affaires en général sont les principales incitations qui ont permis aux entreprises étrangères et à la MUA de renforcer leur positionnement sur le sol rwandais. Plus récemment, de nouvelles mesures de règlementation des assurances ont permis de réduire le risque de crédit et d’apaiser le climat des affaires. Louis Rivalland, Group Chief Executive de Swan, est du même avis. Il ajoute que le cadre régulateur rwandais ainsi que les législations connexes assurent un environnement propice à l’investissement, surtout à un moment où le marché intérieur des assurances est en plein essor, après quelques soubresauts conjoncturels. Il y a donc des possibilités en matière de développement de nouvelles couvertures, conséquence de la sophistication des risques qui s’affinent au gré et à la vitesse du développement du pays. Swan General a pris une participation dans une nouvelle compagnie d’assurances, la Bank of Kigali General Insurance Co. Ltd, fondée initialement par la Bank of Kigali, qui était la seule actionnaire. Swan détient 30 % du capital pour un investissement d’un million de dollars.