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Secteur portuaire : Améliorer la compétitivité grâce au transbordement

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Secteur portuaire : Améliorer la compétitivité grâce au transbordement | business-magazine.mu

La concurrence est bel et bien présente et les autorités maritimes n’ont pas intérêt à l’ignorer. Avec les investissements de Rs 6,5 milliards de la Mauritius Ports Authority (MPA) et ceux de la Cargo Handling Corporation (CHCL), qui se chiffrent à un peu plus de Rs 1,2 milliard, Port-Louis est bien armé pour améliorer sa compétitivité. 

Ces injections de capitaux serviront notamment à l’acquisition de grues Super Post-Panamax et à aménager un quai de 800 mètres pouvant accueillir simultanément deux gros porteurs, de 300 mètres et de 325 mètres. D’ores et déjà, le chenal a 16,5 mètres de profondeur, ce qui permet d’accueillir des navires avec un tirant d’eau de 15,5 mètres. De même, le parc à conteneurs s’étend désormais sur quatre arpents. Aujourd’hui, le Mauritius Container Terminal est en mesure de stocker 800 000  conteneurs EVP (équivalent vingt pieds). 

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Mais cela ne veut pas dire que tout est acquis et que nous serons les meilleurs dans les années à venir. Au contraire, ce bel outil devra constamment être amélioré. «C’est un outil qui demande à évoluer dans le temps. Mais le challenge sera d’attirer d’autres lignes maritimes ou de faire en sorte que celles existantes augmentent leur fréquence», fait remarquer Dominique de Froberville, CEO de la Mauritius Freeport Development.

À Maurice, le cargo représente environ 50 % du nombre de conteneurs manutentionnés. Au vu de la taille de notre port, nous ne pouvons nous limiter à la manutention de cargo. Pour les autorités portuaires, le défi sera d’augmenter les volumes, comme cela se fait ailleurs dans tous les plus grands ports du monde. Les ports de Singapour, de Dubaï et de Hong Kong traitent des millions de conteneurs pas uniquement pour leur port, mais aussi pour le transbordement. Plus le volume traité est conséquent, plus cela attire de gros navires ; ce qui a un impact intéressant sur le coût du fret.

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Le projet d’Island Container Terminal, qui fait ces jours-ci l’objet d’une étude de faisabilité, devrait améliorer significativement la capacité de traitement de cargo tout en dynamisant les activités de transbordement. Selon le plan directeur de la MPA, l’on s’attend à traiter 766 000 conteneurs EVP en 2020. Ce chiffre devrait grimper à 1 million d’EVP en 2025, avec plus de 679 000 conteneurs transbordés.

Toutefois, quand la mer est démontée, les navires ne peuvent accoster. Ainsi, la situation climatique qui a prévalu en début d’année avait paralysé les activités portuaires. «Un navire qui ne peut accoster coûte très cher par jour à l’armateur. Souvent, si l’armateur se rend compte qu’il sera trop en retard, il contourne l’escale mauricienne et va sur sa prochaine escale où les conteneurs seront débarqués. De là, il y a toute la complication de réacheminer les conteneurs vers Port-Louis. C’est sûr que ce n’est pas une situation souhaitable», souligne Dominique de Froberville. 

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Port franc : maintenir la vigilance 

De son côté, Ramalingum Maistry, Chairman de la MPA, rappelle que la construction d’un brise-lames va définitivement aider Port-Louis à mieux se protéger. Une étude de faisabilité a été menée pour la construction de ce brise-lames. Celui-ci agira comme une barrière et atténuera les effets des houles. Il sera également doté d’une surface terrienne d’environ 50 hectares sur laquelle pourra être aménagé un second terminal à conteneurs. Un pont d’environ un kilomètre reliera le premier terminal au second. «Pour l’avenir du port, il faut absolument ce briselames et l’étude va en déterminer le budget», soutient-il.

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Il est indéniable que le port franc mauricien est plus avantageux que les autres ports francs de la région. Les entreprises opérant sous ce régime recherchent des infrastructures de qualité. C’est le cas de Maurice. Le pays dispose aussi d’une maind’œuvre compétente et d’une bonne connectivité aérienne et maritime. Tout cela donne au port franc mauricien des atouts pour attirer plus d’opérateurs dans les années à venir. Toutefois, comme le souligne Dominique de Froberville, cela ne se fera pas tout seul. Il faudra que des moyens conséquents soient mis à disposition pour continuer à avancer. 

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«Cela dit, la position acquise par Maurice peut être remise en question. Car les autres ports francs de la région ne nous attendent pas ; ils bougent, ils évoluent et veulent attirer les opérateurs. Il y a une compétition qui est en train de prendre forme et c’est possible que nos concurrents viennent avec des avantages plus intéressants que ce qu’offre Maurice. Il ne faut pas que nous ayons peur de prendre les mesure nécessaires pour accompagner le développement futur du port franc», prévient-il.

Concernant les activités dans le port franc, elles se classent sous trois catégories : le Seafood, l’importation, la consolidation et la réexportation et les traitements mineurs pour la réexportation. «Le Seafood est un secteur qu’il faut protéger et accompagner. Les Seychelles, par exemple, ont des ambitions au niveau de leur port. Ils veulent développer de manière beaucoup plus importante l’activité ‘Seafood’. Ils deviennent un concurrent potentiel pour Maurice. Il faut donc rester vigilant de façon à être toujours à l’écoute de nos clients et leur proposer les services dont ils ont besoin», fait ressortir Dominique de Froberville. 

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Idéalement, il faudrait garder un équilibre entre les trois activités. Le dernier Budget laisse comprendre que les activités industrielles ne seront plus autorisées dans le port franc. Et qu’on se focalisera davantage sur des activités de transformation mineure. Les opérateurs attendent toujours des clarifications sur cette posture. Celles-ci seront utiles lors des missions commerciales. Car il sera important pour la MFD, en tant que développeur, d’expliquer aux clients quels sont les types d’activités qui sont autorisés dans le port franc.