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Édito

Redevabilité

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Les acteurs de la politique locale nous ont gratifiés, la semaine dernière, de plusieurs épisodes de la fameuse série « Je t’aime, moi non plus ». Une telenovela riche en rebondissements qui tient les Mauriciens en haleine depuis les dernières élections générales.

Toutefois, les épisodes de ces derniers jours, qui ont pris fin en apothéose au centre de conférence Swami Vivekananda à Pailles, non seulement ne sont pas au goût de tout le monde, mais encore ils devraient nous interpeller sur les dérives auxquelles nous assistons quotidiennement dans nos institutions qu’elles soient publiques ou privées.

Le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, a annoncé un « tsunami » dans les corps parapublics dans le sillage de la révocation de Robert Desvaux à la tête de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA). Une mise à pied qui nous a d’ailleurs valu un bras de fer entre le ministre des Finances et leader du PMSD, Xavier Duval, et le ministre du Tourisme, Michael Sik Yuen. Un match digne de nos politiques mais qui, au final, a résulté en des faux-fuyants et alimenté les critiques à l’encontre du bouc émissaire du moment : la presse.

Aussi grotesques qu’elles soient, ces scènes de ménage entre politiciens ne devraient pas, cependant, nous empêcher de poser les vraies questions. Car même s’il ne l’avoue pas ouvertement, le chef du gouvernement semble également être embarrassé par les frasques de certains nominés politiques.

N’empêche, les actions ne suivent pas toujours les déclarations fracassantes. A l’instar de cette déclaration faite en juin 2011 lors d’une conférence international organisée par le Board of Investment et qui annonçait le démantèlement des Lame duck institutions. Comprenons par-là, les canards boiteux qui freinent les efforts du gouvernement.

Espérons que nous aurons plus de chance de voir aboutir le « tsunami » maintenant que le ministre Sik Yuen a donné le ton. Ce n’est certainement pas Xavier Duval qui nous dira le contraire après le renvoi de son poulain.

Cela dit, une question demeure : à quoi serviront quelques limogeages si le système de nomination ne change pas ? Au lieu de se livrer à un exercice de Crowd pleasing à travers le sacrifice de quelques nominés politiques, le Premier ministre gagnerait à en finir avec un système qui consiste à récompenser les petits copains pour leurs coups de main lors des campagnes électorales. Ce faisant, il mettra également fin aux abus et aux gaspillages réduisant ainsi le fardeau sur les contribuables. Car sans qu’on se rende compte, nous sommes en train de soutenir les inefficiences des corps parapublics dont les dettes s’élèvent à quelque Rs 20 milliards.

Pendant combien de temps encore, l’Etat va-t-il continuer à garantir les prêts de ces institutions plus particulièrement celles qui tombent dans la catégorie des canards boiteux sans que celles-ci ne se sentent redevables ? C’est justement pour inculquer cette notion de redevabilité (accountability) qu’il est important de purger le système.

Dans sa forme actuelle, le processus de nomination des directeurs donne lieu à pas mal de problèmes. Non seulement les fonctionnaires sont nombreux à se retrouver sur les conseils d’administration bien qu’ils n’aient pas souvent l’expérience et l’expertise requises, mais en même temps les autres directeurs qui doivent leur nomination à leur allégeance politique ne connaissent même pas leurs devoirs et leurs responsabilités.

D’où le fait que l’on se retrouve bien souvent avec des cas de conflits entre les membres du conseil d’administration et la direction générale car les premiers ont tendance à croire qu’ils ont été investis d’une mission par leurs protecteurs une fois nommés.

Avoir un organisme indépendant où seront centralisées toutes les nominations aidera certainement à éviter des situations burlesques. Une telle structure veillera à ce que la compétence prime sur toute autre considération. Comme il est évident qu’il sera difficile de demander aux ministres de renoncer à leurs prérogatives du jour au lendemain, nous pouvons commencer du moins sur une base pilote à instituer des comités de nomination dans les ministères avant de venir avec un corps indépendant.

En attendant, nous aurons certainement les yeux tournés vers le Financial Reporting Council. D’autant plus que cet organisme est désormais en mesure de sanctionner les Public Interest Entities qui ne se conforment pas au National Code of Corporate Governance.

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