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Édito

La crise, une opportunité

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S’adressant à la tribune des Nations unies, le mois dernier, le ministre des Affaires étrangères et du Commerce international, Arvin Boolell, disait avec raison que Maurice ne mérite pas de souffrir de la crise économique globale.

Comme bon nombre d’autres pays, Maurice n’est ni à l’origine de cette crise et encore moins a contribué à sa propagation. Mais que voulez-vous, nous vivons aujourd’hui dans un village global et notre ouverture sur le monde avec une grande dépendance des exportations ne nous met pas à l’abri des effets néfastes de ce genre de situation.

Ce n’est pas pour autant que nous devons, année après année, continuer à subir cette crise en nous consolant d’un taux de croissance « supérieur » comparativement à certains pays. Car en même temps que l’on se laisse gagner par une certaine complaisance, ce taux de croissance dont nous avons certainement le droit d’être fier, poursuit sa tendance baissière.

D’ailleurs, selon la Chambre de Commerce et d’Industrie, le taux de croissance devrait même passer sous la barre de 3 % en 2013. Une prévision qui, aux dires analystes, a été effectuée sur la base d’un modèle économétrique testé au préalable et utilisant les données de Statistics Mauritius.

Dans un entretien à notre confrère Le Mauricien, le ministre des Finances, Xavier Duval, semble, voir les perspectives pour 2013 sous un angle différent. Il explique son optimisme en se basant sur les données qui sont à sa disposition.

Même si Xavier Duval s’attend à une meilleure performance lors du dernier trimestre de 2012 par rapport à la période correspondante en 2011, le fait demeure que les Européens sont toujours en train de « kicking the can down the road » avec la crise. Une solution durable n’étant pas toujours évidente avec les dirigeants politiques qui n’arrivent pas à s’entendre sur une formule de sortie de crise.

Va-t-on également continuer à en faire de même en essayant de temps à autre à jouer aux pompiers avec des petites mesures temporaires ou allons-nous décider une fois pour toutes à prendre le taureau par les cornes en se disant : allons voir au-delà de 2013 ? C’est là toute la question. Car une chose est sûre : la période de transition dans laquelle se trouve le pays n’a que trop duré. À tel point qu’il faut peut-être se demander si notre économie n’a pas été bloquée en transition.

La crise nous offre donc l’opportunité de nous remettre en question pour accélérer la transition économique de Maurice. Il est aussi encourageant d’entendre de la bouche du ministre des Finances que le gouvernement dans son ensemble s’est approprié l’exercice budgétaire de 2013.

Reste à espérer que tout un chacun que ce soit au gouvernement ou au sein du secteur privé se rend également compte du chantier qui nous attend pour passer à une étape supérieure de notre développement comme cela a été le cas durant la deuxième moitié des années 80’ et au début des années 90’.

À l’époque, la politique économique avait été élaborée autour de plusieurs estimations. On avait notamment prévu que Maurice bénéficierait indéfiniment d’un accès préférentiel au marché sous la Convention de Lomé, que le prix du sucre allait continuer à couvrir les coûts de production, que la zone franche va continuer à opérer dans le bas de gamme malgré les hausses de salaires et que la politique du taux de change va aider le secteur d’exportation à demeurer compétitif.

Ces estimations ont continué à guider la stratégie du gouvernement et de la communauté des affaires dans les années 90’ malgré certains signaux, à l’époque, qu’il fallait changer de cap.

Mais les temps ont changé. Au lieu de se contenter de se gargariser la gorge de slogans creux, allons transformer cette crise globale en opportunité en jetant les bases pour une consolidation des structures macro- et micro-économiques afin de nous rapprocher de taux de croissance supérieurs à 5 %.

Lors d’une conversation en début de semaine avec un haut cadre de la Deustche Bundesbank, soit la Banque centrale de la République Fédérale d’Allemagne celui-ci nous disait que son pays arrive à tirer son épingle du jeu malgré la crise dans la zone euro grâce à une hausse de ses exportations vers les pays émergents, dont la Chine.

Si l’Allemagne, qui est au coeur de la zone euro, arrive à s’en sortir alors pourquoi ce ne serait pas le cas pour Maurice qui est située à quelques milliers de kilomètres d’un continent qui, selon Rundheersing Bheenick, le Gouverneur de la Banque de Maurice, doit faire partie de la solution à la crise globale.

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