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BUDGET 2019/ SERVICES FINANCIERS – Remboursement de la dette, L’annonce du ministre des Finances fait polémique

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BUDGET 2019/ SERVICES FINANCIERS - Remboursement de la dette

Un pays qui s’engage dans la voie de la modernisation de ses infrastructures majeures se retrouve nécessairement à engager les deniers publics dans des dépenses plus ou moins bien acceptées par la population. Embarquée dans plusieurs projets infrastructurels d’envergure, pourtant porteurs d’un futur dynamisme économique à l’intérieur du pays, Maurice a déjà commencé à subir la surveillance du Fonds monétaire International, qui ne tire pas pour autant la sonnette d’alarme. Or, la pression de la période pré-électorale aidant, le dernier Budget 2019-2020 a proposé plusieurs pistes de relance des secteurs financiers ainsi qu’une nouvelle qui divise : celle de l’utilisation du surplus réalisé sur les opérations de change de la Banque de Maurice pour ramener la dette publique à 60 % du Pib.

Les opérateurs du secteur s’accordent à dire que le Budget 2019-2020 est fondamentalement un exercice de séduction ciblant les futurs électeurs et prônant des actions sociales à grande échelle. Toutefois, dans une phrase lourde de sens, le CEO de Rogers Capital, Kabir Ruhee, émet les réserves concernant la stratégie à visée populiste du gouvernement. Est notamment mis en exergue le fait que «the Bank of Mauritius Act will be amended to “allow use of funds from the Special Reserve Fund for fiscal policy purposes as well”». Ce dernier poursuit : «We are uneasy with the latter measure which, according to us, is not the most appropriate way to reduce public sector debt notwithstanding a wrong signal being sent as to the independence of the Central Bank.»

En effet, si la réputation d’indépendance d’une banque centrale est si dure à acquérir, c’est que la tentation de manipuler les flux financiers et la valeur de la monnaie est extrêmement forte de l’appareil étatique. La juridiction mauricienne a réussi à travers les années à maintenir la confiance avec la séparation des fonctions entre la Banque centrale et le gouvernement. Et cette éventuelle utilisation du surplus réalisé sur les opérations de change de la Banque de Maurice serait, selon certains observateurs, susceptible d’entacher cette excellente réputation.

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Le Budget 2019-2020 comporte néanmoins des mesures louables. Raj Reddi-Sitanna observe que «les cinq premiers piliers du Budget sont alignés aux Sustainable Development Goals et se concentrent autour de mesures sociales. Celles-ci entraîneront de nombreux impacts indirects sur l’activité de l’Employees Welfare Fund. Par exemple, avec l’augmentation unilatérale du salaire des fonctionnaires de Rs 1 000, nous nous attendons à accueillir un plus grand nombre d’employés désireux d’accéder à des prêts pour améliorer leurs conditions de vie.» Il ajoute : «Nous fournissons déjà des green loans et offrons des taux d’intérêt plus intéressants pour l’achat d’une voiture hybride ou pour l’installation de panneaux photovoltaïques, par exemple. Nous ferons évoluer ce programme avec les mesures de green financing qu’encourage le Budget 2019-2020.»

IL RESTE À CONCRÉTISER LES MESURES

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Pour Raj Reddi-Sitanna, le grand défi réside en l’implémentation des mesures, notamment en matière de Fintech, de Sandbox Licensing et de nouveaux modes de transactions financiers. Par exemple, la mesure peer-to-peer lending permettant aux entreprises d’emprunter des fonds entre elles sans avoir recours à la banque fait partie des nouveaux modes de financement. Ce dispositif, selon lui, présente des aspects intéressants en matière de réduction des coûts, tout en comportant de nouveaux types de risques qui devraient être encadrés par la réglementation de manière appropriée.

Quant au Dr Munir�n Lallmahamood, CEO sortant de la Century Banking Corporation, il perçoit dans les grands axes de développement des services financiers, des opportunités de développement importantes dans le segment des Islamic Financial Services Products. «Qu’il s’agisse de Real Estate Investment Trusts (REIT), de Wealth Management ou de Green Bonds, nous pouvons évoluer tout comme la Malaisie et Singapour l’ont fait sur ce segment. Il y a un réel potentiel de développement à travailler avec la Financial Services Commission», argue-t-il.

Par ailleurs, prenant exemple sur Dubaï, le Dr Munir�n Lallmahamood soutient que la centralisation des organismes gérant les produits halal représente une opportunité de développement du commerce en ligne.

«S’il y a un one-stop shop pour ces produits, il sera plus facile d’organiser le commerce B2B, comme cela se fait à grande échelle à Dubaï. Outre les plateformes en ligne, sans nul doute cela boostera le développement d’applications B2B ou B2C pour les Smartphones. Et cela pourrait s’étendre à une large gamme de produits touchant de multiples secteurs comme le tourisme, la pharmacie et le secteur médical», fait-il ressortir.

Shamin A. Sookia, Managing Director de Perigeum Capital, estime, pour sa part, qu’il faut recadrer le Budget, non seulement dans le contexte électoral, mais aussi dans le contexte économique et géopolitique international. «Maurice reste une île vulnérable tout en ayant des ressources maritimes qui sont sous-exploitées. En défiant les États-Unis et le Royaume-Uni, il ajoute son grain de sel à un contexte global fait de tensions entre États et entre groupuscules. Le chemin vers le développement est semé d’embûches et Maurice doit relever le défi de percer le plafond des 4 % sous lequel sa croissance est restée bloquée. Et, dans le futur, ce serait une bonne mesure pré-budgétaire d’avoir un rapport sur l’atteinte des mesures budgétaires annoncées d’année en année. Ainsi, le Budget serait un exercice qui engagerait réellement le gouvernement et les institutions», s’exprime-t-il.

Selon lui, la proposition d’une plateforme d’échanges boursiers pour les Mid-Market Enterprises pourrait représenter une aubaine. Et de conclure : «Il y a nombre d’entreprises qui sont profitables mais qui ne rassemblent pas les critères pour être cotées sur le DEM. Or, la levée de capitaux à travers la Bourse peut être moins coûteuse qu’à travers un prêt bancaire. Les entreprises pourraient se développer et, au lieu de payer des intérêts bancaires, rémunérer les actionnaires sur la base des dividendes annuels. Ce dispositif, s’il est correctement réglementé par la Bourse de Maurice, pourrait potentiellement attirer non seulement des entreprises mauriciennes, mais aussi étrangères.»

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