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Campagne électorale – Le secteur privé entre attente et optimisme

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Campagne électorale - Le secteur privé entre attente et optimisme | business-magazine.mu

Au sein du secteur privé, au vu du contexte, l’on s’attend à ce que l’économie ne soit pas sacrifiée au profit de mesures populaires et électoralistes.

Le CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers, Bruno Dubarry, espère que le gouvernement enverra un message fort dans le prochain Budget concernant la stratégie industrielle. «Pour l’heure, il n’y a pas d’impact majeur sur le fonctionnement du secteur privé. Mais à l’approche du Budget 2019-2020, dans un contexte de fin de mandat, il y a un climat de doute et d’incertitudes. Les entreprises adoptent une posture d’attente, tout en restant optimistes», observe-t-il.

De son côté, l’économiste Sadek Ruhmaly met en garde contre «un laxisme de rigueur budgétaire» qui s’inscrirait «dans la logique naturelle de créer le ‘feel-good factor’ à tout prix».

Démontrer sa compétence en tant que bâtisseur du pays paraît être l’objectif du Premier ministre, notamment au travers de l’inauguration du projet de Metro Express, déjà complété à 70 %. Or, la démission du ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, vient jouer les trouble-fêtes et risque potentiellement de précipiter le calendrier électoral. Le gouvernement est pris dans un étau entre donner des résultats concrets ou risquer d’être fortement jugé pour gaspillage des deniers publics. Car passer par une partielle au numéro 7 coûterait près de Rs 180 millions à l’État. 

L’EFFET SUR L’INVESTISSEMENT

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Les comptes nationaux publiés par Statistics Mauritius tendent à confirmer que les périodes pré-électorales se suivent et se ressemblent, notamment en matière d’investissement public et privé. En 2014, l’investissement du secteur public était grimpé à 3,1 % contre une contraction de -4,9 % en 2013. Par contre, dans un climat de forte incertitude, l’investissement privé, qui avait déjà décliné de -2,8 % en 2013, devait plonger à -7,4 %.

Qu’en sera-t-il pour 2019 ? La dernière livraison des comptes nationaux pour le mois de mars indique que l’investissement privé devrait baisser de -0,8 %. Par contre, les investissements publics devraient grimper de 53,8 % pour passer à Rs 35,06 milliards contre une hausse de 14,7 % en 2018.

L’économiste Sadek Ruhmaly analyse ce phénomène : «À la mi-mandat, le gouvernement doit composer avec les pressions internationales émanant notamment du FMI, de la Banque mondiale, de l’OCDE et de l’Union européenne qui réclament des résultats en termes d’ajustements structurels de l’économie. Puis, à partir du quatrième Budget, il y a automatiquement un empressement politique de démontrer les résultats en termes d’indices financiers et socioéconomiques. D’une part, pour prouver l’atteinte des promesses électorales ambitieuses et, d’autre part, pour répondre à l’attente des électeurs d’avoir un nouvel élan en termes de qualité de vie».

Il existe une autre forme de pression : celle de la communauté des affaires. À ce propos, Sadek Ruhmaly explique : «Il faut savoir que les entreprises sont les principaux pourvoyeurs de dons électoraux très conséquents. Et dans la période électorale, le privé se fige dans l’attentisme, tandis que le gouvernement investit massivement. Sans l’investissement du secteur public, l’économie mauricienne est dans un état d’urgence permanent à cause de la timidité et d’un manque de proactivité du secteur privé. La tragédie de Maurice est ceci, c’est la privatisation des profits et la socialisation du coût des développements».