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Portrait Rencontre

Franco Davis – Il rêve d’une société inclusive

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Franco Davis - Il rêve d’une société inclusive | business-magazine.mu

Il nous reçoit dans un lounge au décor raffiné et nous invite à nous installer dans un magnifique fauteuil en cuir qui donne tout de suite envie de s’y lover, un Virginia Woolf entre les mains accompagné d’une tasse fumante d’Earl Grey. Puis il nous adresse ce large sourire candide qui donne à sa personne une fraîcheur d’enfant. «J’ai été pris dans une réunion», explique-t-il avec une voix chaleureuse d’où pointe un soupçon d’enthousiasme. Franco Davis n’a rien de la gravité un peu sévère qu’affichent souvent ceux qui tiennent la bourse.

En sa compagnie, nul besoin de fendiller la glace ; on se sent immédiatement à l’aise et notre première impression est que l’entretien risque de s’étirer sur plusieurs pages, égosillant deux stylos au passage car, admettons le franchement, Franco Davis a le verbe facile. Ne tenant non pas un discours formaté, un tantinet soporifique, mais livrant de profondes réflexions, perspicaces et sensées, qui caracolent sans se chevaucher au travers de mots précis, accessibles et puissants à la fois. «Je considère la vie comme une life-long learning experience. D’ailleurs, j’apprends de nouvelles choses tous les jours, et cela me fait plaisir», lâche-t-il dans un rire impromptu.

Enfant, il savourait avec délectation les moments où il se calait sur une chaise à la bibliothèque municipale de Port-Louis pour se délecter des aventures exaltantes de Tintin. Aujourd’hui, la philosophie l’inspire et lui donne une vision de la vie autre que les chiffres dans lesquels il est immergé toute la journée. Sur les recommandations de Ravin Dajee, son Managing Director, il s’est plongé au cœur de Sapiens, un véritable phénomène d’édition, de Yuval Noah Harari.

Franco Davis est né en 1972 et a grandi à Roche Bois. Marié à Wilma en 1997, ils ont un fils de douze ans, Dimitri. Enfant unique, il grandit choyé mais non asphyxié auprès d’un père menuisier et d’une mère infirmière qui lui donne la confiance de qui se sait aimé. «Mes parents m’ont inculqué le sens du travail et une rigueur de vie qui m’accompagne au quotidien dans mon travail et dans ma vie personnelle», confie-t-il. Aujourd’hui, il habite le pittoresque village de Notre Dame où il a créé un douillet cocon pour son épouse et son fils ainsi que pour ses parents.

Dans ses rêves d’enfant, il se voyait tantôt policier, tantôt pilote de ligne. Il ne sera ni l’un ni l’autre, mais a quand même une once de regret de n’avoir pas pu sillonner les cieux aux commandes d’un long-courrier. Au MGI, où il fait sa scolarité secondaire, il est un garçon tout à fait extroverti, s’initie au tabla et au sitar et surtout se classe neuvième aux examens de HSC. «Nous n’avions pas les moyens pour que j’aille étudier à l’étranger ; cela n’a jamais été un regret. La vie m’a fait beaucoup de bien, de cadeaux», nous dit-il avec une désarmante sérénité. Il rejoint alors une firme d’audit et y travaille environ six mois. Entre-temps, le destin travaillait dans les coulisses pour tracer son avenir. En 1990, la Barclays recrute. Il tente sa chance, passe l’étape de l’examen et de l’entretien et est engagé comme caissier.

Passion pour l’humain

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Chaque matin, il est à son poste à la rue Sir William Newton. Il apprend très vite les rouages du business et passera ensuite au comptoir et au service clientèle. «Ce qui m’avait attiré à la Barclays, c’est qu’elle pouvait financer mes études. Elle était une des rares à l’époque à proposer cela à ses employés», relate-t-il. Il s’engage alors dans des études bancaires en parallèle de son travail. Loin d’être contraignant, il voit cela comme un challenge qui faisait monter en lui une poussée d’adrénaline et qui a débouché sur une licence dans les services financiers de l’université de Manchester en octobre 2003. Depuis 2004, il est membre associé du Chartered Institute of Bankers.

Après avoir travaillé dans plusieurs départements, il est promu Finance Manager en 2004, Deputy Finance Director en 2007 et Finance Director de Barclays Maurice et des Seychelles en 2009. En 2015, il met le cap sur le Mozambique pour une année et demie pour assurer l’intérim au poste de Chief Financial Officer. Il avait pour tâche d’assainir les comptes. Son parcours jalonné de réussites fait qu’aujourd’hui, à la Barclays Maurice, il siège sur le conseil d’administration ainsi que sur le Country Management Committee (CMC).

À présent, aidé de son équipe, il est le garant de la bonne santé financière de la banque mais se remet volontiers en question pour amorcer cette phase de transition de la Barclays vers Absa. «La Barclays a soutenu le rêve de beaucoup de Mauriciens depuis 100 ans, et l’objectif est d’y rester encore 100 ans, et même au-delà. Au lieu de vieillir, nous rajeunissons et nous renaîtrons sous Absa», insiste-t-il. Il a la conviction qu’un leader doit être extrêmement humain afin de mobiliser toutes les équipes de la banque à changer leur état d’esprit et à rester motivées pendant cette période de transition. Il faut dire qu’il a la bonne démarche pour rallier les troupes et encourager les équipes.

Avec les années qui s’égrènent, Franco Davis ne renonce à rien de sa passion œcuménique pour l’humain. Le social attise toujours en lui une sincère et profonde ardeur. L’éducation et les enfants figurent au top de sa liste de priorités et cela, que ce soit à la banque ou dans ses œuvres personnelles. Il a, d’ailleurs, aidé en 2018 à ouvrir une école de musique dans son village. Il s’explique : «C’est pour les enfants de 13 ans à 20 ans, pour qu’ils puissent trouver une passion et ne pas tomber dans les fléaux sociaux. Je crois dans une société intégrante et inclusive.» 

Un pays marquant

«Le Mozambique. Les gens sont simples, joviaux et amicaux.»

Un talent qu’il aurait aimé avoir

«J’aurais aimé pouvoir bien jouer d’un instrument, le clavier en particulier.»

Sa gastronomie

«J’adore le poisson. J’en mange quatre à cinq fois par semaine. Au Mozambique, j’ai appris tout un rayon sur les fruits de mer. Aussi, j’aime bien cuisiner, mais c’est rare maintenant.»

Ses sources d’inspiration

«Ma famille est ma première source d’inspiration. Puis, c’est Nelson Mandela.»

Une passion

«Mon fils et moi avons la passion du football. Il s’entraîne dans une école de foot. Moi, je fais du football ‘pique-nique’.»

Un rêve qui l’anime

«Je voudrais servir mon pays du mieux que je peux et voir se concrétiser cette société inclusive.»