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Connectivité aérienne : Augmenter la capacité de sièges pour satisfaire la demande touristique en 2022

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Air Mau

Maurice ambitionne d’attirer un million de touristes en 2022. Or, la question se pose : En cette période de reprise avons-nous suffisamment de capacité en termes de sieges pour atteindre cet objectif ?

MEGH PILLAY (ANCIEN CEO D’AIR MAURITIUS)

MEGH PILLAY
(ANCIEN CEO D’AIR
MAURITIUS)

La connectivité aérienne est au centre du développement du secteur touristique. Or, si avant la crise sanitaire, Air Mauritius opérait 22 dessertes avec 15 avions, aujourd’hui, elle ne dispose plus que de neuf avions. Selon Megh Pillay, ancien CEO d’Air Mauritius et spécialiste, avec une telle réduction de la flotte, MK n’ira pas bien loin. Il souligne que la capacité en sièges est déterminée par la dimension et la composition de la flotte, la fréquence de la desserte et le modèle opérationnel répondant le mieux au rapport coût-revenu. «Quoi qu’en disent certains observateurs non initiés, Air Mauritius offrait jusqu’en 2019 pas moins de 2,3 millions de sièges. La compagnie vendait 1 720 000 sièges, atteignant un taux de remplissage de plus de 78 %», indique-t-il.

SOORYA OOGARAH (MANAGING DIRECTORAIRLINE & SYSTEMS DE ROGERS AVIATION)

SOORYA OOGARAH
(MANAGING DIRECTORAIRLINE & SYSTEMS DE
ROGERS AVIATION)

Aujourd’hui, avec ses finances exsangues ayant survécu à une liquidation, Air Mauritius ne pourra jamais restaurer le gros du trafic avec ses ailes coupées, estime Megh Pillay. «Elle ne peut plus continuer sur l’ancien modèle opérationnel comme elle ne possède plus d’appareils appropriés. Pour retrouver son rôle de market-leader, MK doit impérativement revoir sa flotte», insiste-t-il. Intervenant dans le cadre de ce débat sur la connectivité aérienne, le Managing Director de Tourism Business Intelligence, Sen Ramsamy, précise qu’il y aurait autour de 2 millions de sièges pour 2022. Ce qui l’amène à dire que dans l’immédiat, il n’y a pas de problème de capacité de sièges ; il s’agirait plutôt de s’attaquer au premier gros défi à relever : rattraper l’énorme déficit dans les arrivées pour les mois de janvier et de février. «Pour atteindre un million de visiteurs cette année, il nous faut avoir environ 255 000 touristes pour le premier trimestre. Or, nous n’avons eu que 92 000 jusqu’en février. De ce fait, nous devrions terminer le mois de mars avec 162 000 touristes pour rester ‘on target’.

Et pour le reste de l’année, nous aurions besoin de 215 000 visiteurs au deuxième trimestre, 234 000 au troisième trimestre et 296 000 au dernier trimestre. Donc, il faut aller chercher encore 907 000 visiteurs sur les dix prochains mois», argumente-t-il. Pour sa part, Soorya Oogarah, la Managing Director – Airline & Systems de Rogers Aviation, fait ressortir que la tendance de ces dernières semaines semble indiquer un certain retour à la normalité au niveau des vols. Cela est dû à l’assouplissement des mesures et des conditions sanitaires d’entrée dans plusieurs pays. Un contexte favorable à la croissance des arrivées touristiques. Or, estime Soorya Oogarah, nous n’aurons pas assez de capacité sur la route aérienne pour répondre à cette demande croissante. Elle suggère qu’on pourrait alors demander aux lignes aériennes qui desservent déjà Maurice d’augmenter leur capacité sur la route. «Notre ligne aérienne nationale pourrait aussi étendre son réseau et le nombre de vols afin de pouvoir subvenir à la demande sur la destination», suggère-t-elle.

De son côté, le Dr Nadiir Bheekhun, CEO du groupe Aeronad, est d’avis que la direction à prendre pour Maurice est d’examiner le projet de vols affrétés par rapport aux vols réguliers. À l’heure actuelle, la capacité en sièges est surtout le fait des compagnies aériennes régulières, tandis que les voyagistes travaillent avec de petits contingents. «Ce que nous ne voyons pas jusqu’à présent, c’est la possibilité d’avoir de nouvelles opérations de charters où un groupe de tour-opérateurs prend 300 sièges. Actuellement, pour un tour-opérateur, le niveau de risque avec Maurice est très faible. C’est la compagnie aérienne qui prend le risque. Alors que de nombreux tour-opérateurs de l’Union européenne prennent des garanties et des allocations très fortes sur les charters vers des destinations européennes, une telle position pourrait être prise également pour Maurice», recommande-t-il. Il s’agira, par ailleurs, d’avoir le soutien des tour-opérateurs pour offrir de nouvelles opportunités de vols qui s’appuient sur la capacité existante et la renforcent tout en permettant de pénétrer de nouveaux marchés. «Ce n’est pas le moment d’encourager une compagnie aérienne nationale. Elle doit plutôt travailler avec les touropérateurs pour créer de nouveaux charters, ainsi que pour amener des clients par le biais d’un projet basé sur des «allotements» avec des vols réguliers. Donc, notre transporteur national doit être relancé avec ses neuf avions par des vols affrétés. Une stratégie qui peut être intégrée dans l’équation de One Mauritius (MTPA) ou explorée par le transporteur national luimême», fait-il ressortir.

heekhun, l’espace aérien de Maurice est suffisamment libéralisé. La flotte d’Air Mauritius est bien adaptée aux vols long-courriers et le souci n’est pas le fait d’avoir des sièges limités mais au contraire, de remplir les sièges afin que le transporteur national soit rentable. «La compagnie n’est pas en mesure de posséder plus d’avions, tant au niveau de la gestion que des finances. Par conséquent, ce dont Air Mauritius a besoin maintenant, c’est d’encourager un groupe d’opérateurs à construire des charters au départ de villes clés, ce qui apportera du volume à l’île», estime-t-il. Abondant dans le même sens, Sen Ramsamy explique que ce n’est pas seulement le nombre d’avions qui compte, mais une gestion efficace et rigoureuse de la compagnie aérienne nationale à tous les niveaux.

 

19 compagnies aériennes desservent Maurice

 Selon les informations de Rogers Aviation, Air Mauritius et 19 compagnies étrangères ont déjà déposé des demandes auprès de l’Aviation civile. Deux compagnies, à savoir, Saudia SV et Air Madagascar MD n’opèrent pas encore. Quant à South African Airways et Fly Safair, elles ont commencé leurs vols en mars. À noter que Rogers Aviation couvre un réseau étendu à travers ses partenaires Air France et Kenya Airways. Ainsi, il sera possible de desservir les marchés porteurs comme la Russie et l’Espagne sur Air France, par exemple.

Consolider nos marchés émetteurs

Quid de la stratégie pour améliorer la connectivité aérienne et augmenter le nombre de siègesavion sur des marchés porteurs comme l’Arabie saoudite, la Russie et l’Espagne ? Pour Megh Pillay, ces trois marchés sont peut-être intéressants pour la croissance, mais ne devraient pas être une priorité. «Il est préférable de faire revenir les 294 000 Français, 140 000 Britanniques, 137 000 Réunionnais, 120 000 Sud-Africains, 111 000 Allemands, 75 000 Indiens, 40 000 Italiens et tant d’autres Européens. On verra après, les 10 000 Russes et autres Saoudiens, aussi riches et importants qu’ils soient», soutient-il.

 

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