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Secteur touristique : La stratégie de reconquête en marche

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Secteur touristique

Les autorités placent la barre haut et espèrent accueillir 1 million de touristes en 2022. Pour y arriver, elles ont élaboré la stratégie one Mauritius dont l’objectif principal est de reconquérir nos principaux marchés.

Elle est présentée comme la clé du succès de la relance du tourisme. La stratégie One Mauritius repose, à court terme, sur une étroite synergie entre le secteur public et le privé, ainsi que sur une meilleure coordination au sein des organisations publiques. L’un des objectifs étant de rester concentré sur nos principaux marchés. Trois dimensions clés ont été notamment prises en compte dans l’élaboration de cette stratégie. La première se situe au niveau de la demande, ce qui implique d’augmenter les réservations en provenance des marchés internationaux pour atteindre le niveau des arrivées touristiques de 2019 et d’encourager l’augmentation de la durée des séjours. La deuxième consiste à améliorer les installations touristiques pour augmenter les dépenses des touristes et améliorer l’expérience globale des clients. Et enfin, le troisième axe concerne la connectivité aérienne qui consiste à garantir des conditions optimales de voyage et d’accès à Maurice. Un triptyque qui devrait permettre de faire redécoller une industrie touristique amorphe, ayant enregistré un manque à gagner de près de Rs 100 milliards en raison de la fermeture prolongée de nos frontières. «La stratégie 2022 est ciblée. Son objectif n’est pas de conquérir de nouveaux marchés, mais de récupérer les marchés que nous avions déjà», précise le ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo. Il insiste sur le fait que la «priorité des priorités» est de reconquérir les cinq principaux marchés européens, les deux territoires de la région, soit La Réunion et l’Afrique du Sud, mais aussi l’Inde qui revêt un poids considérable dans le tourisme à Maurice. «1/20 des touristes qui viennent à Maurice sont des Indiens. Ce sont là nos marchés existants. Cela dit, nous entendons aussi exploiter les marchés qui représentent une opportunité particulière, comme l’Espagne et la Belgique. Pour la première fois, nous avons des avions trois fois par semaine entre la Belgique et Maurice. Il y a donc un potentiel qui n’existait pas auparavant. C’est pourquoi nous devons nous donner à fond sur ce type d’ouvertures», souligne-t-il.

SÉRIE D’ACTIONS DE MARKETING

Selon Arvind Bundhun, le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), c’est le moment de se montrer résilient et d’avoir un seul message qui est la collaboration de l’ensemble de l’indus trie. «C’est d’ailleurs l’objectif de cette stratégie : de communiquer comme One Mauritius et je ne peux qu’accueillir cette initiative», soutient-il. En effet, il rappelle que cette stratégie a été travaillée par l’ensemble du secteur privé, dont les opérateurs et les autres parties prenantes et la MTPA. Ainsi, la MTPA ambitionne de mettre sur pied différentes stratégies de marketing sur les marchés souhaités et évoqués par Steven Obeegadoo. Le marketing se résume à une série d’actions, indique Arvind Bundhun. D’abord, il y a le B2B, d’où 70 % des réservations pour la destination proviennent des travel aids, dont les tour-opérateurs et les agents de voyages, notamment Ainsi, les plus grandes agences de voyages seront ciblées pour stimuler le marché et les inciter à vendre davantage. Le deuxième volet marketing est le B2C : là c’est le grand public qui est ciblé par le biais des réseaux sociaux, du marketing des célébrités et des supports audiovisuels. «Avec la pandémie, nous avons beaucoup consommé et communiqué à travers l’audiovisuel. Donc, cela sera maintenu car nous avons déjà une bonne visibilité à travers les campagnes audiovisuelles. D’ailleurs, nous avons comme projet de mener une campagne globale à travers une chaîne internationale d’ici à la fin du mois d’octobre. Cela en diffusant un seul message, dans plusieurs pays potentiels, pour optimiser encore plus la visibilité de Maurice», précise Arvind Bundhun.

AVOIR UNE SYNERGIE TOTALE DURABLE

De son côté, Sen Ramsamy, le Managing Director de Tourism Business Intelligence, est d’avis que la stratégie One Mauritius vise plutôt les institutions touristiques, les opérateurs du secteur privé et la population locale, cela pour la cuisine interne du tourisme. Selon ses observations, cette stratégie ne peut viser la clientèle touristique car elle risque de brouiller notre image à l’international avec à la fois Mauritius, c’est un plaisir, Mauritius Now et maintenant One Mauritius. Il précise que sur le plan international, aucun de ces slogans ne marche dans le contexte actuel. Ainsi, selon ses analyses, vouloir mobiliser l’ensemble du secteur avec le slogan One Mauritius est bien, mais il suggère aussi que nous ne sommes pas One. «Et si nous commencions par réfléchir et agir ‘As One’ au niveau des institutions publiques qui sont supposées mener le tourisme mauricien à bon port ? Les récents événements, où l’ordre protocolaire n’est même pas respecté, nous montrent exactement le contraire», déplore Sen Ramsamy. Pour attirer un million de visiteurs, il faut bien, selon lui, plus qu’un slogan. Certes, il faut absolument une nouvelle image de marque (rebranding) pour repositionner notre destination sur la carte touristique mondiale, comme proposé avec raison par le gouvernement dans le budget de l’année dernière. «L’application de cette excellente initiative du gouvernement a été déclenchée par la MTPA depuis juin 2021, mais gelée depuis pour des raisons obscures, contrairement à la rapidité d’exécution d’un contrat signé avec Liverpool pour une somme faramineuse de Rs 400 millions pour le seul marché britannique alors que nos frontières étaient fermées et les stades anglais vides. Le rebranding aurait coûté bien moins et aurait eu un impact positif pour Maurice dans le monde entier», estime-t-il. Pour le Dr Nadiir Bheekhun, fondateur et CEO du groupe Aeronad, pour que One Mauritius devienne une histoire à succès, nous avons d’abord besoin d’une synergie totale durable entre toutes les parties prenantes impliquées dans la chaîne de valeur. Deuxièmement, il précise qu’un cadre tripartite équilibré entre la MTPA, les compagnies aériennes et l’aéroport international SSR est primordial, comme il l’a souligné à plusieurs reprises. Car tout conflit mineur entre ces trois parties peut entraîner un échec catastrophique de One Mauritius. Il est également essentiel pour Maurice de mener une campagne B2B2C forte avec les principaux tour-opérateurs en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Et d’utiliser ces opérateurs pour pousser à travers leurs canaux d’agents pour faire connaître les vacances d’été à Maurice, et pour vraiment positionner l’île comme une destination préférée pour le soleil d’hiver.

Toutefois, estime le Dr Nadiir Bheekhun, la publicité auprès des consommateurs ne suffit pas pendant le pic de l’été européen. «One Mauritius devra aller au-delà des incitations du MICE et du visa Premium. Et la MTPA devra prouver en quoi Maurice est fondamentalement différent des autres destinations. Enfin, un autre point que j’ai déjà soulevé, c’est le fait qu’il est grand temps pour notre transporteur national de se transformer en une compagnie aérienne de charme. Pour les lignes exploitées par Air Mauritius, One Mauritius commence à partir du moment où le touriste monte dans notre compagnie aérienne nationale», explique le Dr Nadiir Bheekhun.

SEN RAMSAMY (MANAGING DIRECTOR DU TOURISM BUSINESS INTELLIGENCE)

SEN RAMSAMY (MANAGING
DIRECTOR DU TOURISM BUSINESS
INTELLIGENCE)

ARVIND BUNDHUN (DIRECTEUR DE LA MTPA)

ARVIND BUNDHUN
(DIRECTEUR DE LA MTPA)

Par ailleurs, Sen Ramsamy avance que l’objectif d’un million de visiteurs en 2022 lui semble réalisable, mais pas avec les mesures préconisées dans le plan de relance comme annoncé. Il explique que si le diagnostic paraît bon, les prescriptions n’auront aucun effet positif. C’est ce qu’il appelle être «right in the wrong way». Mis à part le concept de Premium Visa, qu’il avait lui-même proposé à la MTPA depuis avril 2020, il note que le contenu du plan de relance du tourisme et les moyens pour atteindre l’objectif d’un million de visiteurs en 2022 sont loin d’être convaincants. Ainsi, dit-il, cette campagne vise essentiellement les marchés primaires alors que ceuxci favorisent en ce moment les destinations de proximité. Et ces marchés primaires sont, plus que d’autres, dans une situation extrêmement précaire avec la guerre, le prix du pétrole qui grimpe et son impact sur le coût du voyage long courrier. Sans compter les incertitudes grandissantes qui recommencent à planer sur le monde avec l’inefficacité des vaccins, tel que rapporté, contre les variants de la Covid-19. «Dans ces conditions, ne serait-il pas plus intelligent de viser les marchés secondaires et d’ouvrir de nouveaux marchés régionaux ? Une campagne axée sur le golf, le kitesurf et la culture n’est pas suffisante pour attirer un million de touristes cette année, le kitesurf étant en lui-même une activité hautement sensible contre les Par ailleurs, Sen Ramsamy avance que l’objectif d’un million de visiteurs en 2022 lui semble réalisable, mais pas avec les mesures préconisées dans le plan de relance comme annoncé. Il explique que si le diagnostic paraît bon, les prescriptions n’auront aucun effet positif. C’est ce qu’il appelle être «right in the wrong way». Mis à part le concept de Premium Visa, qu’il avait lui-même proposé à la MTPA depuis avril 2020, il note que le contenu du plan de relance du tourisme et les moyens pour atteindre l’objectif d’un million de visiteurs en 2022 sont loin d’être convaincants. Ainsi, dit-il, cette campagne vise essentiellement les marchés primaires alors que ceuxci favorisent en ce moment les destinations de proximité. Et ces marchés primaires sont, plus que d’autres, dans une situation extrêmement précaire avec la guerre, le prix du pétrole qui grimpe et son impact sur le coût du voyage long courrier. Sans compter les incertitudes grandissantes qui recommencent à planer sur le monde avec l’inefficacité des vaccins, tel que rapporté, contre les variants de la Covid-19.

«Dans ces conditions, ne serait-il pas plus intelligent de viser les marchés secondaires et d’ouvrir de nouveaux marchés régionaux ? Une campagne axée sur le golf, le kitesurf et la culture n’est pas suffisante pour attirer un million de touristes cette année, le kitesurf étant en lui-même une activité hautement sensible contre les visiteurs dans certains milieux spécifiques à Maurice. J’avais prédit en juillet dernier que nous n’aurions pas les 325 000 visiteurs visés en 2021. Je crains encore une fois qu’avec les mesures préconisées, nous ne recevrons pas un million de touristes en 2022. Il faut des mesures bien plus fortes pour y arriver. D’où ma proposition pour une meilleure vulgarisation du concept de premium visa afin de gagner plus en devises étrangères qu’en nombre de visiteurs», fait ressortir Sen Ramsamy. À savoir qu’il a lancé ce nouveau business model avec des mesures incitatives fort intéressantes pour notre tourisme et pour le bien de notre pays. Pour y arriver, il a fait appel à une des plus grandes sociétés de communication et de PR qui existent au monde. Sen Ramsamy dit être prêt avec le plan et attend toujours une occasion pour le présenter aux autorités concernées afin qu’il bénéficie à l’ensemble du secteur touristique et à bien d’autres secteurs économiques à Maurice.

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