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Politique monétaire : deux écoles de pensée s’affrontent

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Politique monétaire : deux écoles de pensée s’affrontent | business-magazine.mu

La publication du procès-verbal de la dernière réunion du comité de politique monétaire jette un nouvel éclairage sur l’affrontement entre la Banque de Maurice et le ministère des Finances.

Comme annoncé, le Gouverneur Rundheersing Bheenick et ses deux adjoints, Yandraduth Googoolye et Iqbal Belath, ont voté pour une hausse de 10 points de base du taux directeur, alors que les cinq membres externes ont opté pour le maintien. La lecture du compte-rendu de la réunion du 30 septembre donne une idée des divergences, souvent très profondes, entre le Trésor public représenté par l’ex-Secrétaire financier, Ali Mansoor, et la Banque de Maurice sur plusieurs questions.

D’abord, sur le déclin de l’investissement privé et à la Banque de Maurice, l’on s’inquiète de la baisse de l’investissement public à un moment où il devait prendre le relais du privé. D’ailleurs, les représentants de la Banque centrale ont clairement fait ressortir que le retard accumulé dans la mise en application des projets majeurs ou encore les renvois contribuent à retenir la croissance.

Vulnérabilités des banques

Les voix minoritaires au sein du CPM ont aussi souligné que les faibles taux d’intérêt ont, non seulement, impacté sur le taux d’épargne, mais ont également alimenté la demande du crédit, créant ainsi un boom dans le secteur de la construction. Selon la BoM, la mauvaise allocation de crédit n’a fait qu’accroître les vulnérabilités dans le secteur bancaire et l’économie en général.

S’agissant de l’excédent de liquidités dans le circuit bancaire, qui a été de Rs 5,3 milliards en moyenne depuis juin 2013, la Banque de Maurice pointe du doigt le rachat de titres gouvernementaux et le placement des fonds publics dans les banques. La Banque de Maurice dit avoir émis des instruments pour un montant de Rs 1,586 milliard pour essayer d’éponger cet excès de liquidités. Une démarche qui n’est pas sans conséquence sur son bilan financier. 

Pour rectifier le tir, les faucons avaient proposé au comité de politique monétaire une normalisation des taux accompagnée des mesures macro-prudentielles. Une proposition qui n’a pas été retenue par la majorité. En revanche, Ali Mansoor devait expliquer aux membres du CPM  que le ministère des Finances est conscient des problèmes auxquels est confrontée l’économie mauricienne. Selon lui, l’endettement au sein de l’économie est attribuable à une crise de la demande. Les secteurs clefs sont lourdement endettés, dit-il, tandis que les créances douteuses augmentent. D’où la nécessité de garder les taux d’intérêt bas.

« Ce n’est pas un faible taux d’intérêt qui est responsable de la crise financière, mais plutôt une mauvaise réglementation», a fait comprendre l’ex-Secrétaire financier. Il estime qu’à Maurice, la Banque centrale doit s’attaquer au problème d’endettement des entreprises à travers la réglementation.

Ali Mansoor ne voit pas non plus, pourquoi, il faudra s’inquiéter de l’excès de liquidité dans le système bancaire. “The amount of excess liquidity and the resulting low money market rates would have no short-term impact on the economy. Since the central bank had been systematically wrong on inflation forecast for the economy, there was still room to lower the policy rate towards the market rates”, a-t-il insisté.

Sur la croissance économique également, il y a deux écoles de pensée. D’un côté, il y a ceux qui relèvent la fragilité de l’environnement économique, les risques persistants et l’écart de production et, de l’autre, il y a ceux qui constatent que l’économie est en train de faire face « plutôt bien » à la crise globale.

Pour Ali Mansoor, la perte de confiance est attribuable à un manque de coordination entre la politique monétaire et fiscale. Cela dit, il estime que la croissance se situera dans la fourchette de 3,5 à 4 % en 2014 avant de grimper à 5 % en 2016.

Politique budgétaire versus politique monétaire

La dernière réunion du comité de politique monétaire a été aussi l’occasion pour les membres d’examiner la politique budgétaire rigoureuse adoptée par le ministère des Finances en vue de réduire le niveau de la dette publique à 50 % du produit intérieur brut d’ici à 2018. Certains membres et non des moindres se sont d’ailleurs interrogés sur la pertinence d’avoir une politique budgétaire pro-cyclique en temps de crise et la pression en faveur d’une politique monétaire contre-cyclique forte. Il en est ressorti que la politique monétaire peut potentiellement avoir une influence sur la croissance à court terme, mais pas de grand impact à long terme.

Le CPM a conclu qu’il fallait également un soutien budgétaire pour stimuler l’activité tout en procédant à des réformes structurelles afin de relancer la croissance. Soulignons qu’Issa Soormally, a pris ses fonctions en tant que second Gouverneur adjoint en remplacement d’Iqbal Belath, mardi.

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