Rhum: tirer avantage d’une industrie à fort potentiel

Ces deux dernières décennies, l’industrie du rhum a connu une croissance rapide sur le marché mondial. À ce jour, le marché pèse quelque 156 millions de caisses de rhum. Une progression qui tient à une plus forte demande pour du rhum à valeur ajoutée.

Le potentiel est réel pour les distillateurs et producteurs de rhum à Maurice, estime Cyrille Hugon, l’un des fondateurs du magazine Rumporter, un trimestriel en ligne qui est également accessible sur application mobile. Cet ancien Marketing Manager de Dugas était récemment à Maurice dans le cadre d’un reportage sur les distillateurs et producteurs de rhum qui paraîtra soit dans l’édition de septembre du magazine, soit dans celle de décembre. Sa venue à Maurice a été par ailleurs facilitée par la Rum Producers Association Mauritius.

Un marché fortement concurrentiel

À l’échelle mondiale, le rhum à valeur ajoutée est « ultra concurrencé ». La demande pour ce spiritueux « explose », estime Cyrille Hugon. « Depuis 15-20 ans, la demande pour le rhum grimpe. Elle concerne surtout les rhums épicés », souligne Cyrille Hugon.

Selon l’International Wine & Spirit Research (IWSR), la croissance annuelle des rhums importés atteindra 3,8 %. Sur une production de 156 millions de caisses, 34 millions de caisses sont importées. Le rhum, le whisky et la vodka sont les trois spiritueux qui connaîtront les meilleurs taux de croissance à l’importation jusqu’en 2018, selon l’IWSR.

Pour l’heure, au niveau mondial, le plus gros producteur de rhum (en termes de volume) serait un groupe philippin du nom de Tanduay Distillers Inc., soutient Cyrille Hugon.

À Maurice, on compte douze producteurs de rhum. Six d’entre eux sont des distillateurs. Il s’agit de Grays Inc., Saint Aubin, La Rhumerie des Mascareignes-Domaine de Labourdonnais, La Rhumerie de Chamarel, Médine et d’Oxenham. En 2012, selon les données d’Enterprise Mauritius, on a exporté 614 274 litres de rhum pour des recettes de Rs 30,2 millions. Celles-ci sont réparties comme suit : rhum industriel (Rs 24 millions), rhum agricole (Rs 5,1 millions) et Island Recipe Rum (Rs 484 804).

De 2007 à 2012, l’exportation de rhum a connu une croissance de 30 %. Nos principaux marchés d’exportation en 2012 étaient : le Pays-Bas (32,2 %), le Royaume-Uni (21,5 %) et les États-Unis (10,2 %).

Le rhum agricole et les rhums arrangés et épicés, aussi connus comme Island Recipe Rum, ont commencé à intégrer les marchés internationaux à partir de 2010.

Selon Cyrille Hugon, l’industrie du rhum mauricienne s’est déjà engagée dans une production à valeur ajoutée en 2006-07, « Grays a commencé par cet effort de monter en gamme avec New Grove (la marque de rhum qu’elle commercialise) grâce à la collaboration d’un groupe réunionnais, Quartier Français. » Et d’ajouter : « Il y a une association de producteurs de rhum qui a été créée récemment à Maurice. Ces producteurs projettent d’établir une charte de qualité pour le rhum mauricien, afin de lui bâtir une réputation stable etferme. Je pense qu’ils vont s’entendre et définir une stratégie commune pour l’exportation, contrairement à la Martinique où les tensions sont palpables entre producteurs. »

Rappelons que la deuxième édition du Mauritius Rum Festival se tiendra du 21 au 24 août. Cet événement organisé par Enterprise Mauritius vise à donner une meilleure visibilité au rhum mauricien.