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Sonny Wong : «Il y a une conscientisation des consommateurs sur l’importance de consommer des produits fabriqués localement»

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Sonny Wong, Chief Operating Officer d’Innodis, explique que quand on transforme un produit alimentaire, on a de la valeur ajoutée. Ainsi, le revenu augmente tout en offrant une gamme de produits qui répond mieux aux attentes des consommateurs. Si la qualité est là et le prix demeure raisonnable, le producteur local offre alors une alternative réelle aux produits importés.

Maurice est confronté à un défi majeur : être autosuffisant et produire ses denrées de base pour assurer sa sécurité alimentaire. Que faut-il faire pour soutenir la production alimentaire locale et construire des systèmes alimentaires locaux résilients ?

Les problèmes d’approvisionnement auxquels ont dû faire face un grand nombre de pays depuis la pandémie ont remis sur le tapis l’importance de l’autosuffisance alimentaire, et Maurice ne fait pas exception à cette règle. Cela s’avère encore plus important aujourd’hui au vu des différents conflits et tensions géopolitiques qui subsistent à travers le monde, et qui fragilisent l’économie mondiale et le commerce international.

À Maurice, la majorité des produits alimentaires et non alimentaires sont importés, principalement d’Europe, de l’Asie et, dans une certaine mesure, de l’Australie. L’une des rares industries locales qui ont pu atteindre autosuffisance est l’industrie de la volaille ; le poulet principalement. Les industriels locaux du secteur n’ont rien à envier à leurs homologues internationaux. Ils disposent d’une expertise équivalente, et le secteur pèse environ 46 000 Mt annuellement. Il en est de même pour la fabrication des yaourts et des crèmes glacées. D’ailleurs, Innodis a beaucoup contribué à l’autosuffisance dans ces secteurs, avec sa production de poulet Prodigal depuis 50 ans, ainsi que ses yaourts DairyVale et crèmes glacées DairyMaid.

Ce succès pourrait être étendu à d’autres secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, mais il y a encore des efforts à faire pour obtenir l’expertise nécessaire pour la formation de la main-d’oeuvre afin de rester compétitif vis-à-vis des produits importés. Un soutien étatique ciblé devrait également contribuer à promouvoir l’investissement dans les équipements ainsi que les nouvelles technologies. Par ailleurs, depuis ces dernières années, il y a une conscientisation des consommateurs sur l’importance de consommer des produits fabriqués localement ; ce qui est une bonne chose, car cela aide à protéger notre industrie locale, ainsi que l’emploi.

La taille de notre marché ne permetelle pas aux producteurs locaux dans le secteur agroalimentaire de bénéficier d’économies d’échelle pour pouvoir proposer des prix compétitifs et ainsi concurrencer les producteurs des grandes nations ?

En fait, à Maurice, beaucoup de produits locaux n’ont rien à envier aux produits importés au niveau de la qualité. Néanmoins, notre marché est restreint et bien souvent, les producteurs locaux n’arrivent pas à produire en quantité suffisante pour bénéficier d’économies d’échelle comme les gros producteurs étrangers. Ils sont ainsi dans l’incapacité de faire baisser leur coût de production, et, dans certains cas, les produits importés sont plus compétitifs et donc plus attrayants pour le consommateur. Par ailleurs, il faut souligner que le rehaussement significatif du salaire minimum, bien que bénéfique pour les salariés, est une lourde charge additionnelle pour les opérateurs locaux, surtout ceux évoluant dans l’agroalimentaire, tels que Innodis. Cela dit, il faut aussi reconnaître que les produits locaux qui ont une date de péremption relativement courte ont un avantage sur les produits importés, car le fret par avion coûte cher.

Selon le rapport Mauritius National Export Strategy Agro-Processing Sector, l’industrie mauricienne de transformation des fruits et légumes n’a pas vraiment décollé. Si des efforts ont été faits pour diversifier le secteur agricole, la quantité – et la qualité – des produits alimentaires frais actuellement produits n’a que très peu progressé et est insuffisante pour soutenir le développement d’une industrie. Que préconisez- vous pour redynamiser cette industrie ?

Dans les rayons des supermarchés, on constate que la gamme des fruits et légumes proposés est devenue de plus en plus large. Ils sont bien présentés et emballés, et beaucoup sont réfrigérés ; ce qui n’était pas forcément le cas encore récemment. Il est vrai qu’une bonne partie de ces produits sont importés, surtout les fruits, mais au niveau des légumes, la plupart sont produits à Maurice, et de plus en plus de légumes sont vendus déjà épluchés et découpés, afin de faciliter la tâche du consommateur. On note aussi une progression des légumes issus de l’agriculture raisonnée.

Il y a aujourd’hui une vraie prise de conscience au niveau de la santé et de l’agriculture saine, avec l’utilisation de moins de produits chimiques et de pesticides. On constate également un retour à la terre avec davantage de Mauriciens qui ont commencé à planter chez eux, à petite échelle. Il faut encourager cette pratique, mais aussi rendre le secteur agricole professionnel plus attrayant pour les jeunes. C’est là où l’on retrouve toute l’importance du soutien de l’État, en termes de subventions, de formation et de savoir-faire, voire même l’apport de certaines garanties financières, par exemple des plans de compensation bien définis lorsque les agriculteurs perdent leurs récoltes en raison du mauvais temps.

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