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2023-2024

Secteur manufacturier : Un levier essentiel pour renforcer les exportations

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Avec une croissance de 10,4 % enregistrée l’année dernière, le secteur manufacturier reste le plus important contributeur à l’économie du pays. Le présent exercice budgétaire prévoit des mesures pour soutenir l’industrie locale et encourager la consommation de biens produits localement.

Le secteur manufacturier joue un rôle essentiel dans l’économie mondiale en tant que moteur de la croissance économique, de l’innovation et de l’emploi. À Maurice, il a enregistré une croissance de 10,4 % l’année dernière, témoignant de son dynamisme en étant exceptionnellement résistante, ayant dépassé son niveau pré-pandémique en moins de deux ans.

L’industrie manufacturière mauricienne est réputée pour sa qualité et sa compétitivité, ce qui lui permet de se positionner favorablement sur les marchés internationaux. Les entreprises manufacturières modernisent en permanence leurs installations de production pour rester compétitives et attrayantes. En 2022, plus de Rs 4,9 milliards ont été investies dans l’espace industriel, les installations et les machines. Sunil Bholah, ministre du Développement industriel, des PME et des coopératives, rappelle que le secteur manufacturier comprend 232 entreprises orientées vers l’exportation (EOE), 309 entreprises non orientées vers l’exportation (Non-EOE) et 18 187 PME manufacturières. Aujourd’hui, le secteur emploie plus de 85 000 personnes, ce qui représente environ 16,5 % de la main-d’œuvre active. L’année dernière, dit-il, le secteur industriel a vécu un moment historique en générant une production manufacturière record de Rs 152 milliards ainsi que des exportations nationales record de Rs 52,3 milliards.

L’innovation et la technologie sont des éléments clé dans l’industrie manufacturière. L’objectif de l’industrie 4.0, fait-il comprendre, est de promouvoir l’adoption de technologies avancées telles que l’intelligence artificielle, les objets connectés, la robotique et le cloud dans le secteur industriel. Le projet est mis en œuvre en trois phases. La phase 1 consiste en une étude visant à évaluer le niveau de numérisation des entreprises manufacturières, la phase 2 comprendra un programme de renforcement des capacités pour les entreprises sélectionnées. Ensuite, la phase 3 consistera en un voyage d’étude dans un pays technologiquement avancé. «Une fois qu’il aura été mis en œuvre avec succès, mon ministère envisagera la possibilité de reproduire le projet à plus grande échelle afin d’en faire bénéficier un plus grand nombre d’entreprises, y compris les PME», explique-t-il.

«Nous appuyons favorablement le renouvellement du trade promotion and marketing scheme. Ce sont des éléments que nous considérons comme importants et qui apportent un soutien à l’activité exportatrice», s’exprime Dominique de Froberville, président de la Mauritius Export Association (MEXA). L’embauche de travailleurs étrangers peut être une solution pour répondre aux besoins de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier. Cela peut combler ce déficit et maintenir la production industrielle à des niveaux optimaux.

L’industriel et chef d’entreprise François de Grivel estime que ce budget paraît assez ambitieux pour revoir le développement des différents secteurs. Il y a une chose plutôt encourageante, explique-t-il, concernant la main-d’œuvre étrangère qui manque à Maurice. «C’est difficile à réaliser par rapport aux recettes prévues. Bien entendu, le Budget ne peut s’équilibrer qu’avec les dépenses qui peuvent elles-mêmes assurer des recettes importantes

Autre mesure phare dans le Budget 2023/2024 est le fait que le gouvernement encourage la décarbonation du secteur manufacturier et sa transition vers une industrie neutre en carbone, sans oublier l’emphase sur l’utilisation de l’énergie renouvelable ; une bonne initiative pour la MEXA. Shirin Gunny, CEO de l’Association des Manufacturiers Mauriciens (AMM), salue les propositions budgétaires phares. «Nous saluons la dérogation de 50 % accordée sur l’augmentation des prix de l’électricité au cours des deux prochaines années pour les entreprises qui s’orientent vers une énergie 100 % renouvelable ainsi que la subvention de 75 % accordée pour la réalisation d’audits énergétiques. Nous soulignons aussi une mesure importante pour stimuler la création d’une filière locale de recyclage : le taux de remboursement pour les bouteilles PET recyclées localement passe à Rs 30 par kg pour les recycleurs locaux tandis que le taux reste à Rs 15 par kg pour les recycleurs étrangers

Exportation, un rôle vital dans la croissance économique

Pour François de Grivel, les secteurs économiques, tels que le tourisme et l’industrie manufacturière en général, n’ont pas été bien considérés par le ministre des Finances «car il nous faut voir redynamiser ce secteur, dans le sens d’avoir plus de clients pour l’industrie et plus de touristes qui puissent venir dans les hôtels et avoir des étrangers qui viendront investir dans l’immobilier à Maurice.» Avinash Goburdhun, directeur général de Wensum Ltd, indique que la dérogation de 50 % accordée sur l’augmentation des prix de l’électricité au cours des deux prochaines années doit être prise avec des pincettes. «Cela reste un investissement coûteux ; si le CEB permet un meilleur prix de vente de l’électricité excédentaire produite et si la durée est plus longue, ce sera un investissement rentable. Mais si la durée du prêt est courte et que le prix du CEB pour l’électricité excédentaire est faible, ce ne sera pas intéressant. L’approche consiste à faire en sorte que l’investissement en faveur de la neutralité carbone en vaille la peine. Par ailleurs, de nombreuses industries manufacturières qui louent des terrains aux municipalités ne sont pas autorisées par ces dernières à donner à l’entreprise manufacturière une charge fixe sur le terrain, et les banques ne sont pas disposées à financer sans charge fixe… Il faut donc régler ce problème», suggère-t-il.

L’économie mauricienne repose fortement sur le commerce extérieur, et l’exportation joue un rôle vital dans sa croissance économique. Le pays a diversifié ses exportations au fil des années, ce qui lui a permis de réduire sa dépendance à l’égard de certains secteurs spécifiques. Les fondamentaux économiques ont été rétablis aux niveaux d’avant la crise. Il convient de mentionner le secteur du tourisme, qui est un autre pilier important de l’économie mauricienne, Le pays attire chaque année un grand nombre de touristes, qui dépensent des devises étrangères sur l’île, contribuant ainsi aux revenus d’exportation.

Selon Mauritius Stratégie, la mise en œuvre des mesures budgétaires annoncées est susceptible d’augmenter le PIB pour l’année fiscale 2023/24 à Rs 722,9 milliards avec un taux de croissance nominal de 17 % et un taux de croissance de 8 %, le même niveau noté pour 2022/23. L’investissement public devrait être le principal contributeur à la croissance nominale, avec 5,76 points de pourcentage. 200 000 arrivées de touristes supplémentaires sont attendues, ce qui ajoutera 2,67 % au PIB, suivi par l’investissement privé supplémentaire (+2,02 %), les exportations de biens (+1,95 %) et les exportations d’autres services (+1,85 %). De son côté, Ken Poonoosamy, le CEO de l’EDB, précise que nous avons réalisé une croissance économique de 8,7 %, enregistré des entrées d’investissements directs étrangers (IDE) à hauteur de Rs 27 milliards, généré des recettes touristiques de Rs 64,8 milliards et exporté des biens et services pour une valeur de plus de Rs 320 milliards.

Le renouvellement de l’Africa Warehousing Scheme pour trois ans, fait ressortir Ian Tin Fook, vice-président Export de l’AMM, facilitera le positionnement des produits mauriciens et atténuera les risques de pénétration au niveau de l’exportation – ce qui donnera confiance aux Export-Oriented Enterprises (EOE). Pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 500 millions d’EUR, les dépenses liées aux études de marché et au développement de produits font l’objet d’une double déduction en termes de dépenses, ce qui encourage la différenciation des produits en fonction des besoins, sur la base des résultats des études de marché. Cependant, dit-il, «nous n’avons pas encore reçu de termes comptables clairs, qui seraient acceptables en tant que dépenses dans le cadre de la recherche et du développement

En avril 2023, 22 entreprises avaient bénéficié d’environ Rs 14 millions au titre du régime d’assurance de garantie des crédits à l’exportation, qui fournit une couverture d’assurance pour les exportations mondiales. Le système de garantie des crédits à l’exportation est indispensable car il permet la poursuite et la croissance de nos marchés d’exportation. «Cela améliorera la dynamique d’exportation des fabricants», souligne Sunil Bholah.

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