Industrie locale : Encourager la consommation de biens produits localement

Les mesures budgétaires obtenues dans le Budget 2023-2024 marquent une étape décisive pour l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) et le label Made in Moris. Elles témoignent de la reconnaissance de l’importance de l’industrie manufacturière locale et de son potentiel de transformation économique.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont un moteur essentiel de la croissance économique et de l’emploi à Maurice. Dotées d’idées novatrices et révolutionnaires, les PME sont réputées pour leur flexibilité et leur réactivité. Au milieu de la pandémie de la Covid-19, divers programmes ont été introduits pour améliorer la compétitivité des PME et préserver l’emploi. De même, l’EDB a été mandaté pour mettre en œuvre le système de remboursement aux PME, qui concerne la promotion internationale des PME. En 2022, ce programme a bénéficié à 100 PME et pour la période de janvier à mai 2023, 50 entreprises sont concernées.

Pour l’AMM, les mesures budgétaires constituent des avancées significatives qui renforcent l’attractivité du label Made in Moris et ouvrent de nouvelles perspectives prometteuses pour les entreprises membres. Elles offrent surtout une véritable opportunité de stimuler l’économie locale en favorisant l’achat local responsable.

Une des mesures phares concerne l’ouverture d’un flagship store dédié au Made in Moris à l’aéroport SSR. Avec son potentiel de dépenses touristiques significatives, celui-ci représente un véritable tournant pour les PME membres du Made in Moris. Cela ouvre surtout la voie à de nouvelles collaborations, innovations et possibilités de croissance. L’AMM est convaincue que cet effet d’entraînement positif se répercutera sur l’ensemble du tissu économique local. L’association s’engage à collaborer avec les différentes entités gouvernementales pour maximiser les effets de ces mesures.

«Nous appelons à une véritable synergie entre l’AMM, le Made in Moris et le gouvernement afin de mettre en place un partenariat solide et fructueux. Cette collaboration renforcée permettra de promouvoir le Made in Moris comme un véritable atout pour l’île Maurice, en intégrant le label dans les campagnes de la MTPA et d’Air Mauritius et en le positionnant comme un élément central du country branding de l’île», explique Shirin Gunny, CEO de l’AMM. «Notre aéroport voit passer, chaque année, 4 millions de passagers. Le touriste dépense approximativement $ 1 750 à Maurice pendant son séjour et repart souvent avec ses devises, faute d’avoir trouvé des produits locaux de qualité. Avec un quart des dépenses touristiques en termes d’achat, il y a un potentiel de $ 570 millions en dépenses qui peuvent être faites sur des produits locaux. Nous estimons qu’entre 75 et 90 marques Made in Moris pourraient être positionnées dans notre flagship store.»

Le programme En route vers le Made in Moris sera mis sur pied pour environ 120 PME sur une période de trois ans afin de renforcer leur capacité à adhérer au label. Pour AMM, c’est une mesure très favorable. «Nous accueillons le soutien accordé à ce programme. Afin de faciliter l’adhésion des PME au label Made in Moris, l’AMM créera un programme échelonné sur 36 mois pour accompagner 120 PME sur leur processus Qualité et sur les bonnes pratiques industrielles du label (ex: Health and Safety, HACCP, Normes alimentaires obligatoires, SDG, entre autres)», soutient Shirin Gunny. Elle ajoute que cet accompagnement professionnel (auditeur expert + Consultant) permettra aux PME (40 par année) de se professionnaliser et de pouvoir répondre aux critères d’éligibilité du Made in Moris et d’agrandir le réseau d’adhérents sur 7 secteurs dynamiques notamment Agro-alimentaire, Industriels, Agricoles, Textiles, Culturels, Créatifs et Numériques, Secteur Hôtelier (Hospitality) et Industrie des Services.

Soutenir la production locale

Aujourd’hui plus que jamais, il est important de soutenir les producteurs, commerçants et artisans locaux. Pour valoriser le travail des producteurs locaux et l’économie locale, le gouvernement achètera au moins 50 % des biscuits, uniformes, huile alimentaire, margarine, thé, jus et yaourts des fabricants locaux. «Nous saluons la volonté de s’engager dans l’achat public responsable. Cette mesure fait écho à notre initiative – le Made in Moris Pledge – lancée en 2022 pour encourager l’intégration des produits Made in Moris dans la chaîne d’approvisionnement des entreprises», rappelle Shirin Gunny. Le Made in Moris Pledge invite les entreprises à s’approvisionner non seulement auprès du Made in Moris, mais aussi à aller explorer l’écosystème industriel local pour y trouver d’autres produits et services dont elles ont besoin.

Encourager et faciliter la participation des PME aux marchés internationaux constitue un outil important pour promouvoir l’innovation, la croissance économique et l’amélioration de la productivité. «Il est devenu difficile pour une entreprise de le faire sans soutien financier. L’augmentation de 25 % du montant du régime de remboursement aux PME pour la participation à des foires internationales, qui passe à Rs 250 000, sera un soulagement pour ceux envisageant pénétrer les marchés internationaux», reconnaît Trinida Chetty, la présidente de l’Association Mauricienne des Femmes Chefs d’Entreprises (AMFCE).

L’encouragement du gouvernement pour que les PME investissent dans des prêts verts compétitifs auprès de la DBM, l’extension de la Negative Tax à juin 2024 pour l’acquisition de véhicules utilitaires électriques comme mode de transport économique et écologique à moindre coût au kilomètre pour faire fructifier leurs entreprises, sont d’autres mesures qu’apprécie l’AMM.

Maya Sewnath trouve la baisse de Rs 5,10 par litre d’essence pas suffisante pour soutenir le secteur local ni les PME. «Avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, cette baisse n’a pas de valeur. Et quant au coût du diesel qui est maintenu, les PME sont impactées car beaucoup d’entre elles optent pour les véhicules diesel pour transporter leur marchandises. Une baisse pour les modèles diesel allait être un avantage pour leurs activités. Dommage que le gouvernement n’ait pas considéré cet aspect.»