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Economic Development Board : fusion ou confusion ?

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Economic Development Board : fusion ou confusion ? | business-magazine.mu

La création de l’Economic Development Board permettra-t-elle de mieux promouvoir Maurice comme une destination pour les affaires ? Rien n’est moins sûr. Du reste, dans le secteur financier, on s’interroge sur la pertinence d’une telle démarche.

Annoncé lors du Budget 2017-18, l’Economic Development Board (EDB) est appelé à regrouper les fonctions de plusieurs agences de promotion : Board of Investment (BoI), Enterprise Mauritius, Financial Services Promotion Agency (FSPA) et Mauritius Africa Fund.

Le CEO de la FSPA, Harvesh Seegolam, indique qu’un comité technique établira une feuille de route sur le fonctionnement de la nouvelle institution. Entre-temps, une certaine confusion plane. Car les différents organismes qui tomberont sous l’EDB ont chacun des missions distinctes. Ainsi, la FSPA se charge de la promotion de Maurice en tant que centre financier, alors qu’Enterprise Mauritius encourage les petites et moyennes entreprises (PME) à s’engager dans l’exportation.

Les plus sceptiques se demandent si cette fusion se concrétisera. Après tout, il y a eu l’épisode de l’amalgamation d’Enterprise Mauritius, du National Women Entrepreneur Council (NWEC) et de la SMEDA annoncée lors du Budget 2016-17. Jusqu’ici, rien ne s’est matérialisé. À ce chapitre, Amar Deerpalsing, président de l’Association des PME, ne cache pas sa déception. Selon lui, une fusion Enterprise Mauritius-NWEC-SMEDA aurait apporté une certaine cohérence dans un contexte où le secteur des PME fait face à une crise institutionnelle. «Idéalement, il aurait fallu fusionner Enterprise Mauritius avec le National Productivity and Competitiveness Council, la Banque de Développement et le National Institute for Co-operative Entrepreneurship, afin d’avoir sous le même toit une seule institution s’occupant de l’entrepreneuriat. Valeur du jour, on est encore plus dispersé avec MyBiz», observe Amar Deerpalsing.

Retour à la case départ ?

Cet état esprit gagne aussi le milieu de la finance. Le secteur financier étant très spécifique, il a besoin d’agence(s) fonctionnant de manière concise, estime Kamal Hawabhay, président de l’Association of Trust and Management Companies (ATMC). Une fusion de la FSPA, avance-t-il, prêterait à confusion car on ne sait pas encore si toutes les organisations seront regroupées sous le même toit ou si l’EDB aura un ou plusieurs CEO.

La FSPA, à son avis, n’a pas vraiment fonctionné depuis sa mise sur pied. Une meilleure synergie entre le BoI et la FSPA, à la rigueur, serait bénéfique, pense Kamal Hawabhay, car le BoI dispose de plusieurs ressources comme des antennes en Inde et en Afrique qui pourraient servir à la FSPA. «Mélanger les deux cependant ne serait pas dans l’intérêt de Maurice et nous ferait retourner à la case départ. L’ATMC avait fait passer le message bien avant le Budget au gouvernement qu’on voulait que la FSPA demeure une entité séparée», souligne Kamal Hawabhay.

De son côté, Harvesh Seegolam explique que l’EDB fera la promotion de Maurice en tant que destination pour les affaires de manière plus efficace. Sous la bannière de l’EDB, des campagnes promotionnelles dans nos principaux marchés pourraient, par exemple, prendre la forme de Mauritius Weeks. Il est toutefois d’avis qu’une unité dédiée au centre financier mauricien devrait être maintenue au sein de l’EDB. Cela, dans le but d’assurer «que ce secteur crucial de notre économie ne soit menacé, en tenant compte des actions de la FSPA et des spécificités du centre financier mauricien».

On y verra plus clair, estime Ken Poonoosamy, Managing Director du BoI, lorsque le projet de loi faisant provision pour la création de l’EDB sera présenté à l’Assemblée nationale. Il confie qu’il avait des réserves sur le besoin d’une organisation séparée pour la promotion des services financiers quand la FSPA a été relancée en 2015. Au début, la création de la FSPA a donné lieu à une duplication des activités avec le BoI. Ce qui a provoqué une certaine confusion chez les investisseurs. Finalement, une certaine synergie a pu être développée entre les deux agences. «Il est clair que nous pouvons accomplir plus en travaillant ensemble. Cette fusion impliquera aussi en grande partie un réinvestissement des économies résultant de la rationalisation des conseils d’administration et des missions dans d’autres domaines pour améliorer le bien-être social», observe Ken Poonoosamy.

Par ailleurs, insiste-t-il, au vu de la transformation qui s’opère dans les services financiers, il est nécessaire d’avoir une structure appropriée qui prenne en considération les nouvelles activités comme la Fintech, la crypto-monnaie et l’Internet des objets.