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Épizootie : les leçons à tirer

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Épizootie : les leçons à tirer | business-magazine.mu

La fièvre aphteuse et la salmonellose ont rendu les consommateurs plus prudents. Les opérateurs évoquent une baisse temporaire de la consommation du poulet et reviennent sur ces deux crises que traverse le secteur de l’agroalimentaire.

En août, après avoir touché Rodrigues, la fièvre aphteuse a fait son apparition dans les fermes mauriciennes. Les premiers cas suspects seront décelés dans une ferme à Vallée-des-Prêtres, avant de toucher d’autres fermes. Au total, six fermes ont été affectées. Pour aider à enrayer cette épidémie, l’Union européenne et la Commission de l’océan Indien ont apporté leur soutien au gouvernement mauricien en lui faisant un don de 300 000 doses de vaccin. De son côté, l’État a versé une compensation de Rs 27,4 millions à 52 éleveurs. Selon le ministère de l’Agro-industrie, un autre exercice de compensation aura lieu prochainement.

Alors que l’attention du ministère de l’Agro-industrie était braquée sur la fièvre aphteuse, la salmonellose devait faire son apparition chez les petits éleveurs de poulet. Au ministère, l’on avance que 65 000 poussins produits par l’Animal Production Division et repris par 14 fermes ont été frappés par la salmonellose.

Avec la soudaine apparition de ces deux maladies contagieuses, c’est surtout la réaction tardive du gouvernement qui est décriée. Ainsi, dans le cas de la fièvre aphteuse, l’on insiste que le gouvernement aurait dû prendre des précautions dès l’apparition de cette maladie à Rodrigues.

De plus, notre isolement des autres pays et le fait que nous n’importons pas de poulet auraient dû nous prémunir contre les risques de contamination de l’étranger. «C’est un garde-fou important pour la sécurité du poulet que nous consommons», fait remarquer Sonny Wong, General Manager de la division commerciale d’Innodis. Un avis que partage Thierry de Spéville, Managing Director d’Avipro, qui insiste que Maurice, en tant qu’État insulaire, se doit de mieux gérer sa biosécurité. «Nous devons capitaliser sur cet avantage comme le font les grands pays, comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande», argue-t-il. Mais encore faut-il s’assurer de faire très attention à ce qui entre sur le territoire. «Le meilleur moyen de se protéger contre toute maladie est de limiter l’importation d’animaux ou de viande, et de privilégier la production locale», ajoute Thierry de Spéville.

Problématique de la biosécurité

Les épisodes de la fièvre aphteuse et de la salmonellose ont démontré la nécessité pour les producteurs de mettre en place des systèmes de contrôle et de prévention très stricts, afin de minimiser les risques d’épidémie. «Aucun être vivant n’est complètement à l’abri de la maladie, que ce soit les humains, les animaux ou les plantes. Quand il s’agit de produire de la nourriture, notre responsabilité première est de prendre toutes les précautions nécessaires pour s’assurer que les produits alimentaires sont sains à la consommation», explique Sonny Wong. Même son de cloche du côté d’Avipro où on avance que si une épidémie éclate, cela signifie qu’il y a eu des manquements quelque part. Il ajoute que même si la technologie de surveillance s’améliore avec des outils de plus en plus modernes, «il est clair que les risques pouvant affecter la biosécurité sont de plus en plus grands au vu du nombre grandissant de visiteurs et en raison d’une plus grande ouverture sur le monde extérieur

Cette crise permet, par ailleurs, à Maurice de revoir certaines procédures autour de la biosécurité, et de rebondir. Ainsi, il est impératif d’encourager l’adoption de normes de qualité et de sécurité telles que HACCP et ISO 22000. Il faut veiller de près aux petits élevages qui ne respectent pas toujours la chaîne du froid ou encore les normes d’hygiène de base lors de l’abattage. «Le poulet, souvent vendu sans marque, est susceptible d’être contaminé plus facilement par des bactéries», prévient Sonny Wong.

La fièvre aphteuse et la salmonellose ont-elles eu des répercussions sur la consommation ? Au ministère de l’Agro-industrie, on avance que la demande pour la viande de bœuf n’a pas été impactée. «Des dispositions ont été prises pour satisfaire la demande. On a fait venir des bœufs sur pattes pour le compte de la Mauritius Meat Authority», précise-t-on.

Des consommateurs méfiants

Concernant le poulet, la chair la plus consommée à Maurice – autour de 46 000 tonnes par an –, le ministère indique que la salmonellose n’a touché que les petits éleveurs, qui représentent 1 % de la production du pays. Et qu’il n’y a pas eu de grande répercussion sur la consommation. Ce n’est pas l’avis des gros producteurs de poulet qui évoquent, quant à eux, un «flottement chez les consommateurs qui ont des doutes sur ce qu’ils peuvent manger.»

Thierry de Spéville estime qu’il est trop tôt pour faire des estimations. «Il y a une leçon à retenir : il était important pour le ministère de communiquer plus rapidement afin de rassurer la population que la situation était sous contrôle. La transparence dès le départ aurait certainement atténué cette psychose», fait-il remarquer.

Chez Innodis, on constate une baisse temporaire au niveau de la vente du poulet. Celle-ci concerne surtout les produits sans marque. «Après l’épisode de la fièvre aphteuse, on peut comprendre que les consommateurs se montrent prudents», observe Sonny Wong.

Pour atténuer la psychose, Innodis et Avipro ont vite réagi en se lançant dans des campagnes de communication. Ainsi, Sonny Wong réitère que les poulets Prodigal, Le Poulet Fermier, Carmen, Point Frais/Coin Frais ne représentent aucun risque pour la santé. «Autrement, nous n’aurons pas mis notre poulet en vente. Il ne faut pas jouer avec la santé des gens», fait-il ressortir. Alors qu’Avipro a rapidement communiqué sur ses méthodes d’élevage en vue de rassurer ses clients que des normes strictes sur le plan de la biosécurité sont respectées tout le long de la chaîne. «Il est important qu’il n’y ait pas d’amalgame entre notre volaille, qui est saine, et ce qui a pu se produire chez quelques petits éleveurs», soutient Thierry de Spéville.

En dépit des campagnes de communication, la psychose ne se dissipe pas pour autant. Pour preuve, des rumeurs refont surface selon lesquelles certains légumes seraient affectés à cause du fumier utilisé. Questionné à ce sujet, un préposé du ministère de l’Agro-industrie précise que «les légumes n’ont pas été affectés. On a d’ailleurs interdit l’utilisation du fumier dans les champs

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