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Fintech – Vers l’éclosion du secteur

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Fintech - Vers l’éclosion du secteur | business-magazine.mu

À l’heure où divers secteurs contribuant considérablement au Pib, comme le sucre et le textile, fléchissent, il est nécessaire de trouver d’autres domaines pour réaliser l’objectif de croissance de cette année, fixé à 3,9 %. Maurice dispose d’atouts pour permettre à de nouveaux créneaux comme la Fintech et l’Assurtech d’éclore et d’apporter leur pierre à l’édifice du développement économique du pays. Maximilien Nayaradou, directeur des projets R&D de Finance Innovation, à Paris, qui avait fait le déplacement à Maurice pour participer à un atelier-formation sur la Fintech et l’Assurtech, observe que «Maurice a un gros potentiel en termes d’écosystème et un bon système éducatif. Il faut dire que le pays est très attractif dans l’océan Indien en tant que hub financier».

LaUn phénomène générationnel

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La Fintech s’inscrit dans la politique gouvernementale de positionner Maurice comme un centre financier régional. Toutefois, il est important de ne pas rester sur ses acquis et de développer de nouveaux produits afin de se différencier, notamment pour les banques. Il est clair que Maurice devra suivre la tendance en Europe ou aux États-Unis. À l’échelle internationale, on assiste à l’émergence de ces nouveaux secteurs avec des levées de fonds qui s’orientent vers la Fintech. En France, par exemple, la Fintech est un écosystème regroupant 816 acteurs et totalisant 1,7 milliard d’euros levés à fin mai 2019. Maximilien Nayaradou constate que «les banques et les assurances investissent dans la Fintech». Alors que Cyril Armange Pollux, directeur innovation de Finance Innovation, à Paris, note que Maurice connaît les mêmes difficultés que la France a rencontrées au début. «Il manque des investisseurs privés, soit des gens qui sont prêts à prendre des risques pour investir dans l’innovation. C’est dans l’intérêt des entreprises mauriciennes de se moderniser», fait-il ressortir.

L’absence d’investissement privé dans la Fintech entrave son développement. Les experts français sont d’avis que la Fintech est un phénomène générationnel. En effet, Yan Ng, directeur d’Intercontinental Trust, observe que la plupart des opérateurs de la Fintech sont des start-up. «Ce sont souvent de jeunes entrepreneurs qui souhaitent lancer leur propre entreprise. Il y a une dissociation entre le porteur d’idée et l’angel investor, soit celui qui va apporter le capital investissement, la connaissance et le management», analyse-t-il. Or, il faudrait mettre en place un système collaboratif entre les pouvoirs publics, les Fintech, l’entrepreneuriat et aussi les grandes banques et les grandes assurances pour que ce secteur passe à un autre palier

Développer de nouveaux produits

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Le gouvernement a, dans son dernier Budget, signifié l’intention de contribuer à l’évolution du secteur de la Fintech. Le crowdfunding s’inscrit dans sa quête de permettre aux Mauriciens de s’initier à des projets entrepreneuriaux dans le secteur financier. Yan Ng salue cette mesure dont la demande ne date pas d’hier : «Cela fait quelque temps déjà depuis que nous avons fait des requêtes pour autoriser le crowdfunding. Cette plateforme régulée est certainement une bonne chose pour le secteur local et le global business. Par ailleurs, la licence Fintech va également conforter ceux qui opèrent dans ce secteur». Toutefois, il est d’avis qu’il ne faudrait pas uniquement se concentrer sur de nouvelles mesures mais se pencher également sur ce qui a été annoncé dans le passé. «Le National Payment System, texte de loi de 2017- 2018, n’a pas été mis en application dans sa totalité. C’est un véritable frein à la communication entre les institutions bancaires, les entreprises et les particuliers. Pour l’heure, les transactions se font toujours de manière traditionnelle», argue-t-il. Par ailleurs, le système collaboratif passera également par le secteur privé dont le rôle va aussi permettre au secteur de la Fintech d’éclore. Une meilleure coopération entre les différents acteurs devrait favoriser le développement de nouveaux produits et permettre d’atteindre de nouvelles cibles, notamment pour les banques. Après les échanges avec les participants de l’atelier-formation organisé par l’IFE, les experts français ont réalisé que les grandes banques sont bien présentes dans le secteur financier à Maurice, ce qui fait que la nécessité d’innover est moindre.

Dans un registre pas complètement différent, l’assurtech s’inscrit également dans la lignée des nouveaux secteurs émergents. Les compagnies d’assurances veulent également transformer leur façon d’opérer, numériser leurs services et se centrer sur le client. Ainsi, plusieurs d’entre elles ont commencé par supprimer une grande partie des données physiques utilisées dans les bureaux. Les plus progressistes cherchent également à passer des ordinateurs centraux, dits serveurs, au cloud.

De son côté, Devesh Biltoo, CEO de Quantum Insurance, fait ressortir que les opérateurs locaux font face à un véritable défi de pouvoir adopter l’assurtech. «L’industrie de l’assurance est accusée d’avoir mis du temps à adopter les technologies numériques qui introduiront de nouveaux produits et services innovants pour les clients». Toujours selon lui, une des raisons expliquant le retard du secteur de l’assurance par rapport aux autres industries est sa grande dépendance à l’égard des legacy systems for existing business. Et de préciser : «Ces systèmes bloquent la transformation, car ils ne peuvent pas fournir la riche fonctionnalité demandée par les consommateurs, ni exploiter toute la valeur des données essentielles au commerce moderne».

Comment booster l’investissement privé dans l’Assurtech ?

Pour Devesh Biltoo, CEO de Quantum Insurance, la nature disruptive du numérique doit être vue comme une opportunité et non comme un frein. Toutefois, observe-t-il, «un modèle différent dans le cadre d’une réinvention plus large du secteur est exactement ce que le marché de l’assurance devra probablement adopter s’il veut résister aux bouleversements attendus que plusieurs autres secteurs ont déjà subis. Alors qu’un marché souple continue à avoir un impact sur les bénéfices, la pression à gérer, et contenir ses coûts d’opération retarde l’investissement dans le secteur de l’assurtech». Par ailleurs, les investissements de l’Assurtech ont leurs propres défis, tels que la nécessité de recruter un grand nombre de développeurs de logiciels, qui sont principalement embauchés à des taux contractuels en raison de la forte demande sur le marché du travail à Maurice, ces ressources étant limitées.

Formation sur la gestion de fortune

La gestion de fortune et d’actifs pourrait être la prochaine formation présentée par les deux experts français. «Nous essayons d’adapter au mieux nos formations à la réalité mauricienne. Il est important pour nous de voir comment Maurice peut adopter, par exemple, la Blockchain et l’intelligence artificielle de façon concrète», font-ils ressortir.