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L’inégalité en milieu professionnel freine l’innovation

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L’inégalité en milieu professionnel freine l’innovation | business-magazine.mu

Selon une récente étude menée par Accenture Global, l’égalité entre homme et femme peut entraîner l’innovation dans une économie. Shalini Jugessur-Sumputh, Senior Manager d’Accenture Technology, remarque que ces recherches font ressortir le fait que l’innovation est un impératif pour demeurer compétitif dans un monde économique qui ne cesse d’évoluer.

«Ces recherches font ressortir que l’élément féminin représente 50 % de la population mondiale. Or, si les entreprises n’accueillent pas ces 50 %, elles passent à côté de la moitié des talents et des capacités intellectuelles qui existent dans ce monde.» En d’autres mots, ne pas les intégrer serait de passer à côté de 50 % de matière grise. Par ailleurs, le fait d’avoir un groupe divers apporte la richesse d’idées.

«Le fait d’avoir des perspectives différentes peut apporter des solutions novatrices.» Cette égalité professionnelle entre les deux sexes a également un impact sur le Pib mondial. Et, selon les derniers chiffres du Fonds monétaire international – datant de 2017 – le Pib mondial était estimé à 79 865 milliards de dollars américains.

Cette recherche menée par l’équipe d’Accenture Global a été effectuée sur une population de 18 000 professionnels issus de 27 pays. Elle révèle qu’avec une égalité entre les deux sexes, le Pib mondial peut connaître une augmentation. On évoque le chiffre de 900 milliards de dollars.

Des inégalités flagrantes

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Voilà plusieurs années depuis que Maurice ambitionne de devenir une économie à haut revenu. Or, plusieurs études ont prouvé que pour accéder au rang d’économie à haut revenu, Maurice doit impérativement passer par l’étape de l’innovation. Qui dit innovation, dit égalité entre hommes et femmes. Mais les informations sur les progressions de la femme mauricienne professionnelle demeurent floues.

Un point que confirme Nousrath Bhugeloo, Regional Head, AMEA - Business Development d’Ocorian. Elle explique que le gros problème est le manque cruel de statistiques fiables pour mesurer l’évolution du phénomène. Les derniers chiffres sur le sujet remontent à 2015 et proviennent d’une étude du Bureau International du Travail.

Cette étude indiquait que la proportion de femmes dans les management jobs montre des signes d’amélioration au Botswana, en Guinée, à Madagascar, à Maurice, en Namibie et en Afrique du Sud. Certes, Maurice connaît une certaine amélioration à ce sujet car aujourd’hui, la femme est mieux formée à prendre de plus hautes responsabilités au sein de l’entreprise et est davantage valorisée par ses compétences professionnelles. Nousrath Bhugeloo est d’avis que ce sont de légers progrès et que les inégalités entre les hommes et les femmes restent toujours flagrantes. Elle cite une enquête de 2017 menée par Statistics Mauritius qui indiquait que dans le secteur privé, les femmes percevaient 50 % moins que les hommes. Céline Planel, Managing Director de Beyond Communications, s’appuie sur des études sur les écarts de rémunération hommes / femmes, pour avancer que «tout se joue au moment de la négociation du salaire.» «Les femmes ne devraient pas avoir peur de prétendre à un même salaire qu’un homme et ne pas douter de leur légitimité pour l’obtenir», soutient-elle.

S’inspirer de la Suède

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Dans le monde des entreprises, le phénomène de plafond de verre est toujours présent. «On trouve beaucoup plus d’hommes que de femmes au sein du Top Management de nos compagnies, et cela même à compétences égales», observe Nousrath Bhugeloo. Les chiffres de janvier 2019 du Mauritius Institute of Directors (MIoD) révèlent que le pourcentage de femmes au sein des conseils d’administration des compagnies à Maurice est de 8,7 % seulement, bien qu’en augmentation depuis 2014 quand ce même pourcentage était de 5,6 %. La Regional Head, AMEA - Business Development d’Ocorian le compare avec la représentation féminine dans les conseils d’administration en Europe, qui est de 30 % et de 10 % en Asie-Pacifique.

Pour Céline Planel, Maurice peut s’inspirer d’autres modèles en vue d’établir une égalité entre l’homme et la femme dans la sphère professionnelle. Elle cite l’Islande, qui accorde une importance particulière aux femmes dans le cadre de son programme gouvernemental. «Mais le bon élève à ce que j’ai pu lire, c’est la Suède, qui est considérée comme une destination de choix pour les femmes en quête d’un meilleur cadre de vie et de meilleures opportunités.» D’ailleurs, l’égalité entre les hommes et les femmes demeure l’une des priorités du gouvernement suédois. En 2015, plus de la moitié de ses ministres étaient des femmes.

Nousrath Bhugeloo abonde dans le même sens. Elle partage également l’avis que Maurice peut s’inspirer de la Suède sur le sujet de l’égalité. Mais elle cite aussi la Finlande ou encore le Canada avec le gouvernement constitué par Justin Trudeau. Le Botswana est aussi un modèle inspirant où des postes très influents, que ce soit dans le secteur public ou le privé, sont occupés par des femmes. Elle fait ressortir que cette sous-représentation des femmes dans les hautes sphères décisionnelles n’est pas l’apanage du monde des entreprises. On la retrouve au Parlement.

Bien qu’elle salue la mise en place de l’Equal Opportunities Act et les autres mécanismes d’accélération de la représentation de la femme dans le monde du travail, avec notamment une éducation rendue plus accessible, Nousrath Bhugeloo est pour l’introduction du flexi-time pour des femmes ayant des enfants en bas âge. Pour elle, il faut créer les conditions pour avoir plus de femmes au Parlement. «Ce serait un signal très fort, et le reste devrait suivre, c’est-à-dire les entreprises, les conseils d’administration et le service public notamment.» Céline Planel penche également pour des signaux forts. Mais au niveau des nominations au sein du gouvernement et de l’administration. Elle est pour une plus forte présence féminine au niveau des postes managériaux.

Une forte présence féminine dans certains secteurs
Si dans le Top Management, la situation ne varie pas significativement d’une industrie à l’autre, on note une forte présence féminine dans quelques secteurs. Nousrath Bhugeloo, Regional Head, AMEA - Business Development d’Ocorian, note une présence plus marquée des femmes dans les Ressources Humaines. Céline Planel, Managing Director de Beyond Communications, constate pour sa part que les métiers de la communication, du design, de la décoration d’intérieur et de la mode sont dominés par les femmes. Alors que les métiers qui ont trait à la finance ou la construction sont dominés par les hommes. «C’est une question d’éducation, de formation, même de ‘formatage’ depuis le plus jeune âge, mais aussi une question d’opportunités», évoque-t-elle. Nousrath Bhugeloo ajoute que les femmes peuvent faire beaucoup plus et leur contribution gagnerait à être davantage valorisée dans de nombreux autres postes. Elle prend appui sur des études qui ont prouvé que la présence féminine à des échelons plus élevés dans l’entreprise améliore la qualité de la prise de décision, et a même un effet positif sur le chiffre d’affaires.