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Nicolas Leroux: «L’à-peu-près n’a pas sa place sur le marché du droit international»

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Nicolas Leroux: «L’à-peu-près n’a pas sa place sur le marché du droit international» | business-magazine.mu

L’externalisation juridique va continuer à se développer à Maurice, prévoit Nicolas Leroux. L'avocat aux barreaux de Paris et de Genève et fondateur de Kalexius explique que le principal atout du pays est son bilinguisme. Aux jeunes qui veulent se lancer dans la profession, il leur conseille de faire preuve de rigueur car il n’y a pas de la place pour les approximations sur le marché du droit international.

BUSINESSMAG. Votre entreprise spécialisée dans l’externalisation juridique s’est installée à Maurice en 2013. Comment se définit précisément cette activité ?

Nous répondons à des besoins juridiques nouveaux, liés essentiellement à l’accroissement de la pression réglementaire sur les entreprises. Nous traitons des projets juridiques de grande ampleur (par exemple, la renégociation de milliers de contrats sur la base d’une stratégie prédéfinie), là où un cabinet d’avocats traditionnel intervient de manière plus artisanale (par exemple, la négociation d’un contrat sur mesure).

Notre activité est très éloignée de celle du BPO, même si elles partagent l’appellation d’externalisation. L’idée n’est pas de transférer des activités basiques dans un pays à bas coût, comme pour le BPO. Nous apportons de la valeur à nos clients, en répondant à des besoins nouveaux que les acteurs traditionnels du droit ne sont pas en mesure de traiter. D’ailleurs, une partie de notre équipe est onshore, à Paris.

BUSINESSMAG. Qu’est-ce qui pousse les cabinets d’avocat et les entreprises à externaliser une partie de leurs prestations juridiques ?

Nous travaillons essentiellement pour des entreprises et des firmes d’experts-comptables, assez peu pour des avocats. La démarche d’externalisation est liée à l’existence des nouveaux besoins évoqués plus haut.

BUSINESSMAG. Pourquoi avoir choisi Maurice pour installer vos bureaux ? Quels sont les avantages par rapport à d’autres juridictions ?

Le bilinguisme ; c’est un atout unique au monde. Aucun autre pays ne dispose d’une population de professionnels qui sont tous, sans exception, capables de travailler indifféremment dans deux langues majeures. Même si tout le monde à Maurice semble trouver ça normal !

BUSINESSMAG. L’externalisation juridique gagne du terrain partout dans le monde. Comment voyez-vous évoluer ce secteur à Maurice ?

L’externalisation juridique va continuer à se développer à Maurice. Le principal obstacle est la taille du pays. Nous allons vite être à court de juristes. Mais sous cette réserve, Maurice a tous les atouts pour se développer dans ce domaine.

BUSINESSMAG. Quels sont les défis à relever pour que Maurice puisse s’imposer dans ce secteur d’activité ?

La qualité de la formation ; c’est l’enjeu numéro un. La formation à Maurice est beaucoup axée sur le ‘par cœur’, qui est totalement inutile pour exercer une profession juridique (contrairement à ce que beaucoup pensent). Il faut réfléchir, se poser des questions en permanence, être sceptique, comprendre le pourquoi du comment.

BUSINESSMAG. L’externalisation juridique est un concept relativement nouveau à Maurice. Quelles sont les compétences requises pour un jeune Mauricien qui souhaite prendre de l’emploi dans ce secteur ?

Premièrement : de la rigueur, de la rigueur et encore de la rigueur. L’à-peu-près n’a pas sa place sur le marché du droit international. Deuxièmement : de la curiosité, de l’agilité intellectuelle. Troisièmement : de l’humilité. On ne sait rien lorsque l’on vient tout juste de passer le barreau, encore moins lorsque l’on sort de l’université. Il faut tout apprendre et il faut accepter de faire des tâches dures et répétitives pour apprendre la rigueur. Ceux qui refusent de se plier à cette discipline n’ont pas l’étoffe nécessaire pour réussir dans ce domaine.

BUSINESSMAG. Cinq ans après l’arrivée de Kalexius sur l’île, quel bilan faites-vous ?

Un bilan très positif. Nous avons une équipe solide et mature, avec des cadres qui sont maintenant expérimentés et capables de traiter des dossiers en autonomie. L’intégration entre les différents bureaux (Paris, Maurice, Le Cap) se passe également très bien. Tout le monde adore travailler avec le bureau mauricien, les gens sont tellement agréables !

BUSINESSMAG. Combien de salariés compte Kalexius à Maurice ?

 Une petite vingtaine ; nous sommes en recrutement constant. Tous nos employés sont juristes ou avocats, à l’exception de notre Office Manager.

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