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Port-Louis: les contours de la nouvelle cité

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Port-Louis: les contours de la nouvelle cité | business-magazine.mu

La capitale est appelée à vivre une transformation majeure d’ici à 2020. Au total, près de Rs 52 milliards seront investies pour régénérer la cité de Port-Louis. Ces financements seront apportés essentiellement par le secteur privé.

Construit au 18e siècle par le gouverneur Mahé de La Bourdonnais, Port-Louis est depuis près de trois siècles le centre névralgique du pays. La capitale fait office de ville administrative, de centre des affaires et aussi abrite les instances juridiques. Aujourd’hui, les autorités veulent repenser Port-Louis, lui permettre de respirer, en faire une ville intelligente et touristique tout en valorisant son riche patrimoine historique. Dans le même temps, il sera question d’alléger la capitale, trop engorgée notamment par le trafic routier, et de décentraliser plusieurs services gouvernementaux vers la prochaine Heritage City. L’Assemblée nationale, symbole de la vie politique, sera également déplacée vers cette ville intelligente.

Ce rafraîchissement de la capitale est nécessaire, selon le gouvernement du jour, qui ambitionne de faire de Port-Louis une ville portuaire, se situant sur la route maritime entre l’Asie et l’Afrique. Cette perspective n’est pas pour rassurer nombre de politiciens et d’intellectuels qui craignent que Port-Louis ne devienne une ville morte. De plus, ils déplorent l’absence de consultations autour du projet.

Au niveau de la State Land Development Company (SLDC), on garde le cap du projet Port-Louis Smart City. C’est au mois de juillet que les grandes manœuvres seront enclenchées. Plusieurs projets sont identifiés. Parmi, la rénovation des gares routières Victoria et de l’Immigration, la construction d’un parc à thème aux Salines, celle d’un aquarium, le réaménagement du China Town et de ses alentours pour en faire une zone piétonnière et un haut lieu artistique ainsi que la rénovation du Grenier. Ces projets devraient être achevés d’ici à 2020.

Il faut comprendre que le projet Port-Louis Smart City est sensiblement différent des autres Smart cities dans la mesure où il sera surtout question de régénérer Port-Louis. Alors que les villes intégrées seront surtout basées sur le concept Work, live and play.

Tentant d’aplanir les critiques, la SLDC a émis un communiqué pour soutenir que le projet Port-Louis Smart City se résumera au concept «heal, boost and celebrate». Autrement dit, il s’agira d’améliorer le confort et de repenser la qualité de vie des habitants, doper l’activité économique, célébrer la capitale et son âme par des manifestations culturelles et artistiques tout au long de l’année.

La spécificité de New Port-Louis

«Le projet New Port-Louis va permettre une redynamisation des activités économiques, sociales et culturelles de la capitale. Il s’agira de préserver les sites historiques, mais aussi d’amplifier leur potentiel en termes d’expérience et de capital humain. Les résidents et les usagers de Port-Louis bénéficieront de plus d’opportunités pour exercer leur droit à la ville via une mobilité facilitée, des routes piétonnisées et un calendrier d’activités enrichissant», soutient-on au sein de la SLDC.

Loin d’être une Smart city gouvernementale, à l’instar d’Heritage City, des Smart cities du secteur privé comme Mon Trésor, Port-Louis Smart City / New Port-Louis se destine, dans un premier temps, à améliorer la qualité de vie des citadins et de la population et, d’autre part, à faciliter la transformation de Port-Louis en une ville portuaire.

«Le ‘Work, live and play’ n’est pas un concept nouveau. Allez dans n’importe quelle vieille ville du monde et vous constaterez que les gens habitent et travaillent et ont leurs loisirs au même endroit ! C’est ce qu’on souhaite avec New Port-Louis. Si on habite à cinq minutes de son lieu de travail, on peut très bien laisser sa voiture au garage, déposer ses enfants à pied. Et pourquoi pas, on pourra déjeuner chez soi», observe Gaëtan Siew, président de la SLDC.

Abordant la question de congestion routière, Gaëtan Siew explique qu’elle est due à la «concentration de toute la population résidentielle sur le corridor urbain Port-Louis - Curepipe – 60 à 65 % de la population habitent sur cet axe – et à une concentration de toutes les activités économiques sur Port-Louis».

Approfondissant sa réflexion, l’architecte-urbaniste indique que 40 % de la population mauricienne, engagée dans la vie active, ne travaille pas dans les périmètres de l’endroit où elle réside. «Environ 200 000 personnes utilisent un moyen de transport pour se rendre à leur lieu de travail. D’où le problème de congestion routière. On a longtemps pensé que si on construit plus de routes, cela résoudrait le problème. De toute façon, tout le monde doit partir au même endroit au même moment. Vient se poser la question de la pertinence de routes supplémentaires. Par ailleurs, parce que le système de transport public n’est pas encore à la hauteur, les gens préfèrent rouler en voiture. C’est la raison pour laquelle on compte un parc automobile de 480 000 véhicules. En termes de nombre de voitures par kilomètre de route, Maurice est le sixième pays au monde avec la plus haute densité», ajoute Gaëtan Siew.

La construction de la ville administrative Heritage City permettra de désengorger la capitale. Avec la délocalisation de sept ministères, ce sont 30 000 fonctionnaires qui y seront déplacés

Dans le même temps, 300 000 mètres carrés d’espaces bureaux seront libérés à Port-Louis. Ceux-ci pourront notamment être transformés en zones résidentielles. Qui plus est, les autorités prévoient la construction de 8 000 unités résidentielles à un prix abordable.

Pour concrétiser le projet New Port-Louis, les autorités comptent sur le concours des opérateurs privés. Parmi, Sotravic avec son offre de climatisation à partir de l’eau de mer et le Caudan Development, qui abordera la troisième phase de ses travaux sur le front de mer avec la construction d’unités résidentielles. Cette régénération de la capitale sera financée essentiellement par le secteur privé à hauteur de Rs 52 milliards.

Caudan Development et SPDC font partie d’un consortium qui s’occupera de l’aménagement du front de mer, de son financement et de sa gestion. Le consortium participera également au financement de la rénovation des gares routières Victoria et de l’Immigration. La Road Development Authority et la municipalité de Port-Louis y sont parties prenantes. D’ailleurs un pont – une Overhead platform – enjambera les gares routières pour relier la vieille ville à la nouvelle ville (Le Caudan Waterfront), comme l’a fait ressortir le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, lors du lancement de Port-Louis Smart City. De plus, 1000 places de parking seront disponibles au Caudan Waterfront pour le stationnement.

Par ailleurs, les professionnels de la construction, les experts en urbanisme, la société civile en général et les Port-Louisiens sont invités à participer au Technical Consultative Committee for Port-Louis.

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