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Dédouanement

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Xavier Luc Duval affiche un optimisme débordant. Ce qui laisse plus d’un observateur perplexe. Car la crise est encore bel et bien présente. Et même si certains signes encourageants se manifestent, le bout du tunnel est encore loin. Le ministre des Finances souligne la résilience de l’économie et estime donc qu’il n’y a pas besoin de budget de crise ou de budget d’austérité. Pour lui, « la bonne gestion économique est apparente » avec un chômage sous contrôle, une dette publique en baisse et une inflation maîtrisée. Xavier Luc Duval se dit satisfait du taux de croissance de 3,4 % attendu pour 2012 arguant qu’il s’agit d’une bonne performance par rapport à celle réalisée par de nombreux autres pays. Il ajoute que le gouvernement dispose de l’argent en dépôt et des emprunts non utilisés, qui avaient été contractés dans le but de permettre au pays de faire face à la crise.

Avouant par la même occasion qu’il dispose d’une confortable marge de manoeuvre. Sur la roupie, Xavier Luc Duval persiste et signe. « Je suis d’accord sur la nécessité de contrôler l’inflation, mais pas à n’importe quel prix », indique le Grand argentier faisant ainsi implicitement référence à la politique monétaire pratiquée par la Bank of Mauritius (BoM) et par son Gouverneur Rundheersing Bheenick. Le ministre des Finances soutient une nouvelle fois que la roupie a connu une appréciation de 12 à 15 % pour des raisons autres que l’amélioration des fondamentaux économiques. Selon lui, le mauvais alignement de la roupie a coûté au pays une baisse de non pas un point, mais d’un à deux points de croissance pour cette année. Face à ce discours, l’Opposition a beau jeu d’accuser le ministre de « se dédouaner pour ses mauvaises performances ».

Et le dernier couac sur le calcul du produit intérieur brut (PIB) 2011 ne fait qu’apporter de l’eau à son moulin. Xavier Luc Duval a, en effet, révélé que Statistics Mauritius avait détecté une erreur dans le calcul du PIB de cette année-là. Ce qui a entraîné un gonflement artificiel de la croissance. En fait, il semblerait qu’une somme de près de Rs 2 milliards ait été comptabilisée deux fois dans les exportations d’un acteur majeur du secteur textile. En retirant cette somme, Xavier Luc Duval estime que la croissance 2011 n’a été que de 3,6 % au lieu des 3,9 % annoncés par Statistics Mauritius.

Cette erreur ne remet pas uniquement en cause le taux de croissance pour 2011, elle implique que tous les indicateurs mesurés en pourcentage du PIB, comme la dette publique ou le déficit budgétaire, doivent être recalculés pour cette année. Et du fait de la baisse du PIB, les révisions devraient se faire à la hausse. Par ailleurs, la base de comparaison de 2011 étant moins importante, la croissance 2012 devrait également être révisée à la hausse.

Le problème c’est que la révision à la baisse de la croissance 2011 annoncée par le ministre apparaît trop importante à certains. Beaucoup s’étonnent, en outre, que l’erreur soit annoncée un an après la présentation du premier budget de Xavier Luc Duval. Cette erreur a, par ailleurs, amené Statistics Mauritius à publier une mise au point. L’institut statistique, qui est l’une des deux seules instances en Afrique à avoir adopté le Special Data Dessemination Standard du Fonds monétaire International (FMI), dément avoir commis une erreur dans son estimation de croissance pour 2011 publiée le 28 septembre 2012.Mais il reconnaît que, depuis cette date, il a reçu de nouveaux éléments dont cette fameuse révision à la baisse des chiffres d’exportations d’un grand groupe textile. Statistics Mauritius précise qu’une révision du taux croissance interviendra le 21 décembre 2012.

L’institut souligne, par ailleurs, que les révisions ne constituent pas des erreurs et que tous les offices nationaux de statistiques révisent régulièrement leurs estimations. Il n’en reste pas moins que l’erreur sur le PIB 2011 fait un peu désordre. Surtout dans la manière dont elle a été présentée au départ.

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