Les années qui passent ou le temps qui vient ?

Les années s’envolent, les jours passent comme un éclair. Plus nous avançons en âge, plus cela est vrai. Et puis vient votre anniversaire, par exemple. Votre bureau vous adresse ses vœux par une carte ou un courriel, vos collègues vous offrent un gâteau… peut-être. « Pourvu que oui », penseront certains. « Surtout pas ! » diront d’autres. Et à la maison, la famille se réunit en votre nom. Et vous marquez une pause, brièvement, avec une sorte d’indécision : faut-il fêter ce jour ou le laisser filer comme un autre ? Faut-il le ressentir comme un jour spécial ou s’inquiéter qu’il ait le même goût de chaque jour ? Et de se dire, « C’est un jour qui fait plaisir aux enfants (espérons-le !). Pour moi, c’est ‘normal day’, de toute façon, qu’y a-t-il à fêter ?»

Soi, tout simplement ! Et c’est beaucoup. Le fait d’exister d’une manière « irrépétable » : il y a un seul comme vous dans tous les univers. Le fait que votre existence laisse ses traces dans le cœur des autres. Le fait de vivre. Le fait d’être en relation avec d’autres qui vous construisent chaque jour. Lorsque je demande en coaching de trouver un « Happening » dans la vie actuelle et que j’obtiens comme réponse, « Rien vraiment », je dis toujours, « Comment considères-tu le fait de t’être réveillé en vie ce matin ? » C’est si simple et tout part de là. Et pourtant, le miracle de la vie est pour beaucoup une réalité prise pour acquis. Cela même qui est le plus précieux est vécu comme une donnée qui nous laisse blasé et contre laquelle nous râlons même à tout bout de champ !

Je pense qu’il est urgent de revenir à ce sens d’accueillir sa vie, pour initier des actions qui soient riches et constructives, généreuses et durables pour sa propre vie et ceux qui comptent pour nous. A chaque fois qu’il y a conscience que la vie est donnée dans sa fragilité et sa beauté, il y a engagement fort pour la protéger et la grandir. Prenez l’écologie, par exemple. A chaque fois que l’on comprend que la terre et les animaux sont un héritage précieux, une rareté, un don à transmettre plus qu’à exploiter seulement, l’homme s’implique comme jamais. Il est temps d’appliquer la même logique à l’écologie humaine, à votre propre vie. Votre vie a de la valeur, pas parce que vous êtes brillant, bourré de qualités, en réussite, mais du fait même de votre existence, de vos vulnérabilités, du fait de vous affirmer de manière unique au milieu de vos relations.

Bien sûr, au jour de son anniversaire, chacun de nous peut faire le compte de tous les moments difficiles, de toutes les grandes souffrances de sa vie, de toutes les cartes truquées que la vie nous a mises en mains. Et se dire que « Non ! Vraiment, il n’y a rien à célébrer. » Ou se dire que : « Je n’ai pas choisi ma famille, ma naissance, mes chances ! Je n’ai rien fait pour vraiment mériter cela. » En fait, au jour de l’anniversaire de votre naissance, au lieu de porter votre regard en arrière sur le temps déjà passé, si vous fêtiez plutôt le temps qui vient ? Celui que vous avez ici et maintenant pour donner du sens à votre vie, pour ajouter plus de vie à vos années ?

« Nous sommes riches du temps qui vient », dit l’auteur Arnold Bennet, « Vous ne pouvez perdre que l’instant qui passe. Vous ne pouvez pas perdre l’heure qui vient, elle est mise en réserve pour vous ! Il vous faut vivre sur cette réserve de temps. Vous devez en tirer la santé, du plaisir, de l’argent, des satisfactions, du respect et l’évolution de votre humanité. »

Fêter sa vie, une fois l’année. Avec plaisir ! Et cultiver la gratitude et le sens de sa propre vie jour après jour, en temps d’orage et en temps de paix. Relié aux autres et à soi.